Epilogue

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Wait – M83

(Musique en haut)

12 juin 2026-Carla

Je sursaute légèrement lorsque j'entends des coups à ma porte. Je me frotte doucement les yeux, prenant soin de reposer le morceau de papier que je tenais entre mes mains, avant de me diriger vers cette dernière.

Avec le temps, j'ai du me faire à l'idée que c'était fini. J'ai séché mes larmes, consciente que ça ne le referait pas venir. J'ai remplacé mes larmes par un sourire -si faux soit il- espérant réussir à faire mon deuil de notre relation, comprenant rapidement que c'était presque mission impossible. Mais finalement, je ne lui en veux pas, parce que j'en serai incapable. Il a fait ça pour moi, comme toujours, et rien que pour ça, je le remercie. Je le remercie d'avoir fait ce sacrifice, pour me protéger.

J'attrape les clés sur la commode à côté de la porte d'entrée, avant d'ouvrir la porte. Je ne sais absolument pas qui vient sonner chez moi, en plein milieu de l'après-midi, puisque mes journées sont bercées entre cours et solitude -parfois rythmées par les visites d'Eléna. J'ouvre avec une nonchalance extrême, pensant sincèrement que ce n'est qu'un livreur qui s'est une nouvelle fois trompé, ou Eléna, qui vient me voir. Dans tous les cas, mon envie de recevoir quelqu'un aujourd'hui est bien trop basse.

Pourtant, ma bouche s'entrouvre, et je me recule rapidement devant cette vision. Je ne saurai pas dire si mon coeur bat anormalement vite, ou si c'est une simple impression. Je n'arrive pas à prononcer un mot, mais je recule simplement, encore et encore, avant que mon dos n'heurte la table derrière moi.

« Bonjour.»

Je n'arrive pas à répondre, ni même à prononcer un seul mot, comme je devrais normalement le faire. Je ne contrôle absolument plus mon corps. Je m'arrête de reculer lorsque mon dos touche la table devant moi. Comment ? Pourquoi ? Mais surtout, pourquoi maintenant ?

« Fer-Fermin ?»

Il hoche simplement la tête, en me souriant. Ce sourire que je n'ai pas vu depuis plus d'un an, mais dont je me rappelle parfaitement bien. Mais qu'est-ce qu'il fait là ? Il m'avait dit qu'il n'en avait pas le droit, puisque son père n'avait toujours pas compris le principe de la liberté et de l'amour. Je frotte mes yeux et me pince le bras pour vérifier que je ne rêve pas, une fois de plus.

Parce que je mentirais si je disais que je n'avais pas rêvé à de nombreuses reprises de son retour. Ou que tout ça n'était qu'une simple farce. Mais cette fois-ci, j'ai la sincère impression que ce n'est pas simplement le fruit de mon imagination, mais bien la réalité.

« Qu'est-ce q-que tu fais là ? Je-tu avais dit que tu ne pouvais pas.

- Mon père est mort.»

Le sourire que j'avais laissé apparaître se dissipe, mais il ne semble pas attristé par cette nouvelle, une simple expression de soulagement affiché sur son visage. Je ne saurais pas dire si cette expression vient du fait qu'il est soulagé de me voir, ou soulagé de m'annoncer cette nouvelle.

Il s'approche de moi, avant que je ne fonce dans ses bras, ne pouvant plus attendre une seconde de plus. J'hume son odeur, et mon sourire s'élargit. Je n'avais jamais pensé pouvoir le revoir. J'avais compris qu'il ne pouvait pas, alors j'avais fini par l'accepter, malgré la souffrance que ça me procurait de l'avouer. Mais il est là. Devant moi.

« C-

- Accident de voiture, il est mort sur le coup. Il n'a pas souffert. Mais le plus important, c'est que je peux être avec toi.»

Je ne pensais pas que c'était possible de dépendre de quelqu'un à ce point. Qu'une simple émotion dépendait qu'une seule et même personne. Que toute une vie puisse être rythmée par cette même personne. Mais Fermin est la preuve que tout est possible. Ou de moins, que tout est possible si nous continuons d'y croire. Je savais que je devais continuer d'y croire, et de l'aimer.

Parce que finalement, j'avais raison de croire qu'il finirait par revenir. Ce n'était peut-être pas simplement le cas dans mes rêves les plus fous. Parce qu'à partir du moment où il a toqué à ma porte, j'aurais du le savoir. J'aurais du savoir qu'il était là.

Alors finalement, c'est ça, notre fin ?

« Te amo mas que las estrellas, Fermin.»

Une fin où l'on s'aime tous les deux ?

Où nous finissons heureux, probablement jusqu'à la fin des temps ?

Où nous avons le droit de le faire, sans risque de nous faire briser ?

Notre fin à nous.

Semblable à aucune autre.

Juste la notre.

Parce que ma force est la sienne.

Mon courage est le sien.

Mais notre amour est le notre.

Parce que nous sommes les Cupidons de Barcelone.

Et ils ont fini par tomber l'un pour l'autre.

« Te amo mas que las estrellas, Carla.»

Fin

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La flèche de Cupidon || Fermin LopezOù les histoires vivent. Découvrez maintenant