Nos cœurs fusillés ( SOUS CONTRAT D'ÉDITION CHEZ ELIXYRIA)

Chapitre 16

ÉLOÏSE

Le bar est plein à craquer. Il fait une chaleur écrasante ici. Une odeur de tabac froid mélangée à la sueur et la testostérone stagne dans la salle. J'ai déjà envie de me tirer.

Mais c'est pour lui que je suis venue. Enfin... parce que j'ai une revanche à prendre et puis je ne veux pas passer pour une petite fille prude et ennuyeuse. Je cherche Emma et Alex qui sont a priori déjà là. Ces deux-là ne se lâchent plus d'une semelle. En ce moment, nous passons la quasi-totalité de notre temps à trois. L'autre ne compte pas. Il ne le mérite pas.

Au loin, j'aperçois la chevelure rousse de mon amie. Je tente de me frayer un chemin entre tous ces corps qui remuent sur le dancefloor. Une fille me touche les fesses au passage, elle est complètement bourrée. Je m'apprête à lui hurler dessus, mais elle attrape un mec qui passe à côté d'elle et lui roule un patin.

Je suis prête à parier n'importe quoi qu'ils ne se connaissent même pas. Le mec en profite pour lui plotter les fesses et coller ses hanches aux siennes.

Quelle horreur ! Qu'est-ce qui m'a pris de venir ici ?

Lui.

Il a tout intérêt à se pointer sinon je vais le tuer.

Après avoir joué des coudes avec des dizaines d'inconnus, j'arrive en un seul morceau près de mon amie.

— Tu es sublime ! J'adore ta robe ! Me crie Emma par-dessus la musique. Tu verras, il n'aura d'yeux que pour toi ce soir !

Je rougis. Cette robe moulante noire est magnifique, mais je ne suis pas très à l'aise. Ma poitrine est comprimée et mise en avant. Je n'ai pas l'habitude de porter ce genre de tenue.

— Elle a raison, ajoute Alex en me claquant une bise sur la joue.

J'observe autour de nous, mais aucun signe de Nathanaël. Même pas fichu d'être à l'heure.

— Viens danser ! M'entraîne Emma euphorique en me tirant par la main.

— Euh... je préfère attendre un peu, cette musique est... bégayé-je.

— Je n'accepte aucun refus ! Allez viens, on va s'amuser.

Elle m'emmène sur le devant de la piste, là où la fête bat son plein. Le DJ est en transe, il mixe le casque vissé sur les oreilles tout en sautant énergiquement dans un nuage de fumée artificielle. La foule est en transe. Tout le monde dansent sans se soucier du regard des autres. Je ne me sens vraiment pas à ma place au milieu de toute cette vague d'énergie. Emma remarque mon trouble et me rassure :

— Loulou regarde moi ! On emmerde ces gens, on ne les connaît pas, me hurle-t-elle à l'oreille. Demain, ils ne se souviendront plus de rien. Moi non plus d'ailleurs !

Elle m'attrape les mains et me force à me balancer au rythme de la musique.

Au départ, j'ai l'impression de ressembler à un pantin désarticulé à qui on tire les ficelles, mais après quelques minutes, je sens mon corps se détendre. Il relâche enfin la pression.

J'arrive même à m'amuser. N'est-ce pas merveilleux ?

Nous enchaînons plusieurs morceaux en jouant des hanches.

Puis soudain, Emma rapproche une fois de plus son visage de mon oreille :

— Ne te retourne surtout pas, il ne fait que te regarder depuis qu'il est arrivé ! C'est le moment de tout envoyer ma belle ! M'informe-t-elle en me décrochant un clin d'œil malicieux.

Mon corps réagit instantanément à cette déclaration. Une flamme incandescente m'embrasse.

Je ne sais pas pourquoi Emma n'en démord pas. Elle ne croit pas à cette histoire de rivalité entre nous. Elle a tort. Il me déteste et je le déteste. Il n'y a rien d'autre à dire.