Huit

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Contrairement au dernier débat, les deux jeunes politiciens s'étaient montrés beaucoup plus agressifs l'un envers l'autre.

En particulier Gabriel, qui voulait montrer à Jordan, mais également à lui même, qu'il passait au dessus de cette séparation amicale.

Jordan semblait, lui aussi, essayer de prouver que la situation ne l'atteignait en coupant la parole et en s'acharnant sur le premier ministre.

En réalité, il y avait une stratégie derrière tout ça, il voulait que Marine voie qu'il n'était pas aussi proche de Gabriel que ce qu'elle prétendait.

Alors, pour accentuer la situation, Jordan serra la main du premier ministre rapidement et sèchement, sans lui accorder, ni un mot, ni un regard avant de quitter le plateau.

Il était maintenant rongé par la culpabilité qu'il avait lui même crée.

« Je suis désolé Marine... je ne peux pas devenir ami avec quelqu'un d'un autre parti, même faire semblant je n'y arrive pas... »

Jordan était seul dans sa loge avec Marine, le débat venait à peine de se terminer, qu'ils avaient déjà commencé leur débriefing.

« Tu ne veux pas ré essayer ? » insista la blonde.

« Mais j'ai déjà essayé pleins de fois ! » s'écria t-il. « Tu as bien vu, rien que ce soir, il n'a pas l'air de m'apprécier ! Et je ne l'apprécie pas non plus. »

« Tu ne tiens pas à garder ton poste, toi. » fit remarquer Marine.

Jordan était dépassé, il en avait plus que marre de cette manipulation incessante. Elle ramenait toujours tout à son statut de président du Rassemblement National.

Il ne pensait qu'à aller s'excuser auprès de Gabriel, mais il était piégé ici.

« Tu ne veux rien comprendre... » soupira le jeune. « Continue ton chantage si tu veux mais, moi, j'ai déjà fais assez d'efforts comme ça ! »

Sur ce, il quitta la pièce à grands pas. Il marcha dans les couloirs au pas de course pour se rendre dans l'entrée, là où Gabriel devait probablement attendre son taxi.

Il vit l'ombre d'une carrure droite, au loin, dans la nuit. Visiblement, le premier ministre avait hâte de rentrer chez lui, il était sur le point de monter dans son taxi, lorsque le président du RN stoppa son mouvement.

« Monsieur Attal... », s'exclama t-il en lui attrapant l'avant bras.

Il s'assura que le chauffeur avait bien les fenêtres fermées avant de reprendre :

« Gabriel... je suis désolé... je ne veux pas arrêter de te parler, je veux... »

Jordan eu du mal à terminer sa phrase, surtout sous le regard désintéressé de son interlocuteur.

« Tu veux quoi, Jordan ? » lança sèchement le premier ministre en retirant la main que ce dernier avait posé sur lui.

Jordan plongea son regard sur les lèvres de Gabriel, il avait soudainement envi de poser les siennes dessus. Une idée qui lui paresserait sûrement absurde, après réflexions.

« Donne moi une deuxième chance, s'il te plaît... » finit-il par dire.

Le président du RN lui tendit une main tremblante mais sûre d'elle. Gabriel hésitât quelques instants mais finit par la saisir et la serrer en baissant la tête.

Quand la politique s'efface... (bardella x attal)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant