ÉLOÏSESamedi 30 octobre
La semaine touchant à sa fin, nous avons tous été conviés au pot de départ de notre Fred.
Responsables, commerçants, agents d'entretien sont présents afin de dire au revoir à notre cher agent de sécurité. Même le Big Boss a fait un petit saut un peu plus tôt dans la soirée afin de le remercier pour ses années de loyaux services.
Emma ne s'était pas trompée, ce fut rapide.
Malgré tout, un autre chemin plus paisible l'attend.
En effet, il sera chargé dès la semaine prochaine de la sécurité d'un EHPAD. Il pourra donc terminer ses quelques trimestres restants en étant plus serein, moins fatigué. Il faut dire que s'assurer de la sécurité d'un endroit comme celui-ci n'est pas de tout repos. Entre les vols, les bagarres, les personnes en état d'ébriété, les dégradations et j'en passe, il y a de quoi faire. Apparemment, il est même prévu un roulement entre deux agents. De quoi renforcer l'ordre au maximum.
Il me tarde de découvrir ces nouvelles recrues.
Emma, en bonne reine de soirée qui se respecte, déambule de groupe en groupe. C'est une véritable pipelette, si bien que j'ai du mal à suivre le rythme. Ne la trouvant pas après quelques coups d'œil, je décide de me mettre un peu en retrait.
Je repère un petit coin tranquille à quelques mètres du buffet. En me faufilant au travers de la foule, je devrais vite l'atteindre.
La fête « surprise » bat son plein, un traiteur a même été engagé pour restaurer tout ce beau monde. J'aperçois un serveur distribuer des verrines dans la salle. Les gens se jettent dessus comme des vautours. Si bien qu'une minute plus tard, il repart en sens inverse pour rechercher une nouvelle fournée de ces petites merveilles.
Quand soudain, un jeune homme titubant s'approche de moi, son haleine empeste l'alcool à des kilomètres.
Il baille à s'en décrocher la mâchoire et m'accoste d'une manière abrupte.
Charmant.
— Ça va ma jolie ? Tu veux boire quelque chose ? Me demande-t-il en détaillant mon corps avec avidité.
Je mets de suite une certaine distance entre nous.
Ce mec n'est clairement pas en état, il peine à se tenir seul, une chance qu'un mur soit à sa disposition.
Je lui réponds avec fermeté, il doit partir. Et vite.
— Écoutez, vous devriez rentrer chez vous. En transport en commun de préférence, vu l'état dans lequel vous êtes, lui précisé-je en reprenant le cours de mes activités. C'est-à-dire surfer sur Instagram.
Tout à coup, ses yeux injectés de sang me dévisagent.
Je crois que lui faire la morale n'était pas la meilleure chose à faire...
Tant pis. Ce qui est fait est fait.
Il empiète de plus en plus sur la distance que j'ai instauré, si bien que je dois reculer de plusieurs pas.
Je fourre vite mon téléphone dans mon sac à main en cherchant une stratégie de repli.
Il se met à déblatérer des mots de façon inintelligible. Je ne comprends strictement rien à ce qu'il raconte. La colère mélangée à l'alcool déforme ses mots. Quelques têtes se tournent au passage, alertées par son comportement.
Super...
S'il y a bien une chose que je déteste par-dessus tout, c'est d'être au centre de l'attention. Mais, aujourd'hui cela pourrait s'avérer bénéfique.
Mes espoirs sont vite balayés. Les gens reprennent le cours de leurs discussions comme si de rien n'était.
Personne ne me viendra en aide.
Pour le coup, je ne peux compter que sur moi-même. Quel monde d'hypocrites...
Il ne me lâche pas d'une semelle. Plus je recule et plus il gagne du terrain.
Son regard est toujours braqué sur moi. J'ai l'impression d'être un lapin pris dans les phares d'une voiture. Son ton se fait de plus en plus menaçant.
— Reste là toi ! M'ordonne-t-il en claquant des doigts à mon intention.
Il me prend pour son chien ou quoi ?
Je tente de m'extirper du coin dans lequel je me retrouve piégée. Mais il avance encore et encore.
Un frisson de dégoût me traverse, il n'est plus qu'à quelques pas.
J'en viens presque à crier.
— Reculez, je vous dis ! Vous êtes malade ma parole !
Il rit, d'un rire à glacer le sang.
D'un coup, il m'attrape par le poignet, qu'il serre fort, très fort. La sensation de brûlure m'arrache une petite plainte.
Je tente de reprendre ce qui m'appartient, en vain. Il a beau avoir pas mal abusé de la boisson cela ne le rend pas moins puissant.
Sa prise se raffermit davantage. J'ai beau tirer de toutes mes forces, sa main poisseuse reste agrippée à la mienne.
Je commence à paniquer, personne ne prête attention à moi et je n'ai aucune idée de comment me débarrasser de ce malade.
Et puis soudain, plus rien.
Mon poignet retombe comme celui d'un pantin.
J'inspire.
Je ne m'étais même pas rendu compte que depuis tout ce temps, je retenais mon souffle.
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Nos cœurs fusillés ( SOUS CONTRAT D'ÉDITION CHEZ ELIXYRIA)
RomanceTorturé et de nature solitaire, Nathanaël vit constamment avec le poids des remords du passé. Pourtant, lorsqu'une opportunité dresse sur son chemin la magnétique Éloïse, tout se complique. Son monde entier bascule. Sa simple présence remet en quest...