Chapitre 18

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Je me souviens d'un jour. J'étais allongé sur mon lit, et Yuna était étendue par terre, silencieuse. Cela faisait de longues minutes que nous ne parlions plus quand elle a soudain rompu le silence et m'a demandé si j'étais déjà tombé amoureux.

J'ai répondu oui, sans hésitation, en souriant un peu, parce qu'elle connaissait mon intensité.

Elle a enchaîné, me demandant si, selon moi, l'amour suffisait pour faire durer une relation.

J'ai répondu : « Ça devrait. »

« Là-dessus, on est d'accord. Mais ce n'est pas la question que j'ai posée. »

Je n'ai pas eu le courage de répondre.

Non. C'était ça, la réponse. Mais je ne pouvais pas me résoudre à le dire.

« Tu crois que ça existe, toi, l'amour véritable ? »

L'amour véritable ? « Genre, l'amour éternel ? »

« Hm. »

J'ai fermé les yeux, espérant que cela m'aiderait à trouver une réponse, mais tout ce que je rencontrais, c'était le vide.

« Moi, je pensais que ça n'existait pas. Que tout ça, c'était des conneries, » m'a-t-elle confié doucement.
Je me suis redressé sur mes coudes pour l'observer, mais elle restait immobile, le regard fixé au plafond. « Puis, j'ai rencontré tes parents. »

Mes parents ?

Je n'ai rien répondu ce jour-là. Mais, après cette conversation, c'est une question qui m'a hanté longtemps.
L'amour, celui que Yuna avait perçu entre ceux qu'elle appelait mes "parents" – mon oncle et ma tante, en réalité. C'était probablement ce qui ressemblait le plus a l'amour véritable.

Mais alors, qu'est-ce que c'est ?

De la régularité, du temps, beaucoup de temps, et de la sincérité.

S'aimer, c'est avoir le courage de souffrir.

Mais moi, je crains davantage la douleur que la mort.
















Vendredi 09/02, 17h15,
Seoul National University, Gwanak Campus,
Amphithéâtre 4, café-resto
















Depuis quand cet endroit est-il devenu si bruyant ?

J'ai l'impression que le bâtiment est sur le point de s'effondrer à tout instant, prêt à s'écrouler sur moi. Chaque raclement de chaise sur le sol fait vibrer la mienne ; l'odeur agressive du café semble m'assaillir, presque jusqu'aux larmes. Mais le pire reste ce grésillement incessant du lampadaire, qui éclaire la table à notre droite.

Ma tête est sur le point d'exploser.

– "Tu m'écoutes, Klimt ?"

Mes yeux remontent vers elle comme après une éternité. Elle a coiffé ses longs cheveux noirs de façon à les laisser tomber sur ses épaules, dénudées par son pull immaculé à col bardot. Yuna n'a besoin de rien pour être belle, mais aujourd'hui, elle est maquillée, enveloppée d'une aura presque céleste.

Mon regard s'attarde sur ses lèvres rouges qui épousent une paille déjà bien tachée, puis remonte vers ses sourcils, qu'elle arque pour me ramener à l'instant présent.

Mes yeux tombent de nouveau sur la table en bois vieilli, et je me sens soudain à l'étroit dans ce café que j'avais autrefois tant aimé.

C'est ce côté décalé et délabré qui nous avait plu, au début. C'était peut-être cliché, mais c'est précisément parce que l'endroit semblait en ruine que nous y avions élu domicile. Une provocation stupide de deux gosses de riches étouffés par leurs écharpes Gucci et leurs sacs Versace.

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⏰ Dernière mise à jour : 3 days ago ⏰

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