Chapitre 16

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Ben m'avait déposé depuis cinq minutes déjà. Le retour s'est effectué dans un silence pesant. Il était concentré sur la route, tandis que, pour éviter de croiser son regard, j'avais plaqué mon visage contre la vitre, contemplant la ville qui défilait sous mes yeux.

— C'est moi, je suis rentrée, annonçai-je doucement en franchissant la porte.

— Alors, comment s'est passé ton rencard, ma chérie ? s'exclama ma mère depuis le salon. Je suivis sa voix et me plaçai devant l'entrée de la pièce.

Je les découvris absorbés par une partie de poker, des billets éparpillés sur la table.

Je ne pouvais m'empêcher de penser que ces deux-là avaient dû se rencontrer dans des circonstances plutôt douteuses.

— Ce n'était pas un rencard, maman. Elle leva les yeux vers moi.

— Qu'est-ce qui t'est arrivé aux lèvres ? demanda-t-elle. Je posai immédiatement les doigts sur l'endroit mentionné.

— Quoi ?

— Elles sont enflées.

— Ce n'est rien... c'est, euh... une allergie.

— Depuis quand es-tu allergique aux baisers ?

— Ce n'est pas une allergie aux baisers, répondis-je en me défendant.

— Ah non ? À quoi fais-tu une allergie alors ? Elle posa une carte sur la table après son mari.

— À un truc, je me contentais de répondre. Ils levèrent tous deux les yeux sur moi, me fixant d'un regard moqueur.

— D'accord ! Ils reprirent leur jeu. Tu veux que je te chauffe le dîner ?

— Pas la peine, j'ai déjà dîné. Ils semblaient tellement à fond dans leur jeu que j'avais l'impression de les déranger. Je monte dans ma chambre. Bonne nuit.

— tu veux que je te trouve une pommade ? me demanda-t-elle pendant que je m'apprêtais à m'en aller.

— Quoi ?

— Une pommade pour "ton allergie." Elle désigna délicatement mes lèvres tout en articulant bien les deux derniers mots, tandis que Tom réprimait un éclat de rire. Ces deux-là se foutaient clairement de ma gueule.

— Ce n’est pas nécessaire. Ça va partir tout seul.

— D'accord ! Bonne nuit, mon trésor.

— Bonne nuit, maman, et bonne nuit, Tom.

— Fais de beaux rêves, Ella.

Je quittai la pièce rapidement, montant les escaliers deux par deux. J'arrivai dans ma chambre, où je fermai doucement la porte avant de poser mon sac sur le lit et de me diriger vers la salle de bain.

Me regardant dans le miroir, je remarquai que mes lèvres étaient en effet enflées, preuve que je m'étais roulé une pelle . Je laissai échapper un soupir.










Quelques jours s'étaient écoulés depuis ce fameux soir où Ben m'avait embrassé. Rien n'avait changé dans ses habitudes ni dans son comportement. Nous continuions à échanger des messages et à nous voir, mais nous n'avions plus abordé cette histoire. Il m'avait dit qu'il me laisserait réfléchir, et il a tenu sa promesse. Cependant,  je n'avais pas toujours pris le temps d'y penser.

Chloé, dans sa grande curiosité, m'avait posé de nombreuses questions, et pour qu'elle puisse se désintéresser du sujet, j'ai décidé de lui répondre. Je lui ai raconté toute cette soirée, en omettant toutefois le moment du baiser. À la fin de mon récit, elle n'a pas pu cacher sa déception.

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