Je retourne au travail, effectue quelques tâches de routine, puis rentre chez moi. Je prends une douche, passe prendre quelques encas au frigo, puis je m'assois. À peu près calme, j'essaie de repenser à tout ce que Charly m'a raconté. Il souffre d'une perte de mémoire à cause de son accident, il a une fiancée, et pour couronner le tout, il ne se souvient même pas de moi. C'est tellement injuste. J'aurais pu être heureuse avec lui. Je crois que le mieux est de me reposer, car si Dieu le veut, j'ai du sérieux à accomplir demain.
Aujourd'hui, je me rends très tôt au travail comme d'habitude. Je dois rattraper quelques tâches que je n'ai pas pu achever hier. Durant la pause déjeuner, je reste dans mon bureau, absorbée par mon travail. On frappe à la porte… qui cela peut-il bien être ? Peut-être Julie…
— Entrez, dis-je sans lever les yeux.
Oh non ! C'est Charly. Je me lève précipitamment, essayant de cacher ma surprise.
— Monsieur Parker ! dis-je, totalement choquée.
— J'espère que je ne vous dérange pas, dit-il calmement.
— Non, bien sûr, asseyez-vous, je vous en prie.
— En fait, je suis passé pour une visite amicale, ajoute-t-il en s'installant.
— Pardon ? rétorqué-je, abasourdie.
— Oui, car je crois que nous avons beaucoup à nous dire.
Son ton est différent, plus doux, presque apaisant. La haine que j'ai nourrie toutes ces années semble soudainement se dissiper un peu. C'est un sentiment étrange, un soulagement mêlé de confusion. Mais même ainsi, je ne peux pas oublier tout ce qu'il m'a fait subir.
— Comme quoi ? demandé-je, en essayant de garder mon calme.
— Je veux connaître la vérité sur cette partie du passé que j'ai oubliée.
Je sens un pincement au cœur. Il a une fiancée, et sa mère m'en veut. Peut-être que le mieux serait de le laisser partir, de tirer un trait sur cette histoire. C'est sûrement la meilleure décision, celle qui m'éviterait le plus de souffrance.
— Monsieur Parker, vous êtes en train de créer une belle et grande entreprise dans le pays, et je crois que vous menez une vie conforme à vos aspirations. Mon conseil serait d'arrêter de ressasser le passé et d'aller de l'avant. Merci pour votre visite, mais j'ai beaucoup de travail.
— Donc, ça veut dire que je dois partir, répond-il, son regard plongé dans le mien, cherchant une vérité que je refuse de lui donner.
— En quelque sorte, oui.
— D'accord, je laisse tomber pour aujourd'hui, mais je n'abandonnerai pas, dit-il en se levant.
Je le regarde quitter mon bureau, le cœur lourd. Peut-être que je ne suis pas aussi forte que je le pensais.
Malheureusement, il a tenu parole. Cela fait deux semaines qu'il vient au bureau pendant les pauses déjeuner. Mais je finis toujours par le chasser d'une manière ou d'une autre. Pourtant, secrètement, cela me plaît de le voir quotidiennement.
Aujourd'hui, je reprends ma routine, mais durant la pause, il ne se montre pas. Quelques heures plus tard, Milla m'annonce que j'ai un client qui souhaite me voir. Je pense qu'il a été retardé aujourd'hui, mais à ma grande surprise, c'est sa fiancée qui se présente. Mon cœur s'arrête un instant. Milla ferme la porte, et nous sommes seules. Elle croise les bras sur sa poitrine, scrutant la salle avant de poser son regard sur moi.
— Alors, comme ça, tu tentes de séduire mon fiancé ? Tu penses que cette cage qui te sert de bureau te le permet ? Tu ne m'arrives même pas à la cheville.
— Vraiment ? Parce que je travaille, et que je ne reste pas assise à attendre l'argent d'un fiancé, comme toi peut-être ? réponds-je, gardant mon calme malgré la tension qui monte.
Elle semble déconcertée, mais elle reprend rapidement :
— Peu importe, il est à moi.
— Il n'y a rien entre nous, rétorqué-je.
— Ah bon ? Il passe une partie de sa journée ici quotidiennement, et quand on se voit enfin en fin d'après-midi, il ne parle que de toi. Il devient de plus en plus distant. Et maintenant, tu oses me mentir ?
