Chapitre 10

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Jeudi 01/02. 19:17

𝙼𝚊𝚗𝚜𝚎𝚘𝚔-𝚍𝚘𝚗𝚐, 𝙳𝚘𝚗𝚐-𝚐𝚞, 𝙸𝚗𝚌𝚑𝚎𝚘𝚗 𝙲𝚑𝚒𝚗𝚊𝚝𝚘𝚠𝚗 .














Un jour, quelqu'un a dit : « Les grands esprits discutent des idées ; les esprits moyens discutent des événements ; les petits esprits discutent des gens. »

Au départ, j'ai jugé cette citation assez rapidement. Je l'ai perçue comme une façon intellectuelle de rabaisser les autres : "Si tu parles des autres, alors tu es simple d'esprit."

Mais récemment, j'ai commencé à la voir sous un autre angle :

Les « petits esprits » ne sont pas nécessairement stupides, mais étroits d'esprit, limités. Ce sont ceux qui, au lieu de pratiquer la conduite anticipative, ne regardent pas plus loin que la voiture juste devant eux. Ce sont les gens ordinaires, ceux qui voient un "eux" et un "nous", et qui s'enferment dans des extrêmes. Les petits esprits sont les novices, là où les grands esprits ont déjà eu le temps de vivre et d'évoluer.

Les grands esprits, à la différence des "grosses têtes", sont ceux qui acceptent de voir l'ensemble. Ceux qui sont en dehors des clivages. Ils ne prennent pas parti, n'appartiennent à aucun groupe, et ne voient même pas de frontières, en fait.

Je reste cependant perplexe face aux esprits moyens. Ceux qui ne parlent que de ce qu'ils savent, de ce dont ils sont sûrs. Ceux qui sont enfermés dans un entre-deux dont ils pourraient facilement s'échapper, mais qu'ils préfèrent subir. Pourquoi ? Parce qu'ils y sont habitués. C'est ainsi qu'ils ont été éduqués, c'est ainsi qu'ils ont grandi, et c'est ainsi qu'ils vivront, en ajoutant leur lot de connaissances à la base moyenne qu'ils ont héritée.

J'ai longtemps imaginé un monde où cette masse moyenne aurait été éradiquée. Mais je me suis vite rendu compte que rêver d'un monde que l'on est seul à idéaliser peut mener à une démence telle qu'elle entraîne à l'action.

–"« Celui qui lutte contre les monstres doit veiller à ne pas devenir lui-même un monstre. Et quand ton regard plonge longtemps dans un abîme, l'abîme plonge aussi en toi. » - Friedrich Nietzsche."

Je suis tellement surpris que je laisse échapper mon recueil de poèmes, ma main se posant instinctivement sur mon cœur.

Je ne l'ai même pas entendu entrer.

Je le fixe du regard alors qu'il pose le plateau de thé sur la table. Il sourit en coin, sans même daigner me regarder, puis se laisse tomber à côté de moi sur le canapé. Sans un mot, il ramasse le livre et me le tend gentiment.

Je l'attrape du bout des doigts et le repose sur la table. –"Tu les connais par cœur ?"

Son sourire s'adoucit, et il se penche pour nous servir du thé. –"Quelques-uns, seulement."

J'hoche la tête timidement, frottant lentement mes paumes contre mon jean.

–"Puisqu'il commence à se faire tard, j'ai préparé du thé," précise-t-il en me tendant une tasse.

Je hoche à nouveau la tête en acceptant la tasse. –"Merci."

Il me sourit simplement, sirote une gorgée de son thé et repose sa tasse en s'installant plus confortablement sur le canapé. Je l'imite, prenant une petite gorgée, agréablement surpris par le goût fruité et doux du breuvage. J'ai envie d'en boire plus, mais c'est trop chaud, alors je pose ma tasse.

Le silence retombe doucement entre nous, et mes yeux errent un peu partout autour de moi.

–"Tu ne me poses pas la question ?"

Aᴋʀᴀsɪᴀ ᴴʸᵘᶰᶜʰᵃᶰOù les histoires vivent. Découvrez maintenant