39 - sous surveillance

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Point de vue de Jordan :

Je me tenais devant le miroir de la salle de bain de ma chambre d'hôtel, en train d'ajuster ma chemise pour la troisième fois. Mes mains tremblaient légèrement, et mon estomac semblait être en proie à une tempête, une tornade d'anxiété.

Aujourd'hui, c'était le grand jour. Le jour où j'allais rencontrer la famille de Gabriel. Sa mère, surtout. Celle qui, d'après ce qu'il m'avait expliqué et ce que j'avais entendu, n'était pas très enthousiaste à l'idée de me voir dans la vie de son fils. Je déglutis difficilement, observant mon reflet.

« Allez, Jordan. Tu peux le faire. C'est juste une rencontre... avec la famille de ton futur mari. T'es bien obligé de passer par là. »

Parler à voix haute ne m'aidait pas vraiment à calmer mes nerfs. Mon cœur battait à un rythme effréné, presque comme s'il allait s'échapper de ma poitrine. J'avais déjà rencontré des gens dans des situations tendues – des conférences politiques, des débats, des réunions importantes – mais là, c'était différent. J'allais me présenter devant la personne la plus importante dans la vie de Gabriel, et je savais qu'elle avait des doutes sur moi, sur nous. Évidemment que ça rendait tout infiniment plus complexe.

Je fermai les yeux un instant, me concentrant sur ma respiration. J'avais besoin de rester calme, d'être moi-même, sans chercher à en faire trop. Gabriel m'avait dit que tout irait bien, que je n'avais pas à m'inquiéter. Mais c'était plus facile à dire qu'à faire.

La voix de mon amoureux m'arracha soudainement à mes pensées.

« Mais j'ai bien entendu là ? Tu as dit futur mari ? » s'exclama-t-il de l'autre côté de la porte fermée, depuis la chambre.

Je laissai échapper un petit rire nerveux en l'écoutant. Alors il avait tout entendu. Même enfermé dans la salle de bain, je n'étais pas assez discret.

« Peut-être que c'est ce que j'ai dit, oui » dis-je dans un rire léger.

J'arrangeai une dernière fois mon apparence, pris une dernière grande inspiration, et sortis de la salle de bain. Mon sac était déjà prêt, posé près de la porte, et je m'assis sur le lit, mes pensées tourbillonnant.

Trois jours avaient passé depuis que Gabriel avait annoncé à sa mère que j'étais en Corse. Trois jours de préparation mentale, de discussions avec Gabriel sur comment tout se passerait. Il avait été d'un soutien incroyable, mais malgré tout, j'avais cette peur énorme qui ne me quittait pas.

Et sa mère ne m'aimait pas ?
Et si elle décidait que je n'étais pas quelqu'un d'assez bien pour son fils ?
Étais-je réellement une bonne personne ?
Pouvais-je être perçu comme autre chose qu'un robot sans cœur ?

Ces questions ne cessaient de tourner dans mon esprit.

Lorsque mon regard croisa celui de Gabriel, assis sur le lit, je fis de mon mieux pour afficher un sourire confiant. Quand ses yeux et les miens se fixèrent les uns dans les autres, un sentiment de soulagement s'empara de moi. Ses yeux marrons, presque noirs, brillaient de cette douceur que je connaissais si bien. Il se leva et s'approcha de moi, pour venir déposer un baiser rapide sur mes lèvres.

« Ça va ? » me demanda-t-il en me scrutant avec attention. « Tu as l'air... un peu nerveux. »

Je ne pus m'empêcher de rire légèrement, échouant à camoufler ma nervosité.

« Nerveux ? Moi ? Non, pas du tout...» ironisai-je avant de soupirer. « D'accord, peut-être un peu. »

Il posa une main rassurante sur mon épaule.

[attal x bardella] ; hit me hard and softOù les histoires vivent. Découvrez maintenant