Prologue

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Assise à une table où j'avais tapé l'incruste depuis près de trente minutes, je jouais distraitement avec l'ourlet de ma robe afin de dissimuler mon humeur, après avoir dégusté deux coupes de champagne. .
Je tirais maladroitement sur un fil, observant avec horreur les ravages sur le tissu : la délicate soie rose pâle que ma mère m'avait contraint à porter s'était désintégrée entre mes doigts. Je reprenais mes esprits et me servais un autre verre, que je bus d'un trait. La femme assise en face de moi me scrutait intensément.

— Quoi ? m'exclamai-je sous la défensive.

— Une jeune fille de ton âge ne devrait pas consommer autant d'alcool.

— De quoi je me mêle ? rétorquai-je en me servant un autre verre. Bien que j'essayais de dissimuler ma peine, cela ne signifiait pas que je n'éprouvais pas de douleur

La trahison des deux personnes en qui j'avais grande confiance me procurait une douleur équivalente à celle d'un pieu enfoncé dans la poitrine. Mais ,en ce jour qui se voulait heureux pour , je ne pouvais ni crier ni pleurer. Il ne me restait d'autre recours que de me noyer dans l'alcool pour échapper à cette souffrance.

Le quatuor marqua une brève pause avant d'entamer une musique plus mélodieuse que la précédente. Je levai les yeux vers la piste de danse, pestant contre Summer et Shaun. D'un mouvement décidé, je tirai sur le fil de mon ourlet, et le bruit d'une déchirure accompagna mon geste. C'était fait, je l'avais vraiment abîmée. La dame me regarda d'un air horrifié en secouant la tête.

Je me redressai et ajustai ma robe Je devais faire bonne impression en ce jour si important pour ma mère. Les échanges d'alliances, l'ouverture du bal, la découpe du gâteau et le départ des mariés pour leur lune de miel à Bora Bora constituaient quatre moments clés durant lesquels on attendait de moi un sourire radieux et une joie manifeste.

J'étais bien entendu ravie pour ma mère. Avec une attitude fière et un sourire rayonnant, je remplissais mon rôle de fille heureuse pour elle.

Mon nouveau beau-père et elle s'avançaient jusqu'à la piste de danse, située au centre de la salle. Il enroula une de ses mains autour de sa taille, tandis que l'autre tenait délicatement l'une de ses mains. Ma mère posa sa main libre sur son épaule, et la valse commença.

Leur mouvement n'était pas hésitant, mais plutôt aérien, souple et harmonieux. Cette danse témoignait du soin méticuleux avec lequel maman avait préparé ce moment. Je le sais d'autant plus que j'avais été sa cavalière chaque soir lors de ses répétitions. Ils semblaient plongés dans leur propre monde, se fixant dans les yeux tout en échangeant des sourires tendres. C'était magnifique, et je ressentais une grande joie pour eux. D'un regard, je fis le tour de la foule constituée de la famille de Tom , amis et collègues.

Cela me rappelait que j'avais réservé une chambre pour conclure la soirée avec Shaun. J'avais concocté un programme prometteur pour nous deux, mais maintenant, tout tombait à l'eau.Je ressens une profonde haine à son égard en raison de trois années de relation désormais anéanties. Ce qui m'affligeait le plus n'était pas tant l'acte de tromperie, bien que cela soit également douloureux, mais plutôt le fait que cela ait été fait avec une personne en qui j'avais une confiance absolue, quelqu'un que je n'aurais jamais imaginé capable d'une telle trahison. Comme on le dit si souvent, le mal ne vient jamais de loin.

Shaun a été mon premier amour. Il a été mon premier baiser, mon premier fantasme et ma première expérience intime. Je l'aimais profondément et nourrissais l'espoir d'un avenir à long terme à ses côtés. Cependant, il ne s'agissait que d'une illusion. On dit souvent que le premier amour n'est pas nécessairement le bon, et peut-être que cette affirmation contient une part de vérité. D'autre part, il est également avancé qu'on n'oublie jamais son premier amour. Pourtant, pour ma part, j'étais résolue à effacer toute trace de cette personne de ma vie. Si nécessaire, j'étais prête à reconfigurer mon cœur et mes pensées.








La cérémonie touchant à sa fin, nos jeunes mariés se préparaient à prendre congé de nous. Ma mère avait échangé sa robe de cérémonie contre une robe droite blanche en dentelle à manches papillon, s'arrêtant au genou. Son mari, quant à lui, s'était contenté de retirer sa veste et son nœud papillon, laissant les trois premiers boutons de sa chemise ouverts et retroussant les manches.

— Prends bien soin de toi, mon trésor, commença ma mère à l'entrée de l'hôtel où nous étions. Assure-toi que les portes et les fenêtres soient bien fermées avant de te coucher.

— Oui, maman, je te le promets , répondis-je.

— En cas de souci, n'hésite pas à me contacter et rends-toi directement auprès de Madame Douglas ; je lui ai donné quelques instructions te concernant.

— J'ai 18 ans, maman, je suis majeur et responsable. Je lui ai répondu avec un sourire, comprend parfaitement son inquiétude. Ma mère et moi n'avons jamais été séparées aussi longtemps que je m'en souvienne, cela a toujours été elle et moi. Tout ira bien, ne t'inquiète pas et profite pleinement de ta lune de miel.

Elle me regarda, visiblement peu convaincue.

— Et si nous t'emmenions avec nous ? Lâcha t -elle soudainement. Et Oui, elle avait activé le mode mère poule. Elle était visiblement très sérieuse.

— Madame Archibald, lui dis-je, votre mari vous attend. Elle fut un instant surprise que je  l'appelle  par son nouveau nom, puis elle poussa un soupir. Je croisai le regard de Tom qui nous observait et il me sourit, un sourire que je lui rendis. Tout ira bien, maman, je suis une grande fille. Elle finit par se résigner.

— Appelle-moi si tu as le moindre souci, d'accord ? À mon retour, nous discuterons de ce que tu me caches actuellement. Elle n'était pas dupe ; il était évident qu'elle avait remarqué qu'il se passait quelque chose. Après tout, elle n'avait croisé ni Summer ni Shaun durant toute la cérémonie. Je hochai la tête sans ajouter d'autre commentaire.

— Je t'aime, me confia-t-elle en me prenant dans ses bras. Je t'aime tellement, mon trésor. Elle me caressa la joue doucement.

— Je t'aime également, maman. Nous échangeons un regard tendre. Allez, dépêche-toi, Ton mari t'attend. Elle acquiesça vigoureusement avant de rejoindre Tom, qui lui ouvrit la portière de la voiture, elle entra après quoi il s'y glissa à son tour.

Ils me firent un dernier signe de la main avant que le véhicule ne prenne son départ. Je demeurai debout à l'entrée, observant la voiture s'éloigner jusqu'à ce qu'elle disparaisse complètement de mon champ de vision.

C'était fait, ils étaient partis.













Voici la fin de prologue

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