Manas a beau se moquer, ils passent les trois heures suivantes à écumer les boutiques de la capitale.
Ce n'est certainement pas la façon la plus utile de dépenser leurs économies ni la plus pragmatique, d'autant plus que Sidjil est bien forcé d'admettre qu'il n'a pas besoin de nouvelles fringues. Pas vraiment. Juste, une fois passée la taquinerie légèrement vexante de Manas, il ne peut pas s'empêcher de trouver des défauts évidents à toutes ses alternatives disponibles.
Déjà, les vêtements apportés avec lui jusqu'à la capitale sont loin d'être les plus reluisants de sa collection. Ils lui vont, bien sûr, et Sidjil considère qu'ils représentent ses goûts et sa personne, avec assez de style pour qu'il apprécie les porter tout en se sentant mis en valeur. Pourtant, il est très clair que s'il avait su qu'une rencontre aussi déterminante l'attendait ici, il aurait fait sa valise avec un peu plus de stratégie. Au bout d'à peine quatre jours passés à Paris, il se retrouve donc dans cette situation délicate, celle où les associations les plus avantageuses de ces vêtements ont déjà été portées.
Que ce soit la tenue qu'il portait à son arrivée, déjà rangée au fond de son sac, et qui empeste d'un terrible mélange de train, de froid, de soda et de rencontres trop disparates. Ou bien le col roulé et le jean à motif qui lui ont valu bien des compliments, dont il ne reste que des lambeaux, faute aux déboires d'une soirée mouvementée et d'une transformation aussi joyeuse qu'imprévue face à une photo adorable. Tout comme la tenue portée la veille, relativement intacte, quoique boueuse et griffée par endroits, mais rendue obsolète tant l'idée qu'un cycle court lave le parfum de son bien-aimé lui parait barbare. Même ses t-shirts de rechange et les vêtements que Manas propose de lui prêter, roulés en boule dans leurs sacs ou éparpillés dans les recoins de l'appartement, ne suffisent pas à rencontrer ses exigences.
En bref, Sidjil n'a rien à se mettre. L'achat de nouveaux vêtements est donc, en toute objectivité, la solution la plus logique à son problème. Et puis, dernièrement, il a tendance à ignorer le montant de ses dépenses tant qu'elles concernent un certain garçon, alors autant continuer sur sa lancée. Même s'ils doivent passer toutes les boutiques branchées de la capitale au peigne fin avant la tombée de la nuit.
Et puis, Manas se moque, mais il est plus qu'heureux de se joindre à lui dans cette quête.
C'est ainsi qu'ils se retrouvent de nouveau à courir dans les rues de Paname, faisant bon usage du labyrinthe qui serpente sous les rues. Sidjil y est tout juste assez accoutumé pour rire de Manas alors qu'il découvre à son tour le métro parisien, avant qu'ils ne subissent ensemble leurs trajets, circulant à travers la ville avec une efficacité douteuse et un écœurement à la limite du surjeu. Du Marais aux Champs-Elysées, en passant par Rivoli, ils s'adonnent à un shopping des plus chaotique, leurs recherches guidées par internet et les avis aléatoires d'employés peu intéressés.
Ils s'enlisent d'abord dans les bacs d'une friperie avant de se rabattre sur des enseignes de prêt-à-porter, probablement tendance, mais surtout plus simples à fouiller. Trois boutiques plus tard, l'un d'eux réalise qu'un barbecue se fait en plein air, et qu'il fera donc froid. Deux essayages de plus, et l'autre se souvient des jeux collectifs, mais surtout surnaturels, prévus au programme.
La boutique sur laquelle ils jettent alors leur dévolu est clairement au-dessus de leurs budgets, et ses collections « lifestyle » et « urbains » ne sont adaptées à leurs physiques changeants que par leurs coupes larges, mais à ce stade, Manas et Sidjil ne font plus très attention à ces détails. Survoltés au point de mélanger injures frustrées et fous rires insensés, ils dévalisent les rayons en chargeant leurs bras d'articles choisis au hasard, leur fougue les poussant à laisser leurs essayages faire le tri pour eux. C'est une stratégie risquée, presque désespérée au vu de l'heure qui progresse sans eux et de leurs nombreuses contraintes, mais heureusement, la capitale de la mode leur accorde un miracle des plus bienvenu.

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Instinct [Maxime&Djilsi]
FanfictionMaxime et Sidjil sont des loups-garous. Sidjil trouve que c'est une bonne chose. Maxime, beaucoup moins. -- Les lycanthropes n'ont rien à voir avec les monstres des légendes. Cachés, esseulés et rarissimes, les spécimens vivant en France ne se comp...