Phénix et le dernier Dragon - Tome 2, Les Veilleurs

Les Vagabonds - (Chp4-3)

Ils marchèrent encore une bonne heure, suivant les indications que transmettaient Yldren à Phénix. Ils parcouraient les rues désertes. Phénix eut un souffle chaud qui s'empara de sa pointrine lorsqu'ils passèrent dans une longue avenue bordées par d'adorables maisons familiales.

Elle lorgna quelques instants sur une pancarte rouillée :

— Delaware Avenue... J'aurai tellement aimé connaître cet endroit, avant que ça ne soit l'apocalypse.

— C'était déjà dans cet état là, quand on est nés, Phé, soupira Seth.

— Tu te souviens, quand on se disait qu'on avait la sensation de ne pas être nés à la bonne époque ?

— Je ressens exactement la même chose que toi en ce moment, répondit-il dans un murmure presque inaudible.

— Je vais pas vous mentir, je trouve que ça n'a clairement pas le charme des constructions qu'on fait maintenant, baîlla Larry, trainant des pieds.

Phénix et Seth lui lancèrent un regard par-dessus l'épaule, sans un mot, puis se sourirent mutuellement, avant de fixer la route devant eux à nouveau. Soudain, Phénix se stoppa net :

— Les gars ! Regardez ça ! Lança-t-elle en pointant de doigt une pancarte métallique.

— Steel Pier, parc d'attraction à Atlantic City... lit Seth à haute voix.

—C'est un parc au bord de l'eau. C'est quoi ce truc gigantesque là ? Demanda Phénix en pointant du doigt un des manèges.

— C'est une grande roue, lui répondit Larry.

— Une grande roue...

Elle ferma les yeux comme pour imprimer cette image dans son esprit, et aussitôt, elle sentit Yldren changer de direction pour les mener vers Steel Pier.

— Par-ici ! S'exclama-t-elle.

Ils se remirent tous en marche, tandis que la nuit commençait à tomber comme une pluie fine en Bretagne.

Au bout d'une vingtaine de minutes, ils se stoppèrent devant un bâtiment en ruines. Et dont les lettres jaunes qui devaient orner sa devanture, étaient éparpillées au sol.

— Yldren me dit que c'est derrière ces ruines. On va enjamber les pierres pour aller plus vite.

— Qui va là ? Hurla une voix lointaine, les faisant tous trois sursauter.

Ils tournèrent chacun la tête dans tous les sens, afin de définir l'endroit d'où venait cet appel. Mais rien. Pas âme qui vive aux alentours.

— Qu'est-ce que vous faites ici ? Clama à nouveau la voix masculine d'un ton agressif.

— On... On a besoin de prendre le bateau qui part en Eurussie, hésita Phénix sentant son cœur battre la chamade dans sa poitrine.

— Et vous êtes qui ?

Phénix trésaillit à nouveau, lorsqu'elle entendit la voix collé tout près de son oreille. Mais elle ne pu se retourner, car une lame fine titillait sa gorge. Elle vit que Seth et Larry étaient apeurés, et après s'être acordés visuellement, ils levèrent les mains en l'air.

— Je... Je m'appelle Phénix Rive, et voici Lawrence Frawley, et à ma gauche, c'est Seth Yeun. On ne vous veut aucun mal. On veut juste voyager.

— Comment connaissez-vous cet endroit ? Et j'ose espérer que vous aurez la présence d'esprit de ne pas nous mentir.

— Je viens de Riven District. Notre ville a été détruite et nous essayons juste de quitter les États-Libres.

— Et pourquoi ne pas prendre la navette intercontinentale ? Questionna la voix masculine, tout en appuyant un peu plus sa lame sur la gorge de Phénix.

Elle commença à sentir la transpiration dégouliner sous son t-shirt. Devait-elle expliquer que si la cité avait été réduite en cendres, c'était en partie de sa faute ? Devait-elle dire qu'elle fuyait son pays parce qu'elle avait peur de la milice de l'Alliance ? Il est clair que ces hommes semblaient avoir deja les réponses à leur questions, mais qu'ils voulaient l'entendre de sa bouche.

— Nous ne voulons pas être repérés. J'ai commis un acte... Répréhensible, et je crains que la milice ne me retrouve.

— Voyez-vous ça. Nous afons affaire à une criminelle, siffla-t-il dans son oreille, comme un serpent à sonnette.

— Ne vous approchez pas d'elle ! Hurla Seth, les tempes et la machoire contractées.

Phénix sentit la lame s'éloigner peu à peu de sa gorge nue, et l'homme la poussa violemment au sol. Elle se retrouva à quatre pattes, avant de lever la tête vers l'individu. Elle aurait parié tout ce qu'elle avait, qu'il s'agissait d'un Vagabond. Recouvert de vêtements couleur sable de la tête aux pieds, une écharpe ne laissant apparaître que ses yeux gris, des chaussures de sécurité haute et des plaques métalliques de protection à chaques membres.

Le Vagabond qui se tenait devant Phénix fixait le trio avec une intensité qui la fit frissonner jusqu'à la moelle. Malgré sa position vulnérable au sol, elle décelait dans ses yeux une lueur de curiosité mêlée à la méfiance. Ses compagnons, tout aussi anxieux, attendaient son signal pour agir. Ils savaient que la moindre erreur pouvait les mener droit dans un guet-apens.

— Qui êtes-vous vraiment ? Phénix Rive, dites-vous ? Quel est cet acte répréhensible ? Insista le Vagabond en jouant avec l'arme qu'il tenait entre ses doigts agiles.

Phénix inspira profondément, évaluant rapidement ses options. Mentir était inutile; ces gens étaient probablement bien informés. Dire la vérité complète signifierait exposer ses amis et elle à un potentiel enlèvement ou pire, s'ils représentaient une menace suffisamment importante aux yeux des Vagabonds.

— Je me suis opposée à la Monarque de Cold Rock. Je me suis battue aux côtés des deux hommes qui sont ici présents. J'ai découvert ce que la Monarque comptait faire de Riven District, et nous nous sommes rébellés contre le gouvernement. Maintenant, on doit fuir pour survivre, car nous avons entendu dire que la milice de l'Alliance était à nos trousses, répondit-elle, en choisissant de dévoiler une partie de la vérité qui sonnait plausible.

Le Vagabond se redressa et abaissa sa lame, scrutant les visages douteux du trio. Il semblait réfléchir à cette révélation.

— Vous vous êtes opposés au gouvernement de Cold Rock... Ce n'est pas une mince affaire, glissa le Vagabond, se rappelant sans doute des rumeurs quant à l'ancienne dirigeante de Brightenway. Suivez-moi et ne faites pas d'histoires. Mes camarades sont dispersés tout autour de nous et ils n'hésiteront pas une seconde à vous perforer de balles si je donne l'ordre.