Ces mots sont ceux d'une épouse à qui l'on n'a rien pris mais qui s'est vue tout perdre lors de la réception d'une lettre. Ce sont les mots d'une femme qui a vu partir son amour pour la patrie mais qui ne l'a jamais vu revenir.
Mon visage se voit humidifié pour la première fois depuis cette lettre et c'est le coeur lourd qu'un jour ensoleillé de printemps, un 1 avril, mes doigts pianotent frénétiquement sur ce clavier.
Mais la feuille est trop blanche pour refléter ma tristesse et cette encre pas assez noire pour exprimer ma douleur, mais je ne peux pas m'arrêter, plus maintenant. Il est trop tard.
Tout avait commencé un jour d'été comme tous les autres, et lui, comme tous les autres avait été appelé à défendre son pays face à l'invasion ennemie. Et comme beaucoup d'autres il n'était jamais rentré.
Cet amour éternel pourtant disparu ne reviendrait plus jamais et pourtant... il était éternel.
Trop d'hommes avaient perdu leur innocence en se défendant, trop de corps étaient tombés et trop de vies avaient été enlevées. Les amours avaient vécus et survécus sans jamais se revoir et le mien avait succombé sans jamais ciller. Il s'était battu contre des adversaires inconnus mais décrétés comme dangereux pour l'humanité mais il avait surtout combattu contre ses semblables et contre lui-même.
Mon amour...
Cet amour infini et perdu. Cet amour qui avait vécu mais pas survécu à cette guerre... Cet amour que je porte encore aujourd'hui. Celui qui me manque et sans lequel ces mots ne prendraient pas tout leur sens en ce jour de printemps 1946.
Cela fait maintenant un an et pourtant la plaie est toujours là. Cette plaie qui ne s'en ira jamais, cette seule preuve qu'il a toujours existé. Ma seule preuve de mon amour à son égard. Celle qui vivra aussi éternellement que son souvenir.
Car oui ces mots sont emplis de ces souvenirs, des miens, et également de ceux qu'il a partagé en tant qu'homme de guerre, en tant que frère d'armes, en tant que major de division et en tant qu'époux. En tant qu'amour solennel. Et... en tant que père...
Car oui nous attendions Bastien le jour où il n'est jamais revenu.
Ce petit bout d'homme qui ne sait rien de son père, rien de cet amour perdu, rien de cette douleur et de cette tristesse. Ce petit bambin qui un jour me demandera qui est son père, où il est, comment il n'est pas revenu. Ce petit garçon à qui je dirais que cet amour éternel est mort, m'a été enlevé injustement mais duquel je suis fière bien que profondément souffrante. Cet homme qui était le mien, cet amour qui chevauche aux côtés de la mort. Avec elle et sans moi.
Alors voilà ce que le petit Bastion retiendra de son père à jamais : un héro de la guerre qui n'est jamais rentré mais qui était aimé et attendu dans cette maison où son fils a vu le jour et dans laquelle il n'a jamais remis les pieds.
Les mots ne sont pas assez forts pour supporter le poids des souvenirs, pas assez vifs pour emporter avec eux toute la douleur de mon pauvre coeur et loin d'être assez loquaces pour exprimer correctement tous ces sentiments. Mais ils sont là, présents et à mes côtés pour soulager cette soif incontrôlable, pour graver à jamais cet amour qui était infini mais qui m'a été enlevé. Cet amour immortel qui a fini par mourir au combat en laissant derrière lui une femme qui l'aime toujours et un garçon plein de questions auxquels les réponses ne seront que des souvenirs.
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Les rêves ne meurent jamais
Poesia*** Les personnages et le monde dans lequel vous vous apprêtez à entrer m'appartiennent. Merci de ne pas faire de plagia. Bonne lecture ! *** "Il fut un temps, j'écrivais parce que je voulais être quelqu'un d'autre, désormais j'écris pour retrouver...