Blood Sweat and Tears (Roman version)

Chapitre 01

Le soleil se couchait sur les toits d'Incheon, le ciel était couvert et il neigeait à gros flocons, malgré tout, on pouvait apercevoir les lueurs orange et rose du crépuscule derrière les nuages. L'heure de pointe allait bientôt arriver mais pour l'instant, le trafic restait fluide. Tout se faisait calme, ou presque, jusqu'à ce qu'une voiture, lancée à pleine vitesse et tous feux éteints, manque de heurter un arbre des alentours de la ville. En l'évitant, elle ne put anticiper le muret quelques mètres plus loin, elle se le prit de plein fouet ce qui rendit l'habitacle de fer méconnaissable.

***

Je sors du véhicule, alors que les sirènes et les éclairages, provenant des lampes torches et des toits des quelques voitures sur le côté de la route, m'assomment. Je n'ai même pas eu le temps de mettre mon uniforme, je me trouve donc en chemise rouge avec une cravate de Noël verte avec des sucres d'orges rouges et blancs que ma femme m'a obligé à porter. On m'a fait quitter un anniversaire important pour un accident qui a déjà quatre officiers sur le coup.

En me rapprochant, je peux voir la voiture accidentée, une Hyundai crème dont le pare choc avant est écrasé, ouvert et fumant. Alors que j'avance afin de tenter d'identifier les personnes qui sont bloquées dedans, il m'est impossible au premier abord de les reconnaître ou de les apercevoir. Nous devons attendre les ambulances pour faire sortir les passagers au vu de l'état de la voiture.

Après quelques instants, les signaux lumineux et sonores des camionnettes d'urgence nous alertent de leurs arrivées. Les ambulanciers se précipitent tous vers la voiture en nous passant devant, nous ignorant complètement, moi ainsi que les autres officiers. Ils ouvrent les portières le plus délicatement possible sans qu'aucun geste ne puisse blesser davantage les passagers, voire les tuer dans une mauvaise manipulation.

On observe la scène sans bouger, comme spectateur. Cependant, quand je peux enfin reconnaître les victimes de l'accident, mon visage se décompose. Ils sortent les civières par deux, nous passent devant, posent délicatement les blessés sur le matériel médical et embarquent les quatre victimes dans les véhicules de fonction.

Je suis horrifié. Des frissons d'horreur me parcourent le corps et j'en deviens malade, je crois même un instant que je vais vomir, je n'arrive plus à retirer cette horrible image de ma tête.

Je tente de me rapprocher de mon supérieur mais chacun de mes pas me donne l'impression d'avancer à reculons. Quand je parviens à sa hauteur, il tient une conversation avec un ambulancier. C'est ainsi, tout près des camionnettes, que j'entends les deux hommes parler de l'état très critique dans lequel les victimes sont. Il est presque impossible qu'ils arrivent tous les quatre en vie sur les lieux hospitaliers. Tandis que les autres officiers – mes collègues – se précipitent sur l'habitacle afin de débuter leur travail, moi, j'étais là, abasourdi.

Mes amis.

Mon lieutenant s'approche de moi puis il pose une main amicale sur mon épaule. Je vois une lueur de compassion dans ses yeux.

— Rentrez chez vous monsieur Kim, je vous en donne le droit et sachez que je suis désolé pour vos amis.

Il veut que je parte ? Mais je ne peux pas. Il s'agit de mes amis. Peut-être voudraient-ils tous que je ne me fasse pas de soucis, ou que je m'en mêle au contraire ? Après mûres réflexions, je prends ma décision.

— J-je- oui. prononcé-je, la voix étranglée dans le fond de ma gorge entre deux sanglots ravalés.

Mais tourner le dos à cette affaire serait les abandonner. Je me fais cette réflexion un court instant puis fait dos à l'accident. Je m'arrête dans ma lancée, quand une petite forme brillante attire mon attention. En me rapprochant je constate qu'il s'agit d'un briquet métallique plaqué or sur la matière froide et blanche, fraîchement tombée au sol. Elle reflète à cause des poteaux lumineux de la ville.