— Maxime ! Attend, s'te plait... J'te jure que c'est impossible. J'peux pas.
— Mais si, tu vas survivre, t'inquiètes !
— Mais, Maxime...
— Tu vas t'y faire, allez viens !
— J'te jure que non...
— Sid.
— Nan mais c'est physique, j'peux pas...
— Sid, j'le prends tous les jours.
Un peu plus bas, arrêté entre deux marches de l'escalier, Maxime lui adresse une expression amusée. Ses lèvres étirées en un sourire franc. Ses yeux rieurs qui se plissent. Les petites fossettes qui creusent ses joues pour souligner les traits adorables de son visage. C'est une vision que Sidjil apprécie redécouvrir encore et encore, surtout quand elle lui est destinée, surtout quand c'est lui qui la provoque.
En revanche, ce qu'il apprécie un peu moins, c'est la touche espiègle, à la limite du moqueur, qu'il décèle au cœur de ce tableau qu'il aime tant.
La nuance est fine, mais elle a son importance. Sidjil la perçoit dans la façon dont Maxime se tient, sa tête penchée si bas que le col bleu de sa veste s'écrase contre sa mâchoire, ses mains dans ses poches qui tirent sa veste en avant, et la façon dont il reste en équilibre entre deux marches. Il parait satisfait, presque ravi, comme s'il se délectait du spectacle peu glorieux qui se joue juste devant ses yeux.
Spectacle dont Sidjil tient le premier rôle.
Dans un sens, il aurait dû s'y attendre. Passer des moments un peu désagréables fait partie du contrat qu'ils ont passé la veille. Sidjil s'était imaginé participer à quelques exemples, mais surtout à discuter de l'« antidote » et de la vision négative que le petit brun porte sur la lycanthropie. En retour, il comptait improviser, lui parler de sa vie, de la joie et des avantages que cette particularité physique lui apporte au quotidien, de la liberté qu'elle lui procure.
L'objectif était clair : partager pour mieux comprendre. Pour se rapprocher, un peu, aussi.
Seulement voilà, Sidjil était peut-être un peu trop emballé par son objectif secondaire pour s'inquiéter du premier. Peut-être. En tout cas, il est clair qu'il a sous-estimé les épreuves par lesquelles son petit protégé compte le faire passer. Bien qu'il aurait dû s'en douter.
En rejoignant Maxime à leur point de rendez-vous, Sidjil s'était laissé charmé par une silhouette attirante, des yeux curieux et un sourire ravageur. Il l'avait donc suivi de bon cœur, se délectant de l'ambiance déjà prometteuse de leur non-date, plus qu'enjoué par les premiers jeux de séduction qui semblaient se tenir en filigranes de chacune de leurs interactions.
Alors il s'est fait surprendre. Comme un idiot. Pas qu'il aurait réellement pu prévoir que Maxime filerait tout droit vers la bouche nauséabonde d'une station de métro.
Il y a, dans les quelques marches qui creusent le sol juste devant ses pieds, et le tunnel étroit vers lequel elles mènent, plusieurs choses qui pétrifient Sidjil de dégout. Si les bruits des métros et des voyageurs résonnent déjà jusqu'à lui, c'est surtout le courant d'air chaud qui émane du sous-sol qui l'écœure au plus haut point. L'air qui remonte vers lui charrie des effluves complexes qui agressent déjà son odorat, les odeurs lourdes trop empêtrées les unes dans les autres pour qu'il puisse les distinguer. Le mélange parait presque corrosif, brûlant ses sinus en lui laissant un goût âcre dans la bouche et un picotement dans les yeux.
Parfaitement assorties à cette expérience olfactive, les marches qui se découpent dans le goudron gris sont couvertes de crasses et saletés en tout genre. Sous la lumière pâle du ciel encombré, les tâches informes qui tapissent l'escalier semblent suinter, l'accueillant comme un préambule de ce qu'il trouvera en s'aventurant plus bas. Le début du tunnel qui se dessine derrière Maxime ne le rassure aucunement là-dessus. Les tuiles qui tapissent une partie du mur courbé sont probablement blanches sous les taches verdâtres qui les recouvrent, humidité poisseuse qui s'infiltre jusque sur le sol où des fissures courent sous les pas pressés des Parisiens.

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Instinct [Maxime&Djilsi]
FanfictionMaxime et Sidjil sont des loups-garous. Sidjil trouve que c'est une bonne chose. Maxime, beaucoup moins. -- Les lycanthropes n'ont rien à voir avec les monstres des légendes. Cachés, esseulés et rarissimes, les spécimens vivant en France ne se comp...