[attal x bardella] ; hit me hard and soft

26 - des sacrifices en guise d'excuses

6 juillet 2024 — 21:03
Point de vue de Gabriel

La semaine s'était écoulée avec une certaine tension, et, tous les jours, la même question tournoyait dans mon esprit : comment réparer ce que j'avais brisé ?

J'étais plus que reconnaissant que Jordan me laisse me racheter. Je n'avais même pas encore compris d'où et surtout comment il avait trouvé la force de continuer à me parler, la force de me regarder dans les yeux, de comprendre mes défauts et mes peurs paniques de l'abandon. Mais il l'avait fait.
La douceur de son comportement m'avait aussi permis, dans la foulée, de comprendre l'intensité de ses sentiments pour moi. Des sentiments qui transcendaient la logique, presque. Qui allaient au delà de tout ce qui était destiné à nous séparer.
Je regrettais amplement mon erreur, et aussi, je savais que je devais aller plus loin encore pour montrer à Jordan que je prenais notre relation au sérieux, que j'étais prêt à tout pour le reconquérir.

Avec la fin de campagne, me responsabilités politiques et les pressions constantes me semblaient de plus en plus insupportables. Cumuler la douleur psychologique de la rupture et l'épuisement au travail était en train de m'achever. Mais plus que tout, je voyais comment mon poste creusait un fossé entre Jordan et moi.
Le Président s'était presque évaporé de la scène politique en France, depuis la dissolution. Il me laissait l'intégralité de son travail sur mes épaules, partant avec ses amis en vacances je-ne-sais-où. Je n'avais jamais été aussi proche de vouloir réellement démissionner.

Et bientôt, il serait temps de faire un choix décisif pour mon avenir professionnel, malgré les résultats des législatives.
Je savais en réalité que Macron voudrait sûrement me garder comme Premier Ministre. Je le connaissais bien maintenant, après avoir travaillé en sa compagnie pendant plusieurs années. Cependant, il ne subsistait aujourd'hui plus rien de ce qui me motivait il y a encore quelques mois auparavant.

Car il avait tout bouleversé. Sa présence dans ma vie et notre amour avaient renversé l'échiquier de mes responsabilités.

L'idée de démissionner de mon poste de Premier Ministre avait commencé à germer en moi après ce fameux soir, lorsque je m'étais senti douloureusement désarçonné face à la réalité de mon acte cruel et calculateur, où je n'avais pris en compte que mes sentiments, et pas ceux de l'homme que j'aimais réellement. Que j'avais méprisé la réalité des sentiments de l'homme que je voulais comme partenaire de vie.

Il y a un mois de cela, lorsque j'avais proposé à Emmanuel Macron de démissionner, je pensais pouvoir éviter la dissolution. Mais ça n'avait servi à rien et il n'en avait fait qu'à sa tête.
Malgré le choc, j'avais eu la foi de me battre.

Toutefois, aujourd'hui, je savais que je pourrais donner mon poste, mes ambitions, même toute ma carrière pour revenir en arrière et ne jamais commettre l'erreur fatale qui avait éloigné -peut-être éternellement- Jordan de moi.

Ce soir-là, après une longue journée de travail, Jordan avait accepté que je me rende chez lui.
Nous partagions uniquement des discussions et de petits moments ensemble, assez distants. Nous évitions d'aborder les problèmes relatifs à notre relation, à l'exception des moments où il me rappelait, assez méchamment, mais sous une couche d'humour, la portée de mes erreurs.

Ce que j'allais lui dire risquait de bouleverser notre fragile équilibre, mais je ne savais pas encore à quel point, ni ce que cela pouvait engendrer. Toujours est-il que je ne pouvais pas lui mentir.

♰

Jordan venait de déposer un paquet de bonbons sur la table et m'avait servi un verre de d'eau.
Il en faisait toujours autant pour moi lorsqu'il s'agissait de me rendre service, et ses démonstrations de gentillesse n'avaient pas changé. Ces petits gestes avaient le don de me réchauffer le cœur.