Chapitre 9

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ÉLOÏSE

— T'es prête ? On peut y aller ? M'interroge Emma depuis l'entrée de son appartement.

Elle tente avec peine de remonter la fermeture éclair de ses bottes à talons.

Ses cheveux ramenés en chignon et son tailleur de couleur crème lui donne aujourd'hui un petit côté femme d'affaires. Tous les styles lui vont. Je suis sûre que même dans un sac poubelle cette chanceuse aurait la classe.

Moi, je me suis permise de lui piquer un pull marinière noir et blanc, accompagné d'un petit short en simili-cuir. Cette tenue va à ravir avec mes Doc-martens à plateformes. Ce sont mes chaussures préférées, elles m'accompagnent partout. Par chance, j'ai pu les récupérer dans mon coffre avant de me rendre chez Emma pour le week-end.

J'enfile ma petite parka blanche et me jette un dernier coup d'œil dans le miroir du couloir en attendant mon amie.

Ça ira comme ça.

Je dirais même que c'est plutôt pas mal...

— Je passe juste au petit coin et on peut y aller !

— Hum... hum, lui affirmé-je en sachant pertinemment que d'ici là, elle trouvera autre chose à faire avant.

Comme se mettre du parfum ou changer de chaussures. Ce ne serait que la quatrième fois après tout.

Depuis ce matin, j'ai la boule au ventre. J'ai à peine touché à mon petit-déjeuner. Des donuts fourrés et recouverts de chocolat, vous vous rendez compte ? Quel sacrilège !

Ceci-dit, j'ai pris la boîte dans mon sac, juste au cas où...

Je suis stressée. Et la petite peau ensanglantée autour de mes ongles en est témoin. C'est dingue comme cette petite chose peut faire un mal de chien. Je laisse mon regard dévier une fois de plus vers mon reflet. Zen. Tout va bien se passer.

— T'en tires une tronche ! Pense à sourire devant ton bel étalon !

— Quoi ?!

Comment a-t-elle deviné que je pense à lui ? Je ne suis pas non plus obnubilée par ce type... Enfin peut-être un peu. Un tout petit peu.

C'est sûrement le syndrome du chevalier servant.

Vous, femme, êtes dans une situation intempestive. Quand, tout à coup, il arrive. Cet homme charmant, qui n'a à priori aucun défaut, vous sort vaillamment des griffes de l'ennemi. Et ils eurent beaucoup d'enfants... Bla-bla-bla.

J'aurais vraiment mieux fait d'arrêter de regarder en boucle ces histoires à l'eau de rose qui ne sont que le fruit de notre imagination...

C'est vrai quoi ! Avez-vous déjà rencontré un homme qui escaladerait un immeuble pour vous délivrer ? Un homme capable de frapper à toutes les portes, chaussure à la main pour retrouver celle qu'il aime ?

Prévenez-moi si c'est le cas, on ne sait jamais.

Il ne peut pas déroger à la règle. Certes, la nature l'a doté d'attraits plus qu'agréables. À ça, elle a ajouté de la bienveillance, de la gentillesse, de la patience, et d'autres choses toutes aussi merveilleuses les unes que les autres.

Mais.

Parce qu'il y a toujours un mais. Il doit y avoir anguille sous roche. Je ne sais pas... Peut-être qu'il possède quatre genoux, qu'il suce encore son pouce. Peut-être même qu'il ronge ses ongles de pieds !

Beurk.

Maintenant, j'ai l'image en tête. Super.

— On ne sait même pas s'il travaille vraiment là-bas, soupiré-je tristement. Avant ce soir-là, même toi, tu ne l'avais jamais vu.

Nos cœurs fusillés ( SOUS CONTRAT D'ÉDITION CHEZ ELIXYRIA) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant