Secrets bien gardés (Chp 6-3)

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L'après-midi avançait, et l'horizon ne semblait pas différent de celui du matin. De temps en temps, Yldren volait au-dessus d'eux, surveillant les alentours et s'assurant qu'ils n'ataient pas suivis.

Ils marchaient en silence et seul le bruit de leurs respirations lourdes et des quintes de toux de Seth résonnaient dans les vestiges de l'ancienne ville qu'ils traversaient.

Plus un seul bâtiment était debout. Apparement, ils avaient subit les mêmes atrocités que les États-Libres lors de la guerre contre la Russie.

Soudain Phénix décrocha son regard du sol errodé :

— Yldren a repéré quelque chose, annonça-t-elle en plissant les yeux vers son dragon. Il y a une petite cabane plus loin, sur la colline. Peut-être qu'on y trouvera un abri pour la nuit.

Ils décidèrent de se diriger vers cette cabane, espérant y trouver un refuge et, peut-être, des informations. En approchant, ils découvrirent une bâtisse en bois délabrée, probablement abandonnée depuis des années.

Larry fit un geste à Yldren, lui demandant de redescendre. Le dragon se posa gracieusement et les trois compagnons avancèrent prudemment vers la cabane. Seth poussa la porte doucement, qui craqua sous le poids des années. L'intérieur était sombre et poussiéreux, meublé modestement.

— Pas un palace, mais ça fera l'affaire pour la nuit, murmura Larry en saisissant une lampe torche dans son sac à dos.

Seth commença à farfouiller dans la cabane poussièreuse dans l'espoir de trouver une vieille conserve, ou autre chose d'utile. Une atmosphère étrange régnait, comme si le temps s'était arrêtait dans le coin, sauf dans ce lieu.

Yldren était planté devant la porte d'entrée, tel un chien de garde, surveillant les environs.

Le ventre de Phénix cria famine et Seth pinça les lèvres, impuissant.

— Deux jours de marche, grogna-t-il. On peut pas rester sans manger.

— On peut tenir deux jours sans manger. C'est pas un soucis.

Seth souffla, son regard ne pouvant se détacher des os saillants de sa compagne. Phénix croisa maladroitement les bras et détourna la tête et finit par proposer :

— Je peux envoyer Yldren. Avec le nano suit, personne ne le...

Elle s'arrêta net au milieu de sa phrase, et se crispa.

— Personne ne le quoi ? Acheva Larry, concentré sur la carte stellaire.

— Chut ! Quelqu'un approche ! Chuchota-t-elle en fixant la porte.

Un bruit de pas lourds se rapprochait de la cabane. Phénix échangea un regard inquiet avec Seth qui se redressa immédiatement. Yldren essaya de renvoyer l'image de l'homme à Phénix, mais c'était comme si les images étaient brouillées. Comme si leur pouvoir de télépathie était affaibli.

— Cachez-vous, intima Larry en chucotant, tout en attirant Phénix derrière une pile de cagettes.

Il éteignit la lampe torche et Seth se rapprocha d'eux sur la pointe des pieds, mais le plancher était tellement usé, qu'à chaque pas, il grinçait un peu plus sous son poids.

Les bruits s'intensifièrent. Le cœur battant, Phénix serra instinctivement la main de Seth. Une ombre noire passa devant la fenêtre brisée, étirant ses contours menaçants. Puis la porte s'ouvrit brusquement, et une silhouette imposante apparut dans l'embrasure, accompagné de ce qui s'apparentait à un fusil de chasse, bien calé sur l'épaule.

— Qui est là ? lança une voix grave et autoritaire. Montrez-vous !

La colonne vertébrale de Phénix suait la peur, elle se renfonça un peu plus dans le coin. Cette intonation la fit frissonner. Bien que masculine, ce timbre, cet accent... Celà lui rappelait la Monarque. Rugueuse et destructrice.

Tous trois restaient silencieusement figés, cachés derrière leur maigre protection.

— Sortez de là, et peut-être que je ne vous ferai pas de mal, lança la voix sur un ton sarcastique, tout en relevant son fusil et glissant son regard dans la mire. Il pénétra d'un pas méfiant, presque silencieux, tournant tout autour de lui-même afin de ne manquer aucun recoin de la demeure. Puis il finit par s'approcher des cagettes.

Ils étaient cuîts. Alors avant que l'inconnu ne découvre que trois petits malins s'étaient introduits chez lui, et finisse par réduire leur trois tête en bouillie, Seth dévoila la sienne, et leva les mains en l'air en guise de soumission :

— On cherche pas d'ennuis. On pensait que c'était inhabité et on voulait se reposer.

— Vous faites partie du groupe des faucheurs ? Questionna l'inconnu d'une voix grasse, tenant toujours Seth en joug.

— Les faucheurs ? Non... Pas du tout. On voyage jusqu'à Old London. On est complètement innofensifs.

— Qu'est-ce que vous foutez dans le coin ? Vous venez d'où ? Et t'avises pas de me raconter des conneries, sinon je fais sauter ta tête, morveux.

Phénix se redressa, et Larry fit de gros yeux, avant de suivre le même mouvement, moins sûr de lui.

Elle imita le geste de Seth, levant les mains, et s'approcha d'un pas :

— On vient des États-Libres. On est arrivés par bateau.

— Par bateau ?

— C'est ça. Un groupe de vagabonds nous a emmené jusque sur la côte, à Camber, et on a marché jusqu'ici. Nous comptions repartir, dès demain matin.

L'inconnu soupira longuement, et hésita. Il baissa finalement son arme à feu, et laissa la crosse frapper lourdement le sol. Le trio fronça les sourcils en attendant leur châtiment, mais rien ne se passa. 

Phénix et le dernier Dragon - Tome 2, Les VeilleursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant