Vingt-Quatre

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On sonna à la porte.

Gabriel et Jordan sursautèrent. Ils échangèrent un long regard, méfiant et apeuré, avant que le plus âgé se décide à se lever. Il enfila rapidement un t-shirt ainsi qu'un short de pyjama avant de sortir de la chambre.

La main sur la poignée de la porte d'entrée, Gabriel se rappela qu'il avait quitté la cérémonie d'ouverture sans prévenir et que ses collègues devaient sûrement s'inquiéter. Il passa alors une main dans ses cheveux afin d'être un minimum présentable si jamais c'était eux, avant d'ouvrir lentement la porte.

Il se raidit en découvrant qui se tenait devant lui.

« Bonsoir Monsieur le premier ministre. » déclara Marine LePen.

Gabriel la dévisagea de la tête aux pieds en un regard rempli de haine.

Voyant que celui-ci n'était pas décidé à parler, Marine reprit :

« Vous n'êtes pas sensé être à la cérémonie d'ouverture ? » demanda t-elle, avec un air faussement étonné.

« Je vous retourne la question. » répondit sèchement le brun, ne se laissant pas avoir par les questions pièges Marine.

« Vous paraissez occupé, j'espère que je ne vous dérange pas ! » s'exclama t-elle, un sourire diabolique au coin des lèvres.

« Bon, qu'est-ce que vous voulez ? » dit Gabriel froidement, perdant sa patience.

« Je veux voir Jordan. » murmura la blonde, comme si ce nom était un mot interdit.

Le premier ministre se figea. Elle savait. Les deux se fusillèrent du regard. Gabriel croisa les bras avant de répondre :

« Il n'est pas là. »

« Je sais très bien que si. » rétorqua Marine en soutenant son regard. « J'ai sa localisation. »

« Je vous dis qu'il n'est pas là. » lâcha le brun. « Il est tard, je vous prie de partir d'i... »

Alors que Gabriel commençait à refermer la porte, la blonde mit son pied et entra dans l'appartement.

« Il est dans la chambre, j'imagine. » ricana Marine voyant les traits crispés et les sourcils froncés du plus jeune.

« Qu'est ce que vous lui voulez ? » demanda Gabriel, cédant à la panique.

Mais la blonde l'ignora.

« Jordan ? Viens, c'est Marine ! » criait t-elle, s'avançant de plus en plus dans l'appartement.

Le président du RN se montra enfin. Il avait enfilé en vitesse sa chemise, où seul un bouton était attaché, ainsi qu'un short de sport appartenant à Gabriel. Il avait une allure catastrophique. À sa vue, le femme éclata de rire.

« Bah alors Jordan ! » s'esclaffa t-elle.

« Qu'est ce que tu veux. » trancha le plus jeune, arrêtant net le rire de Marine.

« Oui, pardon, un peu de sérieux. » reprit elle en passant une main dans ses cheveux avant de s'assoir sur le canapé.

Gabriel et Jordan étaient tous les deux spectateurs de la scène. L'un était toujours planté devant la porte d'entrée, et l'autre près de la fenêtre du salon, les mains tremblantes.

« Je venais juste t'informer que, les autres et moi, avons décidé que tu ne serais plus président du Rassemblement National, et que tu étais viré du parti. » expliqua Marine d'un ton calme, qui ne correspondait pas du tout à la situation.

Jordan demeurait pétrifié, même si il commençait à avoir l'habitude, cette fois c'était différent. C'était une décision collective. Ce n'était pas encore une invention de la blonde pour lui mettre un coup de pression.

« Fais pas l'étonné, tu as divulgué de fausses informations en même temps. » déclara la blonde en levant les yeux aux ciels.

Le plus jeune laissa sortir un léger rire. Il n'en revenait pas. Tout ça lui semblait absurde.

« Très bien. Et je pars quand ? » questionna t-il d'un ton sérieux.

« Demain. » répondit Marine, légèrement étonné par la réaction de son ancien ami.

« Parfait, de toute façon je refuses d'être membre d'un parti qui est dirigé par quelqu'un qui n'est même pas capable de dire la vérité à ses collègues. » s'exclama Jordan, énervé. « Mais ne prends pas trop la confiance parce que je n'hésiterai pas à dévoiler au grand jour que c'est toi qui... »

Marine se leva d'un coup.

« Hors de question. » coupa t-elle.

« Et pourquoi pas ? De toute façon, je n'ai plus rien à perdre. » rétorqua le plus jeune.

« Oh que si tu as encore des choses à perdre. » protesta la blonde en se tournant vers Gabriel, qui n'avait toujours pas bougé.

Jordan se rapprocha du premier ministre.

« J'ai des photos. » continua Marine. « Je n'hésiterai pas à les publier si tu dis un mot à qui que ce soit. »

Sur ce, elle quitta la pièce et se rapprocha de l'entrée.

« Fais attention à ce que tu vas faire. » menaça la femme avant de claquer la porte derrière elle, plongeant l'appartement dans un silence assourdissant.

Le soleil pointa enfin le bout de son nez. Jordan n'avait pas fermé l'œil de la nuit. Il avait beau dire le contraire, il était attristé par le fait de ne plus faire partie du Rassemblement National. Il vivait pour la politique, mais maintenant que c'était fini, il était comme un bateau perdue au milieu d'un océan vide, naviguant sans destination précise.

Heureusement, il y avait Gabriel. Il dormait paisiblement, sa poitrine montante descendante à chaque respiration. Jordan essayait de se focaliser sur lui pour ne pas penser à tous ses autres soucis. C'est assez comique quand on sait que la veille, il faisait tout le contraire.

Il avait beau essayer, ses pensées dérivaient toujours vers Marine. Il la détestait au plus haut point. Cette femme lui donnait la nausée. Il avait envi de lui pourrir la vie comme elle était entrain de pourrir la sienne. Elle l'avait manipulé de A à Z, et lui, il retombait toujours dans ses filets...

Gabriel bougea. Jordan sursauta, coupant le cours de ses pensées. Le premier ministre se frotta les yeux, émergeant du sommeil.

« Tu es déjà réveillé ? » murmura t-il d'une voix enrouée en voyant le plus plus jeune qui regardait par la fenêtre d'un air rêveur.

Il était effectivement tôt, seulement sept heure du matin. Jordan fut rassuré de voir que le plus âgé était enfin réveillé, ce serait plus facile de penser à autre chose maintenant.

« Tu as bien dormi ? » questionna le président du RN, pour ne pas avoir à dire que, lui, n'avait pas fermé l'œil.

La plus âgé se leva et acquiesça.
 
Il vint rejoindre Jordan qui lui fit un rapide baiser sur le front, puis ils allèrent se préparer pour commencer une nouvelle journée de travail. Enfin, seulement pour Gabriel...

Même s'il n'était plus le bienvenu, Jordan allait se rendre au siège du Rassemblement National aujourd'hui.

Il voulait gâcher la vie de Marine et il allait tenir sa promesse...

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Quand la politique s'efface... (bardella x attal)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant