Chapitre 15

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Je marche dans les rues pour me calmer. Plus j'avance, plus mon esprit s'embrume de pensées négatives. Le cœur au bord des lèvres, je me mets à sangloter. Puis je fais les cent pas, devant la porte de mon meilleur ami après avoir sonné.

Il ouvre enfin la porte après quelques minutes à me faire attendre, il était déjà chaussé et il avait un long manteau beige une grande écharpe marron, un col roulé noir et un jean noir, serré. Il reste dans l'encadrement de la porte à me scruter, puis après m'avoir détaillé du regard, il rentre de nouveaux chez lui pour en ressortir quelques secondes plus tard un manteau noir et une écharpe grise à lui dans les mains. Je prends les vêtements chauds qu'il me tend et il referme la porte derrière lui. On marche un long moment dans Incheon, sans même s'être adressé le moindre mot.

— Tu as faim ?

— Pas spécialement.. soufflé-je.

— Je ne te laisse pas le choix. Je ne veux pas retrouver le Jaehui de l'année dernière.

Je ne lui réponds que par un simple son de mécontentement. Et quand bien même il m'entend, je le vois s'éloigner de moi pour entrer dans un carrefour du coin. Je l'attends alors devant la supérette, adossé contre le mur, les mains dans les poches de son manteau.

Yejun..

La discussion que j'avais entretenu avec ce bel inconnu avait refait surface dans ma tête plusieurs fois depuis la veille. Il était salement amoché, et paraissait fragile à côté de moi. J'avais le pressentiment que si je le touchais, il allait se casser, comme un sucre. Il peinait à marcher tant ses jambes flanchaient. Il avait beau vouloir le masquer, le pauvre ne tenait même plus sur ses jambes. Et il était effrayé. Comme un chaton abandonné dans la rue.

Son visage, sa voix, ses mains, mon dieu oui, ses mains sont d'une douceur indescriptible. J'ai pu le déceler à travers tout ce sang, toutes ces cicatrices. Il a l'air si doux, que je ne pense même pas arriver à ne pas le toucher la prochaine fois que je le verrai.

Je regarde ma main qui venait de s'élever dans l'air alors que je pensais à la sienne et j'observe ma paume. Quand vient le moment où j'arrive au bord de mes pensées. Je souffle, les yeux fermés, la tête relevée vers le ciel.

— Ben dis-donc, toi ça va pas fort..

J'ouvre lentement les yeux, et baisse la tête en direction de mon ami qui me regarde attentivement, torturé à souhait.

— Ujin, j'ai besoin de toi.

— Tout ce que tu veux, Hyung. se dévoue-t-il.

Le surnom qu'il emploie me fait si chaud au cœur, ça faisait longtemps qu'il ne m'avait pas appelé ainsi.

— Je dois retrouver quelqu'un. Et ça me prendra sûrement plusieurs jours mais je pense pas y arriver tout seul. Ça risque d'être dangereux pour nous étant donné que cette personne est armée jusqu'aux dents et possède probablement autant de gars que mon père dans son organisation.

Il ne dit rien et s'approche de moi avec deux boissons et quelques trucs à grignoter dans les bras.

— D'abord, mangeons et ensuite.. on en parlera calmement. sourit-il sans joie.

Il me tend un thé glacé à la pêche et des onigiris. Je lui souris en retour. Je suis perdu, néanmoins, je sais qui retrouver. Son nom et son visage sont gravés dans ma mémoire. Rien ni personne ne m'arrêtera.

— Merci. dis-je dans un souffle.

Il ne me répond pas mais je le vois me regarder pendant que je tape un petit croc dans mon repas.

— Tu devrais te reposer Jae'.

— Tu vas pas t'y mettre toi aussi. soufflé-je.

— Comment tu veux arriver à te battre si t'es autant fatigué ? T'entrainer et être une montagne de muscle n'est pas suffisant si tu manque de sommeil.

Blood Sweat and Tears (Roman version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant