Aiko

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- Un mois, une semaine et trois jours en arrière -






Journal d'abord... de bord.

C'est mon troisième jour en prison.

C'est la souffrance.

Granny me force à manger des herbes et il n'y a plus de pépites de chocolat dans mes cookies. Les cookies sans pépites c'est juste des biscottes. C'est nul les biscottes. Bron n'a même pas essayé de me sauver, il a même pas essayé de me filer des bonbons en douce. Lui et moi c'est fini, je trouverai un autre meilleur ami. Il n'a qu'à vieillir sans moi. M'en fous. Il a sûrement déjà oublié comment je m'appelle. C'est du traîtrisme.

Le pire dans toute cette souffrance, c'est le bain.

Plus personne ne peut me sauver du bain maintenant. Je suis obligée d'en prendre tous les jours. C'est nul le bain. Je ne comprends vraiment pas. Je ne suis pas une plante moi, pourquoi est-ce qu'on doit m'arroser tous les jours ? Les adultes rendent la vie trop bizarre. Vraiment.

- « Arrête de faire la tête petite fureur, ton visage va se déformer si tu continues. » - c'est granny, elle est entrain de m'enrouler dans une serviette et de me porter jusqu'au lit.

Granny c'est une grand-mère mais elle n'a pas d'enfants, donc elle a décidé d'être la grand-mère de tout le monde. Et je sais que les adultes sont grands, mais granny elle, elle est gigantesque. Comme une montagne. Grande comme ça. Elle sent toujours la cannelle et la gourmandise. Et elle donne les meilleurs câlins du monde. Pour le bain... Elle est vraiment trop nulle. Elle m'a frotté sur tout le corps comme si j'étais une marmite brûlée ! Et je sentais ses ongles s'enfoncer dans mon cerveau quand elle me lavait les cheveux. Si ça continue comme ça je n'aurais plus de peau et je serais nue des organes. C'est pire avec la serviette, on dirait qu'elle veut gommer tout mon corps avec et tout effacer jusqu'à ce que je devienne un papier blanc. Et elle devra frotter longtemps puisque j'ai la couleur de la nuit.

Quelqu'un toque à la porte. Ça y est. C'est ma chance.

- « A l'aide ! Sauvez-moi ! »

- « Aiko ! Arrête de bouger ! »

- « Pitié ! Sau- »

A. entre dans la chambre et rigole quand il nous voit. Pas de chance pour moi, c'est mon kidnappeur et non mon sauveur. Je suis finie. Comme du caca.

- « Tu peux y aller Granny, je vais prendre la relève. »

- « Ah j'y compte bien ! Laisse-moi juste l'habiller et je te la laisse. »

- « Eh je peux m'habiller toute seule moi d'abord ! » - mais granny ne m'écoute pas. Elle m'enfile une culotte à pois rouge, ma robe de chambre jaune et un gros gros pull avec des manches qui tombent par terre. Elle me fait un bisou baveux sur la joue, puis sur celle de mon frère avant de partir.

- « Tu veux que je te refasse tes tresses ? »

- « Je ne parle pas aux gardiens de prison ! » - c'est difficile d'être fâché avec ces longues manches ! J'arrive pas à croiser les bras ! Tant pis, je vais juste lui tourner le dos.

- « D'accord Mademoiselle. » - il s'avance puis s'agenouille derrière moi – « Et si le gardien de prison a ramené des bonbons avec lui ? »

Je ne dis rien. C'est peut-être un piège.

- « Quelles couleurs ? » - dis-je en me retournant à moitié.

- « Que les verts et les jaunes. Je sais que mademoiselle n'aime pas les rouges. »

Le Monde Sans HistoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant