CHAPITRE 2

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À présent, la nuit recouvrait la ville et ses rues silencieuses. L'heure de fermeture était arrivée et, tandis que mes deux collègues étaient rentrés chez eux, j'avais été contrainte de rester faire le ménage.

Bon. Je dois y aller, je vous laisse vous occuper de tout ça. Et surtout, ne soyez pas en retard demain. marmonna mon patron tout en se dirigeant vers la sortie.

Facile à dire. Ces heures supplémentaires qu'il m'avait infligée allaient empiéter sur mes heures de sommeil ! J'attendis qu'il s'en aille définitivement avant de lâcher mon balai et de pénétrer dans son bureau à la recherche du téléphone fixe. Je devais absolument prévenir mon frère du fait que j'allais rentrer plus tard que prévu.

Allô, Jeff ?

→ Sunny ? D'où est-ce que tu m'appelles ?

Sunny, c'est le surnom que me donne mon frère, Soleil n'étant ni un prénom très commun, ni un prénom passe-partout. Je lui expliquai le fait que je devais rester faire le ménage mais qu'il ne devait pas s'inquiéter.

→ Tu seras mieux payée au moins ? demanda-t-il.

→ ...Oui, oui! mentis-je.

→ OK. Je viens te chercher alors. C'est dangereux le soir.

→ Non, pas la peine, j'ai bientôt...

Un bruit sourd interrompit la conversation. Il provenait de l'intérieur du restaurant alors que j'étais censée être seule. Mon cœur s'accéléra et je raccrochai en vitesse. Je n'avais pas le droit d'être dans ce bureau et encore moins d'utiliser le téléphone qui était loin d'être gratuit. Je me précipitai devant la fenêtre et constatai que la voiture du patron avait bel et bien disparue. Alors qui était-ce? Un cambrioleur?

→ Qui... qui est là ? demandai-je effrayée avant de prendre mon courage à deux mains et de sortir du bureau.

Devant le comptoir, se trouvait une ombre. En m'approchant, je pus constater qu'il s'agissait du même homme que ce matin. Plusieurs pensées s'enchaînèrent dans mon esprit. Était-il un pervers qui avait attendu que je me retrouve seule pour se montrer à nouveau? Voyant mon regard apeuré, il s'approcha.

→ N'aies pas peur. Tu m'as déjà vu à la télévision non ?

La télévision ? Cet écran que seuls les riches pouvaient se permettre d'acheter ?

→ Non. répondis-je presque instantanément.

→ Je suis Jermaine Jackson. Tu sais bien...! Le chanteur des Jackson Five.

→ ...

Malgré la pénombre, je me mis à le dévisager et reconnus effectivement l'ex leader du groupe. Que pouvais-je être idiote de ne pas l'avoir reconnu! Surtout que depuis qu'il était accusé d'avoir abandonné ses frères, sa nouvelle carrière était très médiatisée ces temps-ci ! Voyant l'expression de mon visage, il comprit que je le reconnaissais.

→ Je ne voyais plus de clients mais je pensais que le restaurant était encore ouvert. s'excusa-t-il en pointant l'entrée du doigt.

→ Ah... en effet..! J'ai oublié de retourner la pancarte. Alors euh...Installez-vous... balbutiai-je.

Ma peur semblait avoir fait place à mon éternelle timidité. Tête baissée, j'avançai vers l'entrée, retournai la pancarte [Open] et refermai la porte derrière moi. Puis, je rallumai les lumières avant de rejoindre la table où Jermaine s'était installé.

→ Mais...vous avez quitté les Jackson Five, non? demandai-je histoire de lancer la conversation.

→ Exact. Il ne pouvait pas y avoir deux leaders dans un groupe.

→ Deux leaders ?

→ Oui. Michael et moi. Nous chantions tous les deux. J'ai préféré me lancer dans une carrière solo.

Je décelai un peu d'amertume dans son regard. Malgré le succès fulgurant dont il jouissait ces derniers mois, avoir quitté le groupe ne semblait pas le réjouir tant que ça. Comme s'il avait été contraint de le faire. ...Je me rendis compte que j'avais passé plusieurs secondes à le dévisager sans lui répondre, perdue dans mes pensées. Celui-ci me regardait également et semblait examiner chaque recoin de mon visage. Lorsqu'il remonta vers mes yeux verts et que nos deux regards finirent par se croiser, je sentis mes joues s'empourprer.

→ Que..que vouliez-vous me dire ce matin ? dis-je pour briser le malaise qui s'était installé.

Il afficha un sourire en coin avant de m'expliquer que dans la matinée, il m'avait vue rendre la monnaie au vieil homme sur le trottoir. Alors qu'il conduisait, il s'était arrêté et était entré dans le restaurant pour me faire une proposition.

→ Quelle proposition ? demandai-je, surprise.

→ Eh bien... J'aimerais te voir jouer dans l'un de mes clips. Ton visage est fascinant. Je suis sûre que tu laisseras une forte impression.

→ Pardon?! l'interrompis-je. Je ne peux pas. Je n'ai jamais fait ce genre de choses et je n'ai que dix-sept ans.

→ Je ne te demande pas de me répondre tout de suite. C'est une grande opportunité.

Une grande opportunité... Peut-être bien. Mais j'étais bien trop réservée pour entrer dans ce monde de paillettes et de faux semblants. Malgré tout, n'était-ce pas synonyme de reconnaissance et de richesse ?

→ Tu seras mieux payée qu'un an de salaire dans ce restaurant en tout cas. reprit-il comme s'il avait deviné le fond de mes pensées.

→ ...Merci pour la proposition mais... non merci. Ce travail ici me convient déjà.

Comprenant que je ne changerai pas d'avis, Jermaine fouilla dans la poche de son blouson et en sortit un bout de papier sur lequel était marqué son numéro.

→ Je ne vais pas insister. Appelle-moi si tu changes d'avis. dit-il en glissant le numéro entre mes mains que je retirai aussitôt.

Mon cœur s'était déjà accéléré, mais il le fit d'autant plus lorsqu'un bruit assourdissant se fit entendre et que la porte d'entrée s'ouvrit à la volée. Mon frère venait d'entrer dans le restaurant, visiblement furieux de me trouver en tête à tête avec cet inconnu...


My Lovely Star!Où les histoires vivent. Découvrez maintenant