Désolation

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Pendant que mon regard se porte sur le lointain,

J'essaye d'en graver en ma mémoire l'esquisse,

Pour quand il sera tard, quand sera là le Malin,

Alors je fermerai les yeux devant sa malice.


Après la tempête Apollon s'exprime au delà des mortels,

Les rayons défilent sur la Terre et s'en vont triomphant par delà l'horizon.

Puissent-ils aller chercher dans les bas-fonds Hadès à son autel,

Et que la lumière brûle son enfer afin que du mien j'obtienne les raisons.


Quand on observe bien on distingue les vers se complaire

A festoyer autour des cadavres et des déchets,

Se tortillant tout langoureusement jusqu'au bréchet

De l'oisillon, dont l'état ne plairait guère au bestiaire.


Oui car les divinités s'en sont allés en guerre et le matin,

Nous ne sommes plus bénis par la chaleur du soleil.

Des ruches ne coulent plus le miel sacré des abeilles,

Et d'oisiveté sont pris les moineaux, dans leurs draps de satin.


Les poules, bien aises, sont débarrassées de leur geôlier mais ne pondent plus,

L'astre du jour ne s'est plus montré, et Poséidon laissa à nu les talus.

Les sols sont noircis, comme si perpétuellement nous marchions dans l'effroi,

Et nos tôles sont roussies, désarmant le soldat en haut du beffroi.


Lui-même qui des siècles durant

Au prix de la vie de ses frères,

Fit non sans peine couler le sang

Faisant larmoyer leurs tendres mères.


Puis maintenant que les cœurs sont meurtris et les terres désolées,

C'est bien à raison que les dieux nous jettent l'opprobre.

Funeste folie qui prît les Hommes en Octobre !

Pourquoi n'écoutions-nous jamais les chœurs de nos pères avisés ?


C'est ainsi que la nature merveilleuse s'est éteinte,

Que je ne peux seulement imaginer ce qui nous attend derrière la brume.

L'idée d'un futur plus chaleureux resserre son étreinte,

Alors je patiente, écris sur les lierres d'antan et les branches pleines d'agrumes.


S-C

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