Vingt-Trois

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Marine
Viens chez moi.
On doit parler.
Vite.

C'était le message que Jordan venait de recevoir. Il avait simulé une envie pressante d'aller aux toilettes pour pouvoir quitter la cérémonie, bien qu'il aurait mille fois préféré rester ici.

Il profita néanmoins de cette courte pause pour se rafraîchir. Il se rendit dans les toilettes qui avaient été installés en dessous des gradins.

Alors qu'il s'aspergeait la figure d'eau, il sentit une présence derrière lui. Il n'allait donc jamais être tranquille deux minutes ?

Il ravala vite ses pensées en voyant le visage inquiet du premier ministre.

« Jordan... » commença Gabriel en baissant la tête.

« Désolé, je n'ai pas le temps, je suis pressé. » répondit rapidement le plus jeune en passant une main sur son visage mouillé.

« Tu... tu vas où ? » demanda Gabriel, curieux.

Le président du RN lâcha un soupir d'épuisement et s'arrêta juste devant lui, ils étaient à quelques centimètres l'un de l'autre.

« Marine demande à me voir... » souffla t-il en se pinçant les lèvres.

« Oh... ça va barder là... » murmura le plus âgé.

Jordan le dévisagea, premièrement avec un regard remplit de haine mais deuxièmement avec un air malicieux. En voyant son sourire à l'envers, Gabriel se rendit compte du jeu de mot qu'il avait accidentellement fait et ne put retenir un léger rire.

« Pardon... » s'excusa le premier ministre, le moment était mal choisi pour faire des blagues sur le nom de famille du plus jeune, même si il n'avait pas fait exprès.

Heureusement, Jordan rigola à plein poumons. Une chaleur l'envahit, c'était la première fois qu'il ne se sentait pas seul depuis ces derniers jours. Il eut une soudaine envie de prendre Gabriel dans ses bras, simplement pour le remercier de ce petit moment de joie qu'il lui faisait vivre.

« En tout cas, je te souhaites bon courage... » déclara le plus âgé, une fois que l'émotion fut un peu redescendu.

Sans réfléchir et sans se prendre la tête, il prit une des mains de Jordan pour la placer entre les siennes. Ce dernier lui adressa un sourire chaleureux.

« Tu as bien fait de t'excuser par les réseaux... » reprit Gabriel d'un ton plus sérieux en caressant tendrement les mains du plus jeune. « ... mais tu ne risques pas gros en ayant avoué qu'on t'avais forcé ? »

« Je m'en fiche, ça aura eu l'effet voulu ! » s'exclama Jordan en indiquant d'un coup d'œil leurs mains liées, le sourire jusqu'aux oreilles.

Le premier ministre posa sa tête sur l'épaule du plus jeune en lâchant un long soupire de soulagement.

« Je suis désolé de t'avoir parlé sur ce ton l'autre jour... » marmonna Gabriel.

« Ce n'est clairement pas à toi de t'excuser ! C'est moi je... » coupa Jordan en encerclant l'autre homme de ses bras réconfortants.

« Si... j'aurais dû comprendre plus tôt... » fit le plus âgé. « S'il te plaît, ne va pas voir Marine, tu sais qu'elle va encore essayer de te manipuler... »

Jordan caressa doucement les cheveux de Gabriel. Il savait que ce dernier avait raison. Mais avait-il le choix ?

« Tu es le président du Rassemblement National, tu n'es pas obligé de lui obéir... » expliqua t-il, essayant de le faire changer d'avis.

Quand la politique s'efface... (bardella x attal)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant