Chapitre 04

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— Bon hé. Ce n'est pas moi qui passe le bac cette année. Concentrez-vous un peu s'il-vous-plaît.

C'est d'un ennui mortel. Je suis avachi sur ma table, au bout de ma vie. La tête tournée vers la fenêtre qui donnait vue sur une étendue d'arbres; la forêt. Encore deux minutes et je m'endors comme ça. J'aime bien être au fond de la classe dans cette position. Mes pensées défilent, je suis interrompu par personne à part peut-être Taesu à ma droite, qui, sans arrêt, me tapote l'épaule de sa main pour me garder éveillé.

Je tourne la tête vers lui, on se regarde dans un long silence. Il sait aussi que le contact physique, de cette manière, m'apaise. La classe est bruyante, vraiment trop. Les filles devant moi se chamaillent. Ça ne me dérange pas plus que ça à vrai dire. Ça fait plutôt diversion, et ça me fait passer pour invisible, tout au fond, pratiquement collé aux casiers, je suis bien.

De l'autre côté, celui du couloir, ça se lance des trousses, des boulettes de papier et des gommes. A voir la tête du prof, il n'en peut plus lui aussi et a hâte que ça sonne dix-huit heures. La Corée, ça a bien changé...

Vendredi soir, dix-sept heures cinquante-deux. Les minutes les plus longues de toute ma vie, pitié. En fait, le prof a abandonné. De nouveau, on me sort de mes pensées. Je ne sens plus le contact physique de Taesu. Il a déplacé sa main dans mon dos ?

On se regarde, toujours sans rien dire. Puis au moment où je le vois enfin ouvrir la bouche, prêt à parler, on se fait interrompre.

— Jaehui ?

Taesu retire sa main presque avec violence tant c'était rapide. Je détourne le regard, saoulé, et au même moment, je vois Ujin, à côté de Taesu, séparé de nous par le couloir qui longe les tables, observer la scène.

— Mmh ?

— J-je.. Prends cette lettre s'il te plait.

— C'est quoi ?

— Sérieux ? Tu pourrais faire un effort Jaehui ! crie son amie.

Une lettre ? Oh, elle sent la rose. Je commence à l'ouvrir mais on me stoppe dans mon élan. Une main sur mon poignet, je me tends et fronce les sourcils.

— Arrête ! qu'est-ce que tu fais ? crie-t-elle paniquée.

— Ah d'accord, pardon.

Ujin rigole et Taesu le suit. Je me courbe devant elle, gêné lorsque je comprends la situation. Mince, elle est toute rouge. Je suis vraiment trop con.

— T'es vraiment irrécupérable toi. se moque mon ami.

Je la regarde gêné, je ne l'ai vraiment pas fait exprès..

Enfin, ça sonne. Sauvé par le gong ! Je m'empresse de ranger la lettre dans ma poche de veste. Mes affaires sont déjà rangées depuis bien un quart d'heure. Je pousse ma chaise et attends mon frère et mon ami. Puis j'entends la conversation des filles devant moi.

— Mais puisque je te dis qu'il n'aime pas les filles.

— Ça fait si longtemps que j'attends de pouvoir lui dire et tu sais que je n'y croirais pas tant qu'il ne l'aura pas dit lui-même.

— Mais ça se voit à des kilomètres ! Dis, tu as des yeux quand même ? la raisonne-t-elle.

— Chut, il va t'entendre. chuchote-t-elle, plus que gênée de la situation.

Si son but était d'être discrète, c'est raté. J'ai tout entendu. D'ailleurs ça ne me regarde pas. Cette conversation est privée, je ne devrais même pas écouter, mais ma curiosité me fait défaut, je tends l'oreille alors que je fais semblant de rien.

Blood Sweat and Tears (Roman version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant