Astrid (Père)

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- « AH ! Mmh... »

J'y suis presque.

Ça arrive, je le sens.

La vitesse de friction de la pompeuse augmente, mon corps est brûlant, je tremble, je n'arrive plus à penser, à respirer... Je me penche en arrière, je sens que ça vient... Un gémissement m'échappe. La machine poursuit son mouvement effréné, déterminée à me vider de toute mon essence, et comme à chaque fois que je m'apprête à jouir, je pense à lui... À l'odeur de sa peau, un mélange de citron et de cigarettes. Au galbe de sa hanche entre mes mains pendant que je le prends. Au velours de son gland contre ma langue. A ses doigts fins dans mes cheveux, dans mon dos, sur mes fesses. Et ses yeux... Aussi purs et profonds qu'un ciel d'été, son regard à la fois malicieux et victorieux. Mais ce ne sont pas ses yeux que je regarde quand je suis en lui... Non, ce sont surtout ses lèvres, c'est fascinant le nombre de choses qu'elles peuvent faire... Ses lèvres qui s'ouvrent en un cri muet qui raisonne comme un tonnerre à l'intérieur de moi, ses lèvres qu'il mordille pendant qu'il m'agrippe de toute ses forces et que nous jouissons de consort. Moi en lui, lui sur son abdomen.

Ce sont à ses lèvres que je pense quand je me vide dans la pompeuse, et que celle si absorbe toute ma semence, futurs habitants de cette foutue planète.

Je m'affale sur mon siège, relâche tous mes muscles, et ferme les yeux. C'est enfin terminé. Du moins, pour aujourd'hui...

Tel est mon travail. À longueur de journées. Et il ne saurait y avoir pire torture au monde.

- « Mon amour ? »

Je n'ai plus la force d'ouvrir les yeux.

- « Astrid ? »

Une personne libère doucement mon pénis de la pompeuse, écarte la machine en le détournant de son axe, et s'assoit à califourchon sur mes cuisses encore trempées de sueur. Un ventre arrondi caresse la surface de mon torse, des lèvres se pressent contre les miennes et forcent un baiser. Je n'ai plus la force de lutter. Mon corps déborde de chaleur et le sommeil commence à poindre le bout de son nez.

- « Imèra... Arrête, je ne peux plus... »

J'ai envie de la repousser, de la jeter par terre.

- « C'était ton dernier prélèvement de la journée. » - je sens le poids de son regard sur les traits de mon visage même avec les paupières closes, elle promène ses doigts dans mes cheveux, le long de mon cou... c'est presque une violation, un outrage, une pénétration forcée sur un territoire qui ne lui appartient pas, qui ne lui appartiendra jamais. - « Je pensais que tu aurais enfin un moment pour moi... Ces derniers jours tu me négliges... Au profit de cette horripilante machine. »

Cette machine qui me permet d'échapper à ton regard plein d'amour, d'envies et d'attentes que je ne peux satisfaire.

Cette machine automatisée vouée à stimuler le plaisir par une reproduction synthétique de l'appareil génital féminin et du rectum, et qui absorbe chaque goutte de sperme de mes couilles. Cette machine qui m'empêche de culpabiliser de vouer mon cœur à quelqu'un d'autre même si mon corps lui, appartient à ma femme, à mon peuple... Mes enfants. Mais pour combien de temps encore ? Ça fait plus de quatre siècles déjà, n'avons-nous pas assez repeuplé Ervilha ?

- « Imèra... Je suis... Fatigué. Et tu es ... Enceinte. »

Je sens ses muscles se tendre, j'entends sa voix trembler- « Je suis toujours enceinte Astrid. Tu as oublié à qui tu t'adresses ? Merde putain regarde-moi quand je te parle ! Je suis ta femme ! La Mère ! La seule personne sur cette planète en mesure de porter la vie ! Regarde-moi Astrid ! Regarde-nous ! »

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