Pas quelqu'un qu'on peut aimer

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C'est à ce moment-là que j'ai compris : elle était encore plus folle que moi.

C'est là que j'ai compris qu'elle était en danger. Pas seulement à cause de tous ces gens qui nous traquaient, mais parce que, peu importe ce que je lui aurait demandé, elle l'aurait fait. 

Elle était en danger parce que peu importe ce que je lui aurais demandé, elle l'aurait fait sans poser de questions. Elle était en danger parce qu'elle avait commis l'incommensurable erreur de tomber amoureuse de quelqu'un dont la folie n'avait aucunes limites. Et comme elle était encore moins saine d'esprit que moi, ses limites étaient encore plus effacées que les miennes.

Elle aurait fait n'importe quoi pour moi, n'importe quoi pourvu que cela puisse la rendre estimable à mes yeux. Ma folie sans limites et son amour irrationnel à mon égard la mettaient en danger chaque minute que nous passions ensemble. Mon incapacité à garder le contrôle sur moi-même et sa passion inconditionnelle la rendaient plus aveugle que je ne l'étais moi-même. Sa folie n'avait pas de limites et passait au delà de l'absurdité humaine. Elle était celle qui me faisait vivre, j'étais celui qui l'aurait condamnée. 

En un sens, sa folie m'effrayait exactement de la même façon qu'elle m'attirait. Intensément.

J'étais depuis longtemps parvenu à être insensible à la mort, au danger, à cette vie que je ne supportais plus, cette routine infernale. Mais elle, la savoir en danger, m'a fait retrouver l'angoisse que c'est que d'être sur le point de perdre quelque chose. Bien au delà de la mort, elle était ma pire terreur et mon plus grand désir. 

Elle était prête à souffrir pour avoir mon attention. Elle était prête à mourir parce que je risquais d'être blessé. Elle était prête à vivre à mes côtés. 

Mais je n'étais pas prêt à la laisser mourir.

Je n'avais jamais rencontré quelqu'un comme elle auparavant. Quelqu'un qui comprenait ma vision du monde, mais aussi, et surtout, quelqu'un qui l'approuvait. Et je n'avais jamais rencontré quelqu'un qui était prêt à tout pour atteindre l'objectif que je m'étais fixé.

Elle ne faisait pas partie du plan. Avec elle, je n'arrivais plus à garder ma volonté en accord avec les exigences que j'avais pour la suite de ma terrible histoire. 

Elle est arrivée comme un éclair dans la nuit la plus sombre, vive et déstabilisante. Et j'ai fait de cette femme ma reine. Je n'ai pas eu besoin de la convertir à ma folie, elle n'a eu besoin que d'une poussée. Dans ses yeux éteints par la lassitude de son quotidien, je voyais encore danser ces étincelles de folie que les enfants gardent jusqu'à l'âge de raison. Je voyais encore ce monde absurde dans ses iris. Alors j'ai fait d'elle ma reine et elle a étendu son pouvoir jusqu'à mon coeur. 

Je n'avais jamais rencontré quelqu'un de prêt à mettre de côté tous mes crimes pour plonger à coeur ouvert au plus profond de mon esprit. Je n'avais jamais rencontré quelqu'un qui était capable de me pardonner comme elle l'a fait dès le premier jour. Je ne pensait pas rencontrer un jour quelqu'un qui finirait par me rendre inquiet de son absence, coupable de son silence, et enthousiaste de sa présence. Car plus rien dans ce monde ne m'aurait plus jamais fait sourire aussi sincèrement qu'elle l'a fait. 

Mais c'est aussi ce qui m'a le plus effrayé. Je recommençais à vivre avec elle. Je recommençais à accorder de l'importance à quelque chose, à quelqu'un. Je savais que si elle choisissait de me blesser, mon coeur se briserait en morceaux. C'est pour ça que j'ai décidé de la garder à l'écart avant qu'il ne soit trop tard. 

De ma vie entière, je n'avais jamais rencontré quelqu'un qui aurait pu accepter de m'aimer comme elle l'a fait. Je n'avais jamais rencontré quelqu'un qui aurait mis de côté cette part de moi complètement insensée, complètement brisée, comme elle l'a fait. Mieux que ça, elle a aimé cette part complètement détruite de mon coeur. Elle a appris à aimer cette personne que j'étais. Et c'est parce qu'elle commençait à m'aimer trop intensément que j'ai commencé a avoir des doutes. 

Parce que j'avais cette certitude profonde ancrée en moi que je n'étais pas quelqu'un qu'on pouvait un jour aimer.

Les rêves ne meurent jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant