Le Temps

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Voyez comme le temps passe si vite !

Aux abois était le jeune chiot, qui sous le poids de ses vieux os soufre sur le carrelage des vieux âges.

Le bois est rongé par les mites , et les Hommes, eux, aux esprits pourtant pas mieux affinés qu'au temps de nos grands aînés, ne se fascinent plus d'aucun mythe.

Les cieux mettent en lumière les peaux flétris par les ardeurs du soleil, de ceux jadis si beaux et si fiers chaque jour, qui, comme la pâte pétrie si délicate, lisse et parfaite, s'écorne, se durcit et s'émiette après être passée par le brasier des fourneaux.

Il n'y a que l'or et les pierres polies, qui comme le seul de nos astres n'errant pas, ne perdirent jamais de leur éclat, rayonnant toujours dans les yeux et emportant depuis avec la même ferveur les peuples primitifs, les civilisations antiques et nos sociétés aux confins de leur propre coeur.

Et n'omettons pas l'existence des Arts et des religions, voguant sereinement sur les ondes agitées des époques tumultueuses, sans destination, ayant pour seul but de magnifier l'humanité, d'émerveiller l'esprit des mortels et de leur faire gravir des sommets inatteignables, inenvisageables sans la fougue, la foi, et les rêves insufflées par les désirs de grandeur d'hommes désormais croyants et cultivés.

Mais le temps aux crocs d'ivoire, lui, déchirant tout sur son passage, ôtant la beauté aux corps et éteignant la lueur vivace dans le regard de nos parents, n'empêchera jamais les Hommes de croire.

Ainsi, avant de franchir le portail aux barreaux d'or reluisant, aux massifs montants d'argent, surplombés de sculptures d'ivoire contemplant le monde sans vent, Dieu donne aux Hommes pieux qui ne cessèrent jamais de prier un bol aux parois d'argent, aux lèvres bleues de pourpre, afin de se purifier une dernière fois les mains si souvent jointes à la gloire de ces lieux et de son maître.

Dieu alors, à nouveau, accorde le droit aux fidèles d'après la mort exister encore.

Et peut-être le temps, cupide et impitoyable, viendra t-il lacérer le papyrus sur lequel les Latins du Latium fabulaient en vers et proses merveilleuses ?

Ou encore voudra-t-il émietter le noble marbre dans lequel ont été sculptés par les grecs Laocoon, protégeant ses fils des monstres marins, et Aphrodite, la déesse de l'amour à l'éclat de l'écume.

Mais les artistes, eux, n'oublieront pas et ne cesseront jamais de réinventer ou de composer leurs propres chefs d'œuvres au profit de la grandiosité de l'Humanité.

Ainsi la culture traverse les âges, défie, et résiste constamment au passage du temps, assurant la pérennité des peuplades et plus grands empire sur le fil de l'Histoire.

Ne vous laissez jamais ensevelir par les cendres du Mont chronophages.

Aimez, adorez, chérissez et priez.

Puis,

Rêvez, fabulez, ébauchez, et créez.


S-C 

La Salvatoride - Histoires & ÉlégiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant