Vingt-Neuf

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Après sa discussion avec Jordan, le premier ministre n'a pas pu se rendormir. Il était resté éveillé toute la nuit, observant l'extérieur par sa fenêtre en surveillant son téléphone, au cas où son ami l'appellerait en urgence. La sérénité qui régnait dans son jardin contrastait le chaos qui avait prit place dans sa tête et dans son cœur ces derniers jours...

Mais il n'avait rien reçu. Aucun appel. Aucun message. Gabriel demeurait sans nouvelle de Jordan depuis sa dernière visite, et il était extrêmement inquiet. Si bien qu'il n'arrivait pas à se plonger dans son travail. Il était dix-huit heures et ses dossiers étaient ouvert devant lui, sur son bureau, mais ils n'avaient pas l'attention du plus âgé.

On toqua à la porte, ce qui fit sortir Gabriel de sa rêverie. Il attrapa un crayon et prit un air concentré avant d'autoriser la personne à entrer.

« GABRIEL ! » s'écria Stéphane en débarquant dans la pièce. « Oh.. je ne te dérange pas j'espère...? »

L'enthousiasme et l'excitation du ministre des affaires étrangères capta toute l'attention du plus jeune qui reposa aussitôt son stylo.

« Qu'est ce qu'il se passe ? » demanda t-il, les yeux grands ouverts. « Tout vas bien ? »

« Oh oui, tu ne devineras jamais ce que je viens de faire. » déclara mystérieusement Stéphane en s'approchant de son ami pour lui serrer la main rapidement.

« Dis-moi !? » encouragea Gabriel, appréhendant la réponse de son ex-compagnon.

« Tu sais, Marine LePen avait un meeting ce matin dans le 20e, et... » commença le plus âgé, essayant de contenir son sourire.

« Oui, et quoi ? » insista le premier ministre.

« Et j'y suis allé. J'ai pris son... attends tu vas me prendre pour un fou si je te dis ç... » raconta l'homme aux lunettes vérifiant qu'il n'y est pas de regards indiscrets autour de lui.

« Accouche Stéphane ! » fit Gabriel en tapant du point sur son son bureau, plus impatient qu'énervé.

« Oui, oui, j'y viens ! » reprit-il avec un petit rire. « J'ai volé son sac... »

« Quoi ? Le sac de Marine LePen ? » s'écria Gabriel sous le choque.

Stéphane colla sa main sur la bouche de son ami, les sourcils froncés mais toujours un sourire en coin.

« Allez, dis-le encore plus fort ! » se moqua t-il en retirant sa main. « Et non, en réalité je lui est juste emprunté son téléphone ! »

« Mais... dans quel but ? » marmonna Gabriel, essayant de suivre.

« Les photos... » déclara silencieusement le plus âgé en lui lançant un regard taquin.

« Les photos ? » répéta le premier ministre, étonné. « Oh non... elle en avait vraiment ? »

Stéphane se contenta de l'observer en essayant de cacher son amusement alors que Gabriel sentit ses joues s'empourprer de roses. Il repassa en image tout ce qui avait pu se passer avant que Marine ne les interrompe, ce soir là...

Pour briser ce silence, le ministre des affaires étrangères donna un coup amicale dans le dos du plus jeune en rigolant.

« T'inquiète pas, j'ai tout supprimé ! De sa galerie et de sa corbeille, elle ne pourra jamais les retrouver et jamais les publier ! » expliqua fièrement Stéphane.

Gabriel poussa un soupire de soulagement. Ça lui enlevait un poids. Mais bon... ça signifiait que son ex-compagnon avait vu les photos compromettantes de lui et Jordan...

« J'espère que tu as tout supprimé de ta mémoire aussi ! » plaisanta le plus jeune, un peu gêné.

« Oh, ne t'en fais pas, il n'y avait pas grand choses. » rassura son ami en rajustant ses lunettes qui glissait sur son nez. « Et puis, j'ai dû agir rapidement, je ne me suis pas amusé à examiner les photos en détails... oh et d'ailleurs, tu te souviens les photos dans le parc ? »

Les yeux de Gabriel se posèrent immédiatement dans ceux de Stéphane, devinant ce qu'il s'apprêtait à dire.

« Je les ai également retrouvées dans sa galerie, elles étaient entre une recette de tarte au pomme et une... » raconta le plus âgé, peut-être avec un peu trop d'enthousiasme. « Enfin bref, ces photos avaient elles aussi été prisent avec son téléphone. »

« Mais... comment tu as fais ? » murmura Gabriel perplexe, après quelques secondes de silence, le temps de digérer les nouvelles informations.

« Pour fouiller son téléphone, tu veux dire ? », le plus jeune hocha la tête. « Et bien, quand on s'est installé dans le TGV, j'ai pris une place stratégique et j'ai pu voir quel était son code grâce au reflet de la fenêtre. Il était facile à mémoriser, ce n'était que quatre chiffres ! Plus tard, elle l'a posé dans son sac et est sorti quelques instants du wagon, sûrement pour aller aux toilettes, alors j'ai été rapide et j'ai fouillé ! »

« Mais, il n'y avait personne d'autre dans le wagon ? » s'étonna le premier ministre.

« Alors... » commença Stéphane, un sourire espiègle au coin des lèvres. « Pour ça j'ai un peu dérapé... »

« Oh non, t'as fais quoi Steph ? » s'inquiéta Gabriel, absorbé par le récit de son ami.

« En vrai ça va, j'ai juste dis, une fois que Marine LePen était rentré, que j'avais besoin d'un wagon pour moi tout seul pour travailler sur des dossiers confidentiels et je suis allé dans le sien ! » raconta le ministre des affaires étrangères.

Le plus jeune n'en revenait pas. Son cœur s'était allégé d'un coup, il était enfin soulagé. Il n'avait qu'une envie, courir le dire à Jordan.

C'était une information importante qu'il se devait de lui communiquer. Mais d'un côté, ça risquerait d'envenimer la situation... Jordan pourrait penser que, maintenant qu'il n'y a plus de moyens de pression, il n'y a plus de limite non plus...

Néanmoins, peut-être que savoir que Marine avait réellement des photos et qu'ils ont frôlé la catastrophe l'aiderait peut-être à le remettre sur le droit chemin ! De toute façon, Gabriel ne pouvait pas cacher quelque chose de si important à son ami.

Son « ami ». La réalité lui retomba brutalement dessus, il n'avait toujours pas de nouvelles, aucune trace de l'ancien président du Rassemblement National. Et si il lui était arrivé quelque chose ? Son cœur s'emballa à nouveau. Il tenta de repousser cette mauvaise pensée de son esprit.

« En tout cas, merci beaucoup. Tu me sauves la vie ! » déclara le plus jeune après un léger temps de silence, essayant tant bien que mal de sourire pour camoufler son angoisse.

« Avec plaisir ! » fit joyeusement Stéphane en ajustant sa cravate. « Bref, moi je vais retourner bosser, on se voit demain, à plus ! »

Sur ce, il laissa Gabriel seul dans son bureau, seul avec lui-même. Ce dernier se prit le visage dans les mains. Pas la peine de réfléchir davantage. Ça décision était prise.

Il allait aller retrouver Jordan.

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Quand la politique s'efface... (bardella x attal)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant