Nos cœurs fusillés ( SOUS CONTRAT D'ÉDITION CHEZ ELIXYRIA)

Chapitre 11

ÉLOÏSE

J'ai les nerfs aussi tendu qu'un arc.

Mon corps est en proie à une inflammation intérieure.

Je n'ai rien compris. Pourquoi ce soudain retournement de situation ? Je ne sais pas.

C'est quoi cette histoire de voiture ? Je n'en ai aucune idée. Pourquoi me qualifie-t-il de chaton sans défense ? Parce que tu es faible à ses yeux.

Tout ça, c'est terminé. Je ne sais pas comment ni pourquoi, mais j'ai une niaque inébranlable.

Terminé la gentille Éloïse. Terminé le chaton. Faites place au lynx.

Hum... commencer par le fennec serait peut-être plus judicieux. C'est mignon après tout un fennec.

Je retire ma parka si brutalement qu'un petit bruit de déchirure se fait entendre. Je n'en ai que faire, je verrai ça plus tard. Pour le moment, il faut que j'évacue la tension qui s'accumule en moi. Je range le tout en boule bien tassée dans mon casier avant de claquer la porte avec férocité. Celle-ci me revient en pleine face.

— FAIS CHIER ! Râlé-je à voix haute en portant la main à mon nez endolori.

Elle récolte donc le droit d'être à nouveau bousculée. Cette fois, elle reste bien en place. Je quitte les vestiaires après lui avoir lancé mon plus beau majeur.

L'une de mes collègues débarque par hasard à ce moment précis. Elle me juge de haut en bas, comme à son habitude. Mais aujourd'hui ma vilaine bouche ne veut pas en rester là :

— Tu veux la référence de mes chaussures ? L'interrogé-je de manière désinvolte. Tu sais, tu devrais cesser de faire ce petit mouvement de tête de haut en bas, tu risques de te réveiller demain avec un vilain torticolis.

Sa bouche forme un "O" presque parfait. La surprise de ma réponse est figée sur son petit minois. Marre qu'elle me reluque de cette manière tous les jours.

Aujourd'hui est le premier jour d'une nouvelle aire.

Et bordel qu'est-ce que c'est jouissif !

Je réajuste le badge nominatif accroché à ma veste et tente de marcher avec assurance. À en croire les mines étonnées de certains, je ne me débrouille pas trop mal. Si Emma voyait ça, elle serait fière de moi. Elle qui m'a toujours poussée à m'affirmer, elle ne va pas en croire ses yeux.

Je sais que le changement ne se fera pas en un claquement de doigts, mais je suis déterminée à faire de mon mieux. Je ne veux plus étouffer la vraie moi. Je veux vivre ma vie de la manière dont je l'ai toujours rêvée. La tête haute et l'esprit sain.

Enfin ça, c'est une autre bataille. Un problème à la fois.

Je parcours les rayons à la recherche de Sam. Je compte bien être la première sur le coup quant à la venue de cette autrice en vogue. Cette fois, je ne laisserai pas cette opportunité me filer entre les mains.

La dernière fois que l'occasion s'est présentée, je me suis dégonflée et j'ai laissé la place à Stanislas, notre étudiant en alternance. C'est un garçon adorable, mais j'estime que j'ai les compétences plus que nécessaires pour réaliser cette mission à la perfection.

Ne le trouvant nulle part, je me dirige le pas léger vers son bureau. La porte étant fermée, je toque et patiente un instant. Sa voix m'accorde le droit d'entrer. Je franchis le seuil et laisse entrouvert derrière moi. Il relève le nez des papiers qu'il est en train de traiter et pose ses lunettes sur son bureau en acajou. Je rentre directement dans le vif du sujet. Inutile de tourner autour du pot.