Treize

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Jordan avait hâte que la réunion se termine, même si il avait réussit à rester à l'écoute tout le long, il en avait un peu marre. Il jeta un rapide coup d'œil à sa montre et fut content de constater que la conférence allait bientôt prendre fin, après trois longues heures de dialogue.

Tous les politiciens commencèrent à ranger leurs affaires puis à quitter la pièce dans le calme. Jordan voulu s'approcher de Gabriel lorsqu'il vit que Stéphane était déjà entrain de lui parler. Il écouta d'une oreille leur conversation, curieux.

« Bon, ça à été... dans l'ensemble...» commença le ministre des affaires étrangères, d'un air mystérieux et fatigué.

Gabriel acquiesça en finissant de ranger ses dossiers.

« On va manger ! » déclara Stéphane d'un ton beaucoup plus enjoué.

« Hahaha, tu ne perds pas le nord toi ! » déclara le premier ministre, amusé.

Gabriel jeta un furtif regard vers Jordan qui demeurait près de la porte.

« Mais, je dois retourner à Matignon, j'ai un truc important à faire avant de manger, désolé. » répondit le premier ministre, essayant d'être le moins suspect possible.

« Ah ok, on se voit plus tard alors ! »

Sur ce, Stéphane quitta la pièce, passant devant Jordan, il le regarda d'un air étrange, puis s'engouffra dans un ascenseur.

Le président du Rassemblement National ferma la porte, après s'être assuré que personne ne se cachait dans le couloir. Il se rapprocha de Gabriel, qui s'était rassit dans son fauteuil en soupirant.

« Qu'elle réunion ! » s'exclama ce dernier, visiblement épuisé.

« Je ne savais pas que tu parlais encore avec Stéphane Séjourné. » dit timidement Jordan, légèrement jaloux.

« On se connaît depuis longtemps, on est juste amis maintenant ! » assura le plus âgé.

Jordan hésita avant de poser la question qui le tourmentait :

« Et nous ? On est quoi ? »

Gabriel sourit, il se leva et embrassa son « ami » en guise de réponse.

« Ça me convient. » chuchota le plus jeune à l'oreille du premier ministre, avant de reposer ses lèvres sur les siennes.

Sans rompre le contact, Gabriel glissa une main sous la chemise du président du RN qui, lui, s'accrochait au col du plus vieux. Il frémit au contact de sa peau, douce et chaude.

Ils auraient voulu rester ainsi toute la journée. Si seulement ils n'avaient pas du travail qui les entendaient...

Ils s'écartèrent légèrement, juste assez pour pouvoir se regarder dans les yeux.

« Bon... il faut que je retourne à Matignon. » murmura le plus vieux en attrapant les mains de l'homme en face de lui. « J'ai des dossiers à remplir... »

Jordan amena les mains de Gabriel jusqu'à son visage et y déposa de légers baisers.

« T'inquiète pas ! » déclara t-il, le premier ministre sentait son souffle chaud sur ses doigts. « Tu es dispo demain soir ? J'aimerais t'inviter à dîner ! »

Un grand sourire s'afficha sur le visage du plus vieux.

« On se rejoint où et à qu'elle heure ? » demanda Gabriel, soudainement enthousiaste.

« Disons, vingt heure chez moi ? Et c'est moi qui cuisine ! » répondit-il d'un ton enjoué.

« Tu cuisines ? Toi ? » s'exclama le premier ministre en rigolant.

« Et oui ! C'est grâce à mes racines italiennes ! » commença Jordan. « Ma mère m'a tous appris ! »

« Hâtes de voir ça, alors ! » fit le plus vieux, les deux se rapprochant de la porte. « À demain soir ! »

Ils s'embrassèrent rapidement une dernière fois, avant de quitter discrètement la pièce, et de se séparer pour retourner à leurs occupations quotidiennes respectives.

La journée du lendemain passa à une allure folle, les deux politiciens étaient en plein dans les finitions des préparatifs des élections législatives et n'eurent même pas le temps de souffler.

Heureusement, le soir arriva et Gabriel allait enfin pouvoir quitter son lieu de travail. Avant de partir de son bureau, il pris soin de se recoiffer et de se remettre une dose de parfum.

Il prit sa voiture et se rendit directement chez Jordan, le cœur battant la chamade. Jamais il n'aurait pu croire qu'un jour, il aurait un rendez-vous en tête à tête avec le président du Rassemblement National !

Et pourtant, ce jour était arrivé, et Gabriel en était très heureux, bien qu'il s'était promis de ne jamais plus s'attacher à une personnalité politique autant qu'il s'était attaché à Stéphane.

Honnêtement, il espérait que, cette fois-ci, ça se passe différemment. Il ne voulait pas se prendre la tête, il voulait une relation saine, discrète, sérieuse, mais surtout loin des médias. Il ne fera pas la même erreur qu'avec Stéphane, il n'officialisera pas son couple avec Jordan au monde entier.

Et puis, de toute façon, si quelqu'un était amené à savoir qu'ils se fréquentaient, ils seraient probablement forcés d'abandonner leur statue, voir même la politique. Les rumeurs seraient impossibles à calmer.

Ils le savent tous les deux : ils jouent à un jeu dangereux.

Gabriel se surpris à imaginer une vie hors des caméras. Une vie dans laquelle Jordan et lui pourraient exprimer leur amour sans se cacher. Une vie dans laquelle la politique n'aurait pas une place aussi importante que dans celle-ci. Une vie dans laquelle tout serait plus facile. Le premier ministre devrait sûrement apprécier cette vie, mais il s'était engagé pour la France et ne pouvait plus reculer maintenant.

Alors, il chassa cette vie idéal de son esprit et se gara devant la maison de Jordan. Il toqua à la porte d'entrée, vérifiant que personne ne l'ai vu sortir de sa voiture.

Le président du RN l'accueillit, un grand sourire aux lèvres. Il referma la porte derrière lui et entraîna Gabriel jusqu'au salon. Il avait préparé une belle table, avec un jolie nappe et un service de table complet. Une odeur agréable émanait de la cuisine.

« Ça sent bon ! » s'exclama le plus âgé.

« J'ai préparé de l'Osso Buco à la milanaise ! »répondit joyeusement Jordan. « J'espère que tu aimes ! »

Gabriel était intrigué, à l'évidence, il n'avait jamais entendu parler de ce plat italien.

« Un jarret de veau, braisé lentement dans du vin blanc, des tomates, des légumes et des herbes, servi avec du risotto alla milanaise. » expliqua le plus jeune, de manière automatique, comme s'il récitait une poésie.

« Tu as appris la description par cœur ?! » s'étonna le premier ministre, amusé.

« Euh... oui... » balbutia Jordan. « C'était au cas où... si tu ne savais pas ce que c'était... »

Gabriel ne put garder son sérieux, il éclata de rire. Le président du RN explosa à son tour, se rendant compte de la ridiculité de la situation.

Même si ça le faisait rire, le premier ministre était très touché par les petites intentions de Jordan. Il aimait entendre la douceur du ton que ce dernier prenait quand il lui parlait, il se sentait aimé, et cela lui réchauffait le cœur...

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Quand la politique s'efface... (bardella x attal)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant