Chapitre 8

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Le lendemain, c'est seule que la jeune femme s'éveilla encore groggy. Aujourd'hui encore elle avait du pain sur la planche et ne pouvait pas se permettre de trainasser. En se levant, elle lança un coup d'œil à la marque de sa malédiction, comme pour s'assurer qu'elle n'avait pas bougé. En réalité, elle n'était pas réellement effrayée par cette idée, vérifier son état était simplement devenu une habitude.

Une fois dans son bureau, Lyney vint la trouver pour lui parler des prochaines missions du foyer. La mine fatiguée de Père l'inquiéta un peu mais il savait que cela arrivait de temps en temps. Après tout, c'était peut-être difficile à admettre mais Père était humaine elle-aussi et que cela lui plaise ou non elle avait ses faiblesses.

A sa sortie de l'entretient, il alla trouver sa sœur. Ils n'avaient rien à préparer aujourd'hui pour leurs prochains tours. Si lui en profitait pour voir quelques amis, il se doutait qu'elle préfèrerait rester et s'occuper de leurs frères et sœurs, surtout s'il lui parlait du manque de sommeil de Père. Quelques fois il enviait le lien existant entre les deux femmes mais il se rappelait que, comme dans toute famille, des liens différents pouvaient avoir la même force et que leurs relations étaient simplement différentes.

Le magicien la trouva bien vite en train d'observer les oiseaux, posés sur un balcon voisin depuis le rebord d'une fenêtre.

« -J'ai fait mon rapport à Père. Elle a l'air fatiguée ce matin.

-Dans ce cas, je lui apporterai un thé dans la matinée. Tu seras de sortie cet après-midi, non ?

-Oui. Tu veux que je te ramène quelque chose ?

Elle nia d'un léger mouvement de tête avant que ses oreilles ne se dressent d'un coup. Lyney connaissait bien ce mouvement. Elle venait de se rappeler de quelque chose.

-Tu pourrais passer à la criée ?

-Bien sûr. J'en ramène pour nous trois ?

-Merci. Tu leur passeras le bonjour de ma part.

-C'est noté ! »

Sur ces mots, Lyney revint à ses propres activités de la journée et Lynette se plongea de nouveau dans la contemplation des oiseaux, la norme en somme.

Aux alentours de dix heures trente, Lynette demandait la permission d'entrer dans le bureau de la cheffe de famille. Elle tira sur son passage un chariot à thé sur lequel la théière fumait encore bon train.

« -Je vous apporte une tasse de thé.

Arlecchino, loin d'être dupe, se douta que Lyney avait évoqué son teint devant sa sœur. Si elle appréciait peu ce genre de remarque de leur part, elle ne pouvait se retenir d'accepter les marques d'affections qui en découlaient. Après tout, c'était aussi le propre des enfants de s'inquiéter pour leurs parents.

-Ce n'était pas la peine mais j'apprécie le geste. »

Lynette servi le thé en hauteur pour que son parfum se répande dans la pièce, elle avait appris cette technique venue de loin dans une boutique spécialisée et s'en servait de temps en temps. Elle déposa la tasse sur le bureau de père et fit demi-tour en direction de la sortie. Elle récupèrerait le chariot plus tard.

Arlecchino décida qu'elle pouvait bien prendre un instant pour boire sa tasse, après tout, il s'agissait du symbole de l'affection que lui portaient les jumeaux, ne pas la boire revenait, selon elle, à négliger leurs sentiments. Après la première gorgée, elle laissa échapper un léger soupir.

« -Ce qu'ils grandissent vite... »

A l'hôtel Bouffes d'été, la journée se déroula dans un calme relatif. Peut-être cela avait un lien avec les orages d'été qui s'annonçaient dans la soirée, la saison commençait à peine mais l'atmosphère était plus lourde qu'à l'ordinaire.

Arlecchino x Furina (et Lyney x Lumine)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant