Aᴋʀᴀsɪᴀ ᴴʸᵘᶰᶜʰᵃᶰ

Chapitre 3

Fermer les yeux, c'est s'autoriser une pause dans l'obscurité. Ouvrir les yeux, c'est s'abandonner à l'inconnu, cogner la vie à coup d'œil. Explorer le monde, c'est savoir le regarder. Sans parler, sans bouger, sans toucher. Juste voir, sentir et ressentir.

— "Ferme-là, crétin," siffle une voix rauque, suivie d'un son sourd qui manque de peu de me faire sursauter.

Je reste cependant immobile, feignant d'être encore endormi, pieds et mains liés, affalé sur une chaise métallique.

Quelqu'un sur ma gauche venait de recevoir un coup si violent qu'il est tombé au sol.

— "Ça fait 4 jours et c'est tout ce que tu as ?" La même voix tonne, suivie d'un nouveau son étouffé et d'un homme gémissant de douleur alors que j'entends ses vêtements frotter contre le sol. Je devine qu'il a reçu un coup de pied en plein ventre.

— "Sa putain d'adresse de merde ? Le nom de la pute qu'il baise ?" Un nouveau coup dans l'abdomen et un nouveau râle d'horreur.

— "J'en ai rien à foutre, merde ! Putain, mais qu'est-ce qui ne va pas avec toi ?" Nouveau coup et le souffle de l'autre reste coincé dans le fond de sa gorge, peut-être déjà conscient de la déferlante qui ne tarderait pas à arriver.

— "Où..." Un coup. "...est..." Un autre coup. "...le putain de lien..." Les coups pleuvent et je n'entends même plus l'autre réagir.

— "...avec cet enculé d'Héros."

— "Il n'y en a aucun !" hurle celui qui, pendant un instant, m'avait semblé mort.

Il est pourtant bien vivant, et sa voix bien portante, force le silence pendant une seconde.

Je crois l'entendre se relever.

— "Arrête de toujours passer tes nerfs sur moi, hyung." Son ton plat mais autoritaire me surprend. Je ne peux m'empêcher de froncer les sourcils en l'entendant dépoussiérer ses vêtements.

— "Je suis peut-être plus jeune mais je suis aussi beaucoup plus balaise que toi. Ne m'oblige pas à répliquer."

— "Eh, Choi Jongho !" Le premier hurle à nouveau, et je me maudis intérieurement d'avoir été inconscient pendant le début de cette conversation, incapable de comprendre ne fut-ce qu'un brin de l'intrigue.

Qui étaient ces deux types ?

Où étais-je ?

Pourquoi m'avoir emmené ?

Qui était ce super-héros ?

— "Écoute, Mingi-hyung," reprit le dit Jongho sur le même ton plat, "ce mec n'a aucun lien avec Catarsis."

Catarsis ?

Quelle langue est-ce que c'est ?

— "C'est juste un type banal." Il reçut un énième coup, un coup de poing, et cette fois, je ne pus m'empêcher de sursauter.

— "Ferme ta putain de gueule, Jongho ! Ce mec avait la carte de la Mist ! La même qui, le même soir, était en possession de héros. Ce type "banal", comme tu dis, nous a collé les flics au cul.

— "C'est ce qui t'inquiète ?" Jongho n'en démords pas.

Mingi explose. – "Putain de crétin ! Ce qui m'inquiète, c'est que cet enculé n'ait même pas eu à mettre un pied chez nous pour nous mettre dans la merde."

— "Peu importe comment ce gosse l'a eu. Peu importe s'il est en contact avec héros ou plus largement avec Catarsis. La seule chose qui importe, c'est qu'il a osé enfreindre le gyuchig en ouvrant sa bouche."