Chapitre 13

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𝑉𝑒𝑛𝑑𝑟𝑒𝑑𝑖 02/02. 18:39
Boite de nuit. 𝐋'𝐎𝐍.








Si je te choisis, m'apporteras-tu de la profondeur ?



— "Hyunjin, qu'est-ce que tu fais ?"

La voix de Jimin me tire de mes pensées. Je réalise que ça fait déjà deux minutes que je suis figé, une petite pelle à la main, avec les morceaux de verre brisé que j'ai ramassés. Mon regard embarrassé croise celui de Jimin, qui me fixe depuis l'autre bout de la pièce, un balai dans les mains.

— "Si tu ne voulais pas m'aider, tu aurais pu arriver à l'heure habituelle."

Samedi dernier, j'étais partie plus tôt que prévu, et je n'avais pas travaillé de la semaine. Pour compenser, j'avais décidé de venir à 18h, histoire de lui donner un coup de main pour ouvrir le bar.

— "Là, tu me ralentis."

Il y a quelque chose de différent dans sa voix, quelque chose qui ne lui ressemble pas. Jimin n'a jamais été quelqu'un de particulièrement chaleureux, mais il a toujours été avenant avec moi. Pourtant, depuis quelque temps, je sens qu'il m'en veut, et ça me ronge.

Je me redresse sous son regard perçant, le cœur battant à tout rompre. Lentement, je me dirige vers la poubelle.

— "Dis, Jimin ?" Ma voix tremble un peu, mais je continue, le dos tourné. "Si j'ai fait quelque chose qui t'a dérangé, tu peux me le dire..."

Soudain, je perds le contrôle. Mes mains tremblent tellement que la pelle m'échappe, s'écrasant au sol avec un bruit assourdissant. Je me précipite pour la ramasser, mais dans mon geste, j'emporte la poubelle avec moi, qui tombe également dans un fracas.

— "Putain, Hyunjin !" Sa voix claque dans l'air comme une gifle, traversant la pièce avec une brutalité qui me coupe le souffle. Le son de mon prénom dans sa bouche résonne directement dans mon cœur, si intense, si réel, que ça m'arrache des larmes que je ne pensais jamais verser. Mes jambes flanchent, et je m'écroule, assis sur le sol, submergé.

Je pleure. Des sanglots incontrôlables. Pourquoi n'ai-je pas pleuré plus tôt ? C'était pourtant ma seule échappatoire, la seule chose que je pouvais encore contrôler. Pleurer, c'était ma décision, mon choix. Et maintenant que j'y pense, les larmes coulent sans fin, libérant tout ce que je retenais.

Je pleure si fort que je n'entends pas Jimin s'approcher. Il pose sa main sur mon épaule depuis quelques instants quand je réalise qu'il est accroupi devant moi, le visage profondément troublé. Je ne l'ai jamais vu ainsi. Ses sourcils sont légèrement froncés, et une moue d'incompréhension se dessine sur ses lèvres.

— "C'est moi qui t'ai mis dans cet état ?"

Jimin fait partie de ces rares personnes qui, sans être particulièrement extraverties ou silencieuses, captent l'attention. Il est stoïque, presque immuable. Chaque petit geste, chaque haussement de sourcil, déclenche des tempêtes. Et là, face à moi, je vois quelque chose de différent. De la culpabilité ? Je dois me mordre l'intérieur des joues pour ne pas sourire devant son air confus. Il semble soudain si humain, si proche, presque atteignable.

Je secoue la tête.

— "C'est... c'est l'accumulation," dis-je en me relevant. Il suit aussitôt mon mouvement.

Il arque un sourcil, et déjà, je sens la tempête gronder.

— "Explique-moi."

Mais il est toujours là, accessible, vulnérable. Mon regard oscille entre le sien, et une question me brûle les lèvres : devrais-je tout lui dire ? Parler du passé, de Marat, de la baignoire, du port, de Katsumi, de Catarsis.

Aᴋʀᴀsɪᴀ ᴴʸᵘᶰᶜʰᵃᶰOù les histoires vivent. Découvrez maintenant