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Il était une fois, au sud-est du Canada, en Alaska, dans les fins fonds d'une foret connue pour sa densité, son climat fraichement impétueux, et son relief surprenant, se cachait un petit village calme vivant au rythme de mère nature. La petite vingtaine d'habitants était des agriculteurs et artisans nés, dont le quotidien était fait de joie, de paix, d'harmonie, de cohésion. Jusqu'au jour où, venus de nulle part, des trafiquants de drogues ont débarqués et ce sont appropriés nos terres fertiles de force. Ils ont tués plus de la moitié de la population et brulés plusieurs maisons, tout pour instaurer la peur et nous forcer à les obéir. Parmi leurs victimes, il y avait mes parents et ma grande sœur...

Je m'appelle May Sparkle, aujourd'hui j'ai 22 ans, mais à l'époque j'en avais 16, quand ma famille s'est faite fusillée sous mes yeux. Depuis, ces trafiquants de drogue ont établis campement ici et nous, les survivants du massacre passé, travaillons pour eux. Nous plantons pour eux du cannabis, de la marie Juana, du chanvre et d'autres drogues, puis nous les travaillons et les transformons en poudre de qualité. En échange, ils nous procurent des ratios de nourriture et ils nous laissent en vie. Ca fait déjà six longues années que les choses sont ainsi, tout le monde semble s'être adapté, sauf moi. Au fond, je prie et je sais qu'un jour je me vengerais d'eux tous et que je quitterais cet endroit pour de bon.

Alors que je termine d'arroser mes jeunes plantes, ma pensée est coupée par l'entrée d'intrus dans ma tente de culture. C'est Carlos, un homme rond et court dont le ventre prépondérant menace de faire exploser quelques boutons de sa chemise fleurie, le visage et les cheveux graisseux, un vrai porc, accompagné par les voyous qui lui servent de garde du corps. Depuis le massacre, il s'est auto-proclamé chef de la communauté et il fait la loi ici, mais il ne me fait pas peur, il m'écœure juste. Il s'approche et caresse les plantes en inspirant profondément avec un grand sourire de satisfaction.

- Merveilleux ! Pour quand est prévue la récolte ?

- D'ici un mois ou deux

- C'est trop, il faut accélérer le rythme

Je pose mon arrosoir et le regarde sans pouvoir me retenir de lui faire remarquer son ignorance avec un ton sarcastique.

- Et comment je fais ça moi ? Tu veux que j'invoque les esprits de la terre peut être ? Une danse de la pluie ? Ah ! Je sais ! Un chant pour Mère Nature ?

- Eh ! Parle-moi bien ou je te promets de te faire danser a coup de feu comme jadis tes parents...

Je vais le tuer ! J'attrape la paire de ciseaux à côté de moi et fonce vers lui avec la simple intention de la lui froutre dans sa grosse gorge de porc. Malheureusement, je suis stoppée dans mon élan par un grand gabarit masculin qui me soulève littéralement du sol. Mais je suis tellement énervée que je ne fais pas attention à lui et continue de pointer ma paire de ciseaux avec la rage dans les yeux. Il s'approche de moi en ricanant sarcastiquement.

- Oh, j'ai peur... Tu comptais me faire du mal, n'est-ce pas ? Tssii...

- Bien... Ris bien, mais ne t'étonne pas si à la fin, la production diminue de moitié...

- Sale....

Il s'approche de manière menaçante mais la personne qui me soulève se retourne de manière à me protéger et stopper Carlos. Les deux s'échangent des regards durant un instant avant que Carlos ne lui adresse quelques mots.

- Si tu ne veux pas qu'il lui arrive quelque chose, tiens la bien en laisse

Puis il s'en va, visiblement en colère, pour mon plus grand plaisir. Mes pieds retrouvent le sol et ce n'est qu'à cet instant que je remarque que la personne qui me tenait était Alexandre, mon ami d'enfance, mais pas que...

Je me fige un moment et mon cœur se serre alors que je me demande si c'est vrai ou si j'hallucine. Ses pupilles bleues sous son regard tiré, cette belle bouche légèrement pulpeuse qui esquisse un sourire discret, ses cheveux châtains bouclés et complètement emmêlés qui lui retombent sur le visage, ce frisson quand il me caresse la joue.... Je ne rêve pas, il est enfin de retour...

Alors que je commençais à me détendre dans ses bras virils, l'orgueil vient toquer à la porte de mon cœur et je quitte brusquement cette douce étreinte en feintant la colère. Il reste sur place sans comprendre ce qui se passe mais je ne m'explique pas et quitte la tente pour aller me refugier un peu loin du village, au bord de la falaise. De là, on capte tout le vent de la nature autour, avec en bas, les arbres, les animaux, les cours d'eau, c'est tellement relaxant à observer. Mais ma solitude n'est que de courte durée. Alex vient s'assoir à côté de moi et ne reste pas longtemps silencieux.

- Je suis désolé, tu sais...

- Non je ne sais rien, tu ne me dis même pas en quoi consiste tes fameuses ''missions''

- Je ne peux pas, je n'ai pas le choix

- Tu avais le choix ! Et tu as choisis de t'allier avec la bande de Carlos ! En deux ans, tu es revenu deux ? Trois fois ?

- Je ne l'ai pas fait par plaisir, c'est pour que l'on puisse se venger...

Je me retourne vers lui avec une expression sérieuse plaquée sur le visage.

- Oui, je veux me venger, je voudrais lui arracher les cordes vocales et le disséquer alors qu'il est encore vivant et bien éveillé, le voir supplier du regard et espérer la mort plus que tout au monde. Oui, je veux le faire souffrir, mais si pour ça il faut que tu deviennes son larbin et que tu fasses son sale boulot, je préfère encore devoir cultiver de la marie Juana jusqu'à la fin de mes jours...

Je me lève et le laisse méditer sur mes mots. Je vais dans la mini-usine où nous transformons la feuille en poudre et me met au travail en silence. Pour la petite histoire, Alex et moi nous connaissons depuis l'enfance et j'ai toujours eu un creush sur lui. Lors du massacre, il a aussi perdu sa famille et je suis devenu sa seule famille. Nous avons traversé cette épreuve ensemble et somme devenus encore plus proches, si bien qu'à mes 18 ans, je lui ai donné ma virginité. Je ne regrette pas, loin de là, c'était une expérience magique et inoubliable qui restera à jamais gravée dans mon cœur.

Mais après cela, il a suivi le chemin de la plus part des garçons de cette communauté, il est devenue un larbin de Carlos. Certains deviennent ses gardes du corps personnels, d'autres sont chargés de la sécurité du village, d'autres du ravitaillement alimentaire, d'autres encore sont chargés de livrer la drogue en ville. Mais Alex, je ne sais pas quelles responsabilités lui ont étés assignées, mais depuis qu'il s'est fait enrôlé, il part n'importe quand et revient n'importe quand. Il peut passer cinq ou six mois à l'extérieur, voire plus, et quand il revient c'est toujours avec de nouvelles cicatrices et de nouveaux tatouages. Et le pire c'est qu'il refuse de m'en parler, même pas dans les grandes lignes.

Et il s'attend à ce que je l'accueille à chaque fois, bras et jambes grands ouverts. Mais ce n'est pas si simple, je me fais du souci pour lui, si par malheur quelque chose devait lui arriver, je ne sais pas ce que je deviendrais.

Je l'avais pourtant supplié de rester cultiver avec moi...

HostageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant