Nos cœurs fusillés ( SOUS CONTRAT D'ÉDITION CHEZ ELIXYRIA)

Chapitre 15

NATHANAËL

14 ans plus tôt :

J'ouvre les yeux, le corps encore endolori.

La maison est silencieuse. Trop silencieuse.

Le réveil affiche 11 h 02.

Comment ai-je pu dormir aussi longtemps ?

Je tâtonne de l'autre côté du lit, mais il est vide. Maman est certainement déjà descendue.

Pardon... Pardon... Pardon.

Ça résonne en boucle dans ma tête.

Pourtant, maman sait que je ne lui en veux pas. Pas à elle.

Elle n'y est pour rien. Tout comme moi.

Elle me l'a dit. Elle a aussi dit qu'un jour, on partirait juste tous les deux. Dans une grande maison. Elle a même dit que j'aurai le droit d'avoir un chien. Toby, je n'ai pas encore demandé à maman ce qu'elle en pense, mais je suis sûre qu'elle sera d'accord.

J'enfile mes pantoufles et ouvre la porte.

— Maman, l'appelé-je du haut de l'escalier.

Toujours ce silence.

Une boule s'installe dans mon ventre.

Et s'il était rentré ?

Pas possible, je l'aurais entendu. Il ne se tait jamais.

Je descends les marches au garde-à-vous, à l'affût du moindre bruit.

Elle n'est pas dans la cuisine.

Peut-être qu'elle est partie faire quelques courses... Elle me l'aurait dit non ?

Peut-être qu'elle ne voulait pas me réveiller ?

Pas grave, je suis grand, je vais déjeuner et me préparer.

J'attrape un bol dans le placard et le remplit de céréales avant d'y ajouter le lait.

Ça croustille sous mes dents.

Une fois terminé, je débarrasse et remonte à l'étage chercher de quoi m'habiller avant d'aller me laver.

Toujours ce silence...

Je saisis le premier tee-shirt de la pile et m'empare d'un jean. Une paire de chaussettes et c'est bon.

Je fais demi-tour et actionne la poignée de la salle de bain.

Du sang... plein de sang...

— MAMAN ! Hurlé-je de toutes mes forces.

Puis c'est le trou noir.