chapitre 14

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Avec mes longs cheveux bruns relevés en un chignon improvisé et enveloppée dans une épaisse serviette de bain, je me suis penchée sur le miroir embué de la salle de bain lorsque j'ai entendu mon téléphone émettre un petit bip. En m'approchant pour le saisir, je remarquai que Ben m'avait envoyé un nouveau message. Un sourire se dessina sur mes lèvres.

Voilà déjà plusieurs jours que lui et moi échangeons des SMS, et je devais avouer que discuter avec lui ne me déplaisait pas. Je le trouvais assez intéressant, avec un sens de l'humour quelque peu décalé.

Je me séchai les cheveux en vitesse et enfilai une petite jolie jupe évasée avant de mettre un pull léger par-dessus un débardeur. Ensuite, je mis mes baskets puis ,je pris mon sac et jetai un dernier regard au miroir accroché à ma porte. J'avais un cours particulièrement important aujourd'hui, alors je ne pouvais pas me permettre d'être en retard.








— Je vais vous confier un travail d'écriture que vous devrez me rendre dans deux semaines , annonça notre professeur en retirant ses lunettes.  Chacun d'entre vous devra me soumettre un résumé, formulé avec ses propres mots, de l'œuvre " The Grapes of Wrath " ( Les Raisins de la colère) de John Steinbeck. J'imagine que tout le monde ici l'a déjà lue.

La salle s'anima immédiatement , et des murmures s'élevèrent. Il semblerait que la grande majorité n'ait jamais ouvert ce livre, bien qu'il figure au programme cette année.

— Silence ! intervint notre enseignant d'une voix ferme. Vous disposez de deux semaines, ce qui vous laisse amplement le temps de lire l'œuvre et d'en réaliser un résumé. Je ne vois pas où se situe le problème.

— Il se fou de nous? Chuchota Chloé près de moi. Il sait combien ce livre est volumineux, ou il le fait exprès.

— 640 pages, pour être précise. Elle me regarda avec horreur.

Les murmures s'intensifiaient. Chacun parlait, mais personne n'entendait vraiment les autres.

— Plus que vous êtes si enthousiastes,  vous ajouterez également  une critique de l'œuvre. Il ajouta alors que le bruit monta d'un coup.  Le cours est terminé,  conclut-il en rangeant ses affaires, tout en ignorant les protestations des élèves.

— Je ne vais jamais m'en sortir.

— Je te conseille de t'y mettre tout de suite.

— Tu l’as déjà lu ? Je fis un signe  affirmatif de la tête.

— Comment est-ce possible ?

— Tout simplement parce que c'est une œuvre au programme, j'ai simplement pris de l'avance. Je rangeai mes livres dans mon sac et me dépêchai de quitter la salle.

— Alors fais moi un petit résumé  s'il te plaît ?

— Ne rêve pas.

— Aller  copine. Je risque de m'ennuyer à mourir en le lisant.

— Qu'es  tu  venu faire en littérature au juste ? Elle haussait les épaules. Tu as deux semaines devant toi, je te conseille de commencer dès aujourd'hui.  Lâchais - je pendant que vous traversions le couloir.

— Ton mec est là. Je regardais devant moi et Ben se tenait adossé contre un mur, ses bras musclés croisés sur sa poitrine.

— Je t'ai déjà dit que ce n'était pas mon mec.

— Ouais, c'est ça. Nous nous sommes avancées vers lui.

— Qu'est-ce que tu fais là ? Je demandais aussitôt en me rapprochant de lui.

— Je viens en paix, Ella. Il afficha son foutu sourire. Tout d'abord, bonjour. Salut Chloé.

— Salut, lui répondit cette dernière.

— Je te le redemande : qu'est-ce que tu fais là ?

— Si féroce ! Il se mit à rire. J'entendis Chloé retenir un éclat de rire derrière moi. Je suis ici pour qu'on déjeune ensemble.

— C'est très gentil à toi, mais je n'ai pas envie de me mettre à dos toutes les filles du campus. Il fronçait les sourcils, perdu.

— De quoi tu parles?

— Regarde autour de toi. Il se mit à observer. Toutes les filles me dévisagent chaque fois que je discute avec leur quarterback préféré.

— Et alors ?

— Je ne veux pas des emmerdes

— Donc, tu préfères m'éviter.

— C'est exactement ça.

— Je refuse!

— Tu le fais exprès ou quoi ?

— Je me moque de ce que les autres filles chuchotent ou pense Ella j'ai envie de déjeuner avec toi c'est tout. J'ouvris la bouche pour répondre, mais la refermai rapidement. Vu le regard qu'il me lançait, je perdais mon temps.

— Dans ce cas, allons déjeuner. Je me mis en marche et les entendis me suivre derrière. J'ai le pressentiment que cette histoire ne va pas bien se terminer.









Assis tous les trois à une table du restaurant universitaire, je gardais la tête baissée pour éviter de croiser les regards insistants posés sur nous. J'étais persuadée que nous étions au centre des conversations de presque toutes les personnes présentes dans cette salle.

Alors que je priais en silence pour que le sol s'ouvre et m'engloutisse , Chloé et Ben tapaient paisiblement la causette comme s'ils étaient amis depuis longtemps. Cette fille avait une confiance en elle désarmante, au point que je ne pouvais m'empêcher de ressentir une certaine envie pour son insouciance.

— Sinon,tu fais quoi demain soir ?  me demanda Ben en frottant doucement son doigt devant moi pour me pousser à lever la tête.

— Pourquoi cette question ?  répondis-je avec curiosité.

— Parce que j'aimerais t'inviter à sortir,  dit-il avec un sourire.

—Tu es en train de me proposer un rencard ?

— Peut-être bien, répondit-il, tout en maintenant son regard sur le mien.

— Qu'est-ce qui te fait penser que ça  m'intéresse de sortir avec toi  ?  Je levai un sourcil, espérant écorché un peu son ego. À ce moment-là, Chloé me donna un léger coup de pied sous la table. Je me tournai vers elle, les yeux écarquillés, et elle me répondit par un grand sourire.

— Allez, quoi, accepte ! Ce serait une belle occasion de te faire visiter la ville.

— Non, je  dis catégoriquement. Il posa son regard bleu sur moi, me dévisageant de façon curieuse pendant un moment. Quoi ?

— C'est la première fois que je me fais rembarrer par une fille.

— Ça te choque ?

— Un peu. Il s'appuya contre le dossier de la chaise.

—Il y a une première fois à tout dans la vie. Il garda le silence en me fixant, et j'avais l'impression qu'il était déçu. Pendant ce temps, j'essayais d'ignorer les coups de Chloé sous la table pour m'inciter à changer d'avis.
Mais tout cela n'était pas nécessaire. Je n'avais pas encore surmonté ma trahison et je n'étais pas prête à envisager une nouvelle relation. J'avais bien compris ses intentions, et je ne souhaitais pas lui donner de faux espoirs. Cependant, en voyant son expression déçue, j'ai finalement cédé. Très bien ! Je suis d'accord pour sortir avec toi, juste une fois, et ensuite ce sera terminé.

— Ça me convient. Un léger sourire satisfait s'afficha sur ses lèvres. Pour le moment. Il prit une gorgée de son soda.

— Et toi, arrête tes coups sous la table bordel ! dis-je en me tournant vers elle. Elle éclata de rire avant de reprendre son déjeuner. Je levant les yeux au ciel.



















Voilà pour ce chapitre !

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Merci beaucoup.

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