Je suis touchée par ses paroles, une vague d'émotion m'envahit. Il devient accro à moi. Il n'aurait jamais dû avoir cet accident. Malgré tout, je ressens une étrange joie.
— Vous savez, je n'ai rien à voir avec votre vie privée, dis-je, tentant de rester indifférente.
— Tu ne sais pas combien j'ai dû me battre pour découvrir qu'il venait ici. C'est malin, hein ? Comment ne pas t'en mêler ?
— Je n'ai rien à voir avec cela. Et maintenant, quittez mon bureau, s'il vous plaît.
- T'auras la monnaie de ta pièce dans pas trop longtemps, dit elle sur un ton menaçant.
Elle sort en trombe, laissant derrière elle une atmosphère lourde de non-dits. Oh mon Dieu. Malgré sa perte de mémoire, il m'aime encore. Mais je dois me ressaisir, car ce n'est qu'une source de troubles. Alia, laisse tomber, c'est une perte de temps. Ce que je veux, c'est la paix, rien de plus.
Le lendemain, ma journée commence très bien. Après la dispute d'hier, je ne pense pas qu'il reviendra. Lors de la pause, quelqu'un frappe à ma porte. Je me suis totalement trompée.
— Monsieur Parker !
— Je me souviens de vous avoir demandé de m'appeler Charly.
— Je vous considère comme mon ami.
— Je crains que ce ne soit pas une bonne idée.
— Quoi ? Parce que j'étais absent hier ? Je m'excuse, ma fiancée a arrangé un rendez-vous avec ma mère, et je n'ai pas eu le choix.
— Ce n'est rien. Je crois qu'il serait mieux que vous passiez plus de temps avec elle que de traîner aussi souvent ici.
— Je crois que je suis amoureux de vous.
— Monsieur, vous avez déjà un engagement, et c'est mal de dire des choses pareilles.
— Le jour où j'ai finalement ouvert les yeux, elle était là, et ma mère m'a dit que c'était ma petite amie, qu'elle avait toujours été là pour moi et que nous étions très amoureux l'un de l'autre. Ayant perdu la mémoire, j'ai joué le jeu, mais j'ai toujours un vide qu'elle ne peut pas combler. Je crois que je fais tout ça pour plaire à ma mère.
— Je suis désolée pour vous.
— Ne vous inquiétez pas. La seule chose que je sais, c'est que quand je suis avec vous, je me sens mieux. Depuis le premier jour où mes yeux ont croisé votre visage, j'ai eu un déclic. Peut-être que personne ne veut me dire ce qui s'est passé, mais je sais au fond que vous et moi étions plus que des amis, car vous êtes la seule qui me fait cet effet.Je suis restée plantée là, à le regarder, ne sachant pas quoi répondre. J'ai envie de lui sauter au cou, de l'embrasser comme au bon vieux temps et de lui dire toute la vérité. Je m'approche de lui.
— Oui, nous étions plus que des amis, mais...
La porte s'ouvre brutalement, et je vois la mère de Charly avec Milla derrière, tentant de l'arrêter.
— Madame, vous n'avez pas le droit de rentrer comme ça.
— Où est mon fils ?
— Excusez-moi, madame, pour le dérangement. J'appelle la sécurité.
— Pas la peine, merci. Vous pouvez nous laisser.
— De quel droit oses-tu réapparaître dans la vie de mon fils ?
— Bonsoir, madame Parker, ça fait longtemps... dis-je en essayant de garder mon sang-froid.
— Quoi ? Tu connais ma mère ?
— Bien sûr, on habitait le même quartier, on...
— Tais-toi !
Elle fonce vers moi comme une furie, mais heureusement, Charly la retient à temps. J'ai dû appeler la sécurité. Ils les ont fait sortir."La honte..." En deux jours, deux scandales à cause de moi. C'en est trop, je n'ai pas pu retenir mes larmes. Cette terrible journée terminée, je rentre chez moi. Il n'y a pas d'autre choix : je dois rayer Charly de ma vie pour toujours.
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À travers les âges...
RomanceAlia Carter, surnommée "la mannequin de la classe" pour sa grâce naturelle, mène une vie collégienne paisible jusqu'à ce qu'un incident avec un autre garçon la pousse dans les bras de Charly, un élève de l'autre NSIII. Leur amitié tumultueuse se tra...