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         IL ÉTAIT UNE fois, une spectatrice forcée et un footballeur passionné...


-Jasmine

- "Sélim, bouge-toi, allez !" criais-je en toquant pour la énième fois sur la porte de la salle de bain. L'excitation mêlée à l'impatience me faisait presque perdre patience.

- "C'est bon Jasmine, on peut y aller !" répond mon petit frère, sa voix résonnant à travers la porte. Ce soir est un grand jour, son grand jour. J'accompagne mon petit frère âgé de 15 ans voir un match de la Juventus, un cadeau que j'ai payé de ma poche pour son anniversaire.

Enfin, la porte s'ouvre, et je le vois, vêtu de son maillot de la Juventus, le numéro 9 floqué sur son dos. Il passe devant moi à toute allure, l'enthousiasme débordant, et se précipite vers la voiture. Je le suis, le cœur léger, heureuse de pouvoir lui offrir cette expérience. Le stade d'Adriatico, en Italie, nous attend. Originaire de Turquie, j'ai usée de toutes mes économies pour nous payer ce voyage, ne voulant pas déranger notre mère qui travaille dur pour subvenir à nos besoins. Mais tout ce qui rend Sélim heureux me rend également heureuse.

Mon petit frère Sélim est ce que j'ai de plus précieux, tout comme notre mère. Je me suis principalement occupée de son éducation, prenant le relais pendant que notre mère était souvent absente à cause de son travail. C'est un rôle que j'ai accepté avec amour, mais qui parfois me pèse.

Je rejoins donc Sélim, encore plus impatient qu'il y a quelques instants. Je démarre la voiture et nous nous mettons en route. Je ne regarde pas souvent le foot, je pourrais même dire jamais. Les seules exceptions sont pour mon pays d'origine qui est l'Algérie. Et peut être quelque fois pour la Turquie.

- "Alors, tes pronostics ?" demandais-je, cherchant à engager la conversation pour apaiser mon propre stress.

- "2-1. Et j'espère pouvoir essayer d'avoir un autographe Vlahović," répond-il, les yeux brillants d'excitation.

- "Les autographes ne sont pas des pronostics, jeune homme," répliquai-je en riant, amusée par son enthousiasme.

Après quelques heures de rires et de taquineries, nous voilà enfin devant l'entrée du stade. Mais le chemin ne s'arrête pas là. Une immense foule de personnes se presse devant les portes, et je sens une légère appréhension m'envahir. Je me tourne vers mon frère, levant la tête pour le regarder. Malgré ses 15 ans, il m'a rapidement dépassée en taille. Je ne suis pas petite, mais je me sens soudainement minuscule à côté de lui.

- "Tu veux pas faire demi-tour ? Il y a des restaurants pas très loin," dis-je en détournant le regard vers la foule, espérant le faire changer d'avis.

- "Certainement pas !" s'exclame-t-il avec détermination.

Sans perdre une seconde, il enroule son bras autour de mes épaules et m'entraîne vers cette file qui semble interminable.

- "Tu abuses, sérieux,"  me dit il. Je l'interroge du regard afin de comprendre, "t'aurais pu mettre un maillot en plus, il fait chaud." Je jette un dernier coup d'œil à ma tenue : un top bandeau noir et un short bleu qui m'arrive au niveau des cuisses.

- "Ma tenue est très bien. Ce n'est pas ton maillot dégueulasse qui va arranger tout ça," lançai je avec un sourire moqueur.

- "C'est toi qui est dégueulasse !" rétorque t'il riant, amusé par notre petite dispute amicale sur la beauté de son maillot.

Nous avançons dans le silence, l'excitation palpable, jusqu'à arriver à nos places, qui se situent au premier rang. Je ne fais pas les choses à moitié, surtout pour un moment aussi spécial.

Le temps semble s'étirer, chaque seconde se transformant en une éternité. Je commence à m'impatienter. Mais l'arrivée des joueurs me calme rapidement. Le stade se remplit de hurlements et d'acclamations, une ambiance électrisante qui me fait frissonner. Une aura forte se dégage de partout, et je sens mon cœur battre plus vite.

Les joueurs commencent à s'échauffer sous les acclamations des spectateurs. Étant au premier rang, mon frère commence à me donner quelques informations sur les joueurs.

- "Tu vois les deux à droite, ce sont mes joueurs préférés," dit-il en pointant du doigt deux joueurs.

À l'arrière de l'un des joueurs, le numéro 9 est floqué, comme celui de mon frère, tandis que l'autre porte le numéro 15 avec le nom de Yildiz inscrit. La jeune fille à côté de moi hurle le nom de Yildiz depuis l'arrivée des joueurs. Je vais la choper, celle-là, si elle ne se calme pas.

Ayant probablement attiré l'attention du joueur en criant son nom, le fameux Yildiz se retourne et sourit à la jeune fille.Lorsqu'il se retourne, nos regards se croisent pendant plusieurs secondes, et c'est comme si le temps s'arrêtait. Plongée dans ses yeux bleus, je me sens happée par son regard hypnotisant, une profondeur qui semble raconter mille histoires. Chaque seconde qui passe me fait ressentir une connexion inexplicable, une sorte de magie qui flotte dans l'air. Pourtant, cette intensité me déstabilise. Je réalise soudain que je suis en train de le fixer, et un frisson d'inconfort me parcourt. Je détourne les yeux, me maudissant intérieurement pour cette réaction. Pourquoi est-ce si difficile de maintenir ce contact ? Je n'étais pas habituée à observer les gens de cette manière, à me laisser emporter par une telle fascination.

Un coup de sifflet me tire de mes pensées, me ramenant à la réalité. Le match a commencé, et l'excitation de la foule m'envahit. Je suis entourée de cris, d'applaudissements, d'une énergie collective qui me pousse à participer. Je me joins aux autres, levant les mains et applaudissant, essayant de me fondre dans cette ambiance électrisante. Mais au fond de moi, une question persiste : dans quoi m'étais-je encore embarquée ? Ce mélange d'émotions, cette attirance soudaine, tout cela me semble à la fois exaltant et déroutant. Je me demande si je vais pouvoir me concentrer sur le match ou si mes pensées continueront à vagabonder vers ce regard qui m'a tant troublée.

...

-DJM 🥀

𝐒𝐩𝐞𝐜𝐭𝐚𝐭𝐫𝐢𝐜𝐞 𝐅𝐨𝐫𝐜𝐞́𝐞 || 𝐊𝐞𝐧𝐚𝐧 𝐘𝐢𝐥𝐝𝐢𝐳Où les histoires vivent. Découvrez maintenant