Chapitre 9-La faucheuse est venue récupérer son dû.

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Aujourd'hui je forme une future infirmière, du moins je l'espère. Pour l'instant elle n'est qu'une collégienne qu'on m'a collé sur le dos. En temps normal cela ne m'aurait pas déranger mais j'ai mes règles. J'ai mal au ventre et c'est les chutes du Niagara entre mes jambes. Cette enfant m'agace. Enfin pas réellement mais...foutue hormone.

-Non écoute il faut que tu sois rapide et efficace. Chaque secondes comptent.

Elle acquiesce encore. Elle ne fait que ça, sans s'arrêter. C'est assez énervant.

-Bon suis-moi.

Nous marchons à l'unisson vers la chambre de monsieur Gonzalez. La gamine me demande où nous allons. Alors je lui dis que nous allons voir un des patients auquel je tiens beaucoup. Avant d'entrer dans la chambre, je l'attrape par le bras en exerçant une légère pression.

-Je ne veux pas que tu parles seulement si je te le dis. Tu en es capable ? je demande avec une mine froide.

Elle acquiesce. Je lui demande de le confirmer à voix haute.

-Oui, j'en suis capable.

Je finis avec un "parfait" la conversation. Un sourire s'affiche sur le visage du patient. Un sourire communicatif, je sens alors mes lèvres s'étirer.

-Comment va mon infirmière préférée ?

-Très bien et vous ?

-Je sors bientôt donc je suis aux anges.

Je lui demande ce qui lui a le plus manqué pendant son séjour à l'hôpital, sa réponse me fait rire. " Mon lit, on dirait que vos matelas sont faits en pierre ". Il me demande ce que je pense des lits.

-Eh bien quand je suis obligé, en quelque sorte, de dormir mais que je ne peux pas rentrer chez moi, je dors ici.

Je chuchote pour le reste de ma phrase.

-Les lits sont un enfer. Quand je me réveille j'ai l'impression que mon dos est en bouillie.

Nous rigolons et parlons encore un peu. Il m'a dit que le médecin avait signé son autorisation de sortie il y a une heure et demie. Je lui ai présenté la collégienne et ils ont déblatéré un petit moment. Il s'avère que cette élève n'est pas si nulle, elle est plutôt sympa je dirais. Pas plus, il ne faut pas exagérer. Je pars, l'étudiante à mes trousses. Je continue de lui faire visiter l'hôpital et de lui présenter les points positifs et négatifs du métier. Je ne veux pas qu'elle débarque dans ce métier en pensant que tout est beau et rose, que c'est le monde des bisounours. Le monde n'est pas aussi simple, encore moins pour les femmes.

-C'est quoi ce bruit ?

Je me posais la même question. J'entends des halètements. Je tourne ma tête et voit monsieur Diderot, mais moi je l'appelle "Le trompeur". Que fait-il debout ? Pourquoi il n'écoute pas les médecins comme le fait sa femme. Ils ont eu un accident de voiture. Madame Diderot était au volant, elle a reçu un appel anonyme, son mari a mis sur haut parleurs à sa demande et ce n'était autre que la maîtresse de monsieur. Elle ne s'y attendait pas et son pied est resté figer sur la pédale d'accélération. Une chose en entraînant une autre, il y a eu un carambolage. Depuis, Madama Diderot ne veut plus voir son mari et s'en veut énormément. Tous les passagers s'en sont sortis, par chance, mais ça n'empêche pas la culpabilité de roder. Dans la série* Lucifer, quand les gens finissent en enfer, ils sont dans une boucle revivant sans cesse un acte qui leur fait éprouver de la culpabilité. C'est leur culpabilité qui les tortures. En réalité, même dans la vraie vie, ce sentiment est affreux. En ressentir fais mal mais sans on devient des monstres, parce qu'on ne sait pas où s'arrêter.

Lui et moi, non impossibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant