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La nuit tombe sur le silence insupportable causé par les évènements de la journée, mais même la lune n'est pas au rendez-vous. Je revois le corps vide de cette fille et un frisson me traverse le corps alors que de profondes pensés m'empêchent de trouver le sommeil. Selon le docteur, il s'agirait d'un empoisonnement. Si vraiment le poison était dans la nourriture, alors n'importe laquelle de nous aurait pu être à sa place. Cette simple perspective me donne la nausée. Mais elle est la seule à avoir bu ce thé glacé, alors je suppose que c'était bien visé. Qui auraient pu ? Et pourquoi ? C'est si cruel...

Toutes ces pensées néfastes me perturbent, je décide donc d'aller faire un tour pour essayer de me vider l'esprit. Je sors de la chambre et marche lentement et silencieusement dans le couloir sombre où je ne vois même pas où je mets les pieds. En passant devant une des portes, j'entends la voix de Stephen et je m'arrête par curiosité. Je crois bien qu'il s'agit de la chambre de Luce. Je me place à côté de la porte pour bien écouter.

- Comment peux-tu être si sûr que c'est lui ?

- C'est lui ! Ca a toujours été lui ! Varshavsky est le seul à être capable d'une telle sournoiserie pour me nuire. Il a profité de la mauvaise réputation de May pour créer cette scène macabre. Si Gregory n'était pas intelligent, ça se serait terminé en guerre de gang et qui sait qui d'autres allait mourir

J'arrête d'écouter alors que je me rends compte que je suis en partie responsable de ce qui s'est passé, j'ai donné une ouverture à l'ennemi. Etait-ce la meilleure manière de remercier ceux qui m'ont si bien accueilli ? Finalement, je retourne dans ma chambre sans grand espoir de trouver le sommeil et supplément de culpabilité dans le cœur.

Le lendemain, les filles et moi sommes rassemblées dans le salon, profitant d'une manucure-pédicure. Et comme toujours, les sujets de conversation ne manquent pas d'être instructifs.

- (Yasmine) Vous avez remarquées ? Tout le personnel a été changé

- (Jayna) Oui, et ils sont tous italiens, ils ne comprennent rien d'autres

- (Daisy) C'est pratique pour parler tranquillement, mais c'est étrange...

- (Grace) Apparemment, Stephen a fait enfermer tous les anciens pour les interroger

- (Yasmine) Tous !?

- (Abbie) Tu veux dire qu'il y avait une taupe parmi les domestiques ?

- (Karla) Ca expliquerait l'incident d'hier...

- (Evelyne) Au fait, qui est vraiment ce Gregory ? Il avait l'air de connaitre Stephen depuis longtemps

- (Daisy) C'est un parrain de la mafia italienne

- (Yasmine) En y pensant, c'est peut être lui qui a fournis tout ce nouveau personnel

- (Livia) Mais pourquoi ?

- (Luce) Les filles, j'ai un truc à vous dire... Mais ça doit rester entre nous...

La déclaration de Luce impose le silence tellement ça semble sérieux.

- (Luce) Stephen a juste enfermé nos anciennes domestiques pour avoir des aveux concrets, mais il est quasiment certain que c'est Varshavsky qui est derrière tous ca

- (Grace) ah ce vieux sénile ! Il n'est pas fatigué de chercher des noises tout le temps...

- (Moi) Tu veux dire que ce n'est pas la première fois ?

- (Grace) Bien sûr que non. Depuis ce fameux jour où Stephen l'a empêché d'acheter le patrimoine des Belograndskaïa, cet homme lui voue une haine sans pareille

- (Evelyne) Il a déjà essayé d'assassiner Stephen plusieurs fois

- (Livia) Il s'en est aussi déjà pris à nous, mais ça a toujours échoué

- (Moi) Mais si cet homme est si dangereux, alors pourquoi Stephen ne s'en débarrasse pas ? A la « mafia style »

- (Holly) Il parait qu'il a des contacts très puissants

- (Yasmine) C'est même un ami de longue date du président lui-même

- (Luce) Justement, j'y venais. De peur qu'il n'arrive à ses fins un jour de malchance, Stephen a décidé de régler cette situation une bonne fois pour toutes. Il organise actuellement un coup d'état...

Nous poussons toutes un cri de stupeur en entendant cette dernière phrase.

- (Abbie) Stephen !? Président !?

- (Luce) Non non non... Tu sais qu'il a horreur des caméras. Il compte plutôt aider une personne de confiance à être président

- (Evelyne) ah c'est plus logique...

- (Karla) Non mais c'est dangereux. Et si cette personne de confiance finit par nous trahir ?

- (Luce) Voilà pourquoi il compte choisir une personne assez manipulable, comme le premier ministre par exemple

- (Daisy) Pas bête...

- (Luce) Quoi qu'il en soit, ça risque d'être violent et sanglant, alors quand il sera prêt, il nous fera tous quitter discrètement le pays pour quelques temps

- (Livia) Nous devons donc nous tenir prête...

- (Grace) Ouais... Moi je crains juste que si son père devient président, Sabrina risque de l'inciter à adopter une loi contre les bons gouts vestimentaires...

Nous ne pouvons nous empêcher de pouffer de rire face à cette remarque étrangement réaliste. Nous détournons ensuite la conversation vers des sujets plus gais. Mais au fond, aucune d'entre nous n'oubliera cette conversation et les inquiétudes qu'elle a soulevée. Juste que personne ne veux être déprimé ou inquiéter Stephen, alors on fait volte-face. Nous avons continuées dans cet état d'esprit pendant deux mois, deux longs mois bien calmes, aussi calmes que le silence avant une tempête.

Puis un soir, au moment de raconter une histoire aux enfants pour les endormir, alors que nous sommes tous réunis et attentifs, Stephen décide d'annoncer la grande nouvelle.

- Que diriez-vous d'aller en vacances ?

En entendant le mot vacances, les enfants bondissent de leurs couchettes et se mettent à sauter de joie dans tous les sens. En même temps, ils ont travaillés dur tout au long de l'année, ils devaient rêver de vacances ailleurs. Nous aussi faisons semblants d'être surprises et enjouées, vu que nous sommes sensées n'être au courant de rien. Il se tourne vers nous avec un visage bien souriant.

- Je vous laisse décider de la destination, de toute façon je ne pourrais pas venir avec vous parce que j'ai encore beaucoup de travail ici...

Les filles et moi nous regardons en essayant de ne pas montrer notre inquiétude. Heureusement, Luce intervient pour abréger les choses.

- C'est super, mais il se fait tard... On décidera d'une destination demain, n'est-ce pas ?

Elle se retourne vers nous pour du soutien et nous hochons toutes nos têtes pour l'épauler.

- Tu devrais lire aux enfants leur histoire, pour qu'ils aillent dormir...

Il acquiesce tranquillement et demande aux enfants de se calmer avant de commencer à leur lire leur histoire. Mais aucune d'entre nous n'est concentrée comme d'habitude, aucune n'a le cœur posée et nos regards ne trompent pas. C'est comme si nous avions toute le même sentiment, le même pressentiment que quelque chose de grave allait se produire.

HostageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant