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Deux jours plus tard

Point de vue de Stephen

Comment est ce possible qu'un si vieil homme soit si résistant ? Il a pris un temps fou pour rendre l'âme, mais au moins c'en est fini. Une fois son dernier souffle rendu, je suis allé apporter la nouvelle personnellement à Gregory. J'espère que la mort de l'assassin de sa fille, l'aidera à faire son deuil. Gregory est un allié de taille dont je ne compte pas me passer d'aussi tôt, et j'ai besoin qu'il se remette vite sur pied. Apres cela, je me dépêche de rentrer à la maison, j'ai tellement hâte de voir May, ma chère et tendre...

Mais à ma grande surprise, à mon arrivé, tout le monde vient m'accueillir chaleureusement, sauf elle. Même Livia, qui n'est sortie que récemment de l'hôpital et qui est encore faible, est venue me sauter dans les bras. Apparemment, May n'a pas quitté sa chambre depuis deux jours, elle refuse de voir ou de parler à qui que ce soit. Etrange. Est-ce qu'elle aurait décidée de faire une grève de la faim jusqu'à mon retour ? Est-ce qu'elle s'inquiète pour moi à ce point ? Je m'en sens honoré, j'ai tellement hâte de la voir, de la serrer contre moi, j'ai même une érection depuis que j'ai franchis le portail. Je sais que c'est mauvais pour mon foyer d'aimer l'une de mes femmes plus que les autres, et pourtant...

J'ouvre doucement la porte de sa chambre et la voit, assise sur son lit, le regard plongé dans l'horizon que lui montre le balcon de sa chambre. Elle ne réagit pas à mon intrusion dans la pièce, peut-être qu'elle n'a pas remarqué. Je vais donc me poster devant elle, en me retenant de juste embrasser ses lèvres en sucre sans prévenir. Elle lève enfin ses yeux clairs et brillants vers moi, et son mince visage s'étire dans un doux sourire qui me coupe le souffle. Qu'elle est belle !

Elle se lève doucement sans détourner ses pupilles des miennes, se rapproche sensuellement, pose délicatement ses bras sur mes épaules et réduit lentement l'écart entre nos visages, un doux supplice. Mais au lieu de ses lèvres sur les miennes, c'est son genoux qui s'écrase violemment contre mon entre jambe. La douleur me montre brusquement jusqu'à l'estomac et je tousse en essayant de ne pas vomir. Je tiens mes boules, que j'ai l'impression d'avoir sentie craquer, et me courbe en avant pour essayer de contenir la douleur, mais je n'ai même plus de souffle. Je fais quelques pas en arrière et me tiens au mur pour ne pas tomber malgré mes vertiges.

Qu'est-ce que j'ai encore fait bordel !?

Je croyais qu'elle serait heureuse et fière de moi, que j'en ai fini avec Varshavsky et que j'ai retrouvé l'enfant. Mais quand je relève mon regard vers elle, je ne suis plus sûr de rien, je ne comprends plus rien. Elle pleure à chaudes larmes, les poings serrés, le regard plein de dédain, elle arrive à peine à contenir sa colère.

- Comment... COMMENT as-tu pu me faire ça... TU N'ES QU'UNE ORDURE !

Elle me pousse, m'empoigne le vêtement et me bouscule et m'insultant de tous les noms. J'attrape ses mains et essaye de la maitriser sans lui faire mal mais elle continue de se débattre en pleurant et hurlant.

- Mais de quoi tu parles !? Calme-toi...

Elle me coupe la parole en me donnant deux claques brulantes dont seule elle a le secret. Je me fige pour savourer la sensation de brulure sur mes joues, en plus de la douleur que j'ai encore entre les jambes, j'avoue que la, si elle n'a pas une bonne raison, elle aura droit à une bonne fessée. Mais en voyant son visage déformé par la colère et la tristesse, un sentiment de culpabilité m'envahit, alors que je ne sais même pas ce que j'ai fait pour la mettre dans un tel état.

- N'ose même pas dire de me calmer. Tout est de ta faute, TOUT ! A cause de quelques hectares pour tes drogues, tu as tué des gens ! TU AS TUE MES PARENTS !

En entendant ses mots, j'ai un pincement au cœur. Ce n'est pas possible.

- Qui te l'a dit ?

- Tu n'essayes même pas de nier ? Ce n'était donc pas un mensonge...

Elle se retourne et pose sa main sur son front alors que les larmes coulent de plus bel sur son visage, comme si elle entendait l'histoire macabre une fois de plus. Mais elle n'était même pas sensée l'apprendre. Qu'est ce qui s'est passé durant mon absence ? Je lui attrape le bras pour qu'elle se reconcentre sur moi, il faut qu'elle réponde.

- Dit moi qui te l'as dit

- Lâche-moi... Tu me dégoutes... Ça t'amuse d'épouser une fille orpheline par ta faute ? Tu te sens plus puissant ? Supérieur ?

- Dit moi qui !!

- LACHE MOI ! TU ME FAIS MAL !!

Je me fige un instant et remarque que j'ai perdu le contrôle un moment. Je la lâche donc et elle quitte devant moi. Mais je ne peux pas m'empêcher de trembler, de colère et de peur, j'ai peur de la perdre, je ne supporterais pas de la perdre. Je la suit donc par derrière en essayant de m'excuser, mais quand elle arrive devant sa coiffeuse, elle se retourne brusquement et me colle une petite paire de ciseaux contre la gorge. Elle me regarde avec colère, dédain...et pitié. Il n'y a plus de marche arrière maintenant qu'elle est au courant, mais je préfère qu'elle me haïsse plutôt qu'elle ne soit loin de moi.

- Si tu veux le planter dans ma gorge, vas-y

Je fais un pas de plus vers elle et sens l'outil tranchant s'appuyer contre ma peau, mais elle tremble. La peur et le désespoir se lisent sur son visage alors que je pose mes mains sur le meuble derrière elle, de manière à encadrer son mince corps de mes deux bras.

- Mais je te préviens, ma mort ne changera rien. Ça ne te ramènera pas ta famille, ça n'effacera pas ce qui a été fait, et tu n'auras même pas la paix après t'être vengée

Je la fixe silencieusement et la laisse trembler en regardant l'outil tranchant, un peu trop près de mes veines. Puis elle expire un grand coup et fond à nouveaux en larmes en se laissant glisser lentement au sol. Le son de ses pleurs me fendent le cœur, c'est pire que si elle m'avait planté les ciseaux dans jugulaire. J'aimerais lui dire que j'aurais aimé que les choses se passent autrement, que je n'ai jamais voulu lui faire du mal, et que tout ça n'est qu'un malheureux coup du hasard. Mais je sais qu'elle ne comprendrait pas et qu'elle verrait ca juste comme des excuses pour ne pas assumer ce que j'ai fait. Mais comment aurais-je pu savoir a l'époque que j'éprouverais de tels sentiments pour une personne vivant sur ces terres dont j'avais tant besoin pour mon ascension dans le monde de la mafia ?

C'est peut être égoïste de ma part, mais j'aurais voulu qu'elle ne l'apprenne jamais, qu'elle oublie juste tout ceci, pour éviter ce spectacle désolant. Quand je pense que tous mes efforts ont étés réduits a néant par une seule personne, une maudite personne qui a osée se mêler de ce qui ne lui regardait pas. Je quitte la pièce avec la rage dans l'âme, il faut que je retrouve cette personne. Ça n'a pas été très compliqué, il y a des caméras de surveillance partout, et des gardes postés dans l'ombre. Apparemment, cet homme que j'ai chargé de ramené le bébé, s'est infiltré dans la demeure tard dans la nuit. J'ai donc demandé une enquête approfondie sur lui et il m'a suffi de voir son visage sans masque, pour savoir de qui il s'agissait. Comment ai-je pu être aussi négligeant ? J'aurais dû remarquer, ce soir-là au village, que les yeux de l'homme avec qui elle se disputait, m'étaient familiers. Pendant tout ce temps, j'ai mis ma confiance en l'ex petit ami de ma femme, et voilà comment il me remercie.

Il va falloir que je répare cette erreur au plus vite...

HostageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant