Ch XV: Renaître des souvenirs

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Il se tourne vers moi, toujours en colère.
- Désolé pour tout ça, je vous laisse.

Sur ces mots, il quitte le bureau, suivi de sa mère et de sa fiancée, tentant de le rattraper. Il voulait se marier avec moi, et maintenant qu'il a retrouvé la mémoire, ça me rend tellement heureuse.

- Madame ?

Je reviens à la réalité et me surprends en train de sourire. Je me reprends rapidement.

- Oui ?
- Vous avez une réunion dans quelques minutes.
- Bien reçu, merci !

Après la réunion, je rentre chez moi, totalement exténuée. Je prends une bonne douche, puis je commande à manger. Quelques minutes plus tard, on sonne à ma porte.

- J'arrive... ils sont rapides, me dis-je à moi-même.

J'ouvre la porte, et mon cœur rate un battement. Ce n'est pas le livreur, mais Charly. Il se tient là, imposant, vêtu simplement d'un t-shirt qui met en valeur son corps bien musclé, un jean et des tennis.

- Salut Alia !
- S... salut ! dis-je, toujours sous le choc.
- Je ne te dérange pas ?
- Bien sûr que non ! Entre.
- Merci ! Il va s'asseoir sur le canapé, et je le rejoins.
- Joli appart !
- Merci !! Mais comment sais-tu que je vis ici ?
- Je ne peux pas te le dire, dit-il avec un sourire qui me fait fondre.
- D'accord !! Qu'est-ce que tu fais là ?
- Ma mère est chez moi, elle veut qu'on parle, mais je préfère l'éviter.
- Non, tu dois lui parler, pour arranger les choses.
- J'y penserai... dit-il d'un air vague.
- Je l'espère bien.

La sonnerie se fait entendre à nouveau, je vais ouvrir, ma commande est arrivée. Je reviens, puis je m’assois.

- Puisque tu es là, ça ne te dérangerait pas de manger avec moi ? dis-je, hésitante.
- Non, mais merci. Mange, je vais me contenter de te regarder.

Je souris, toute gênée.Je commence à manger, mais je sens son regard peser sur moi. C'est à la fois réconfortant et troublant. Je relève les yeux vers lui.

- Pourquoi tu me regardes comme ça ? dis-je en riant nerveusement.

- J'essaie juste de comprendre comment j'ai pu t'oublier , dit-il doucement.

Je rougis malgré moi, surprise par ses mots. Il semble vraiment sincère, ce qui me déstabilise encore plus.

- Tu... tu te souviens de tout ?

Il secoue la tête, l'air triste.

- Non, c'est comme si une partie de ma vie avait été effacée. Mais quand je suis avec toi, je sens que quelque chose d'important me revient, même si je n'arrive pas à mettre le doigt dessus.

Je ne sais pas quoi répondre. Le silence qui s'installe est lourd de sous-entendus. Finalement, il brise le silence.

- Alia, si je me suis permis de venir ce soir, c'est parce que j'ai besoin de te parler... mais je ne sais pas par où commencer.

Je pose ma fourchette, le cœur battant. Il prend une grande inspiration.

- La mère d'Amanda est la meilleure amie de ma mère. Elles nous ont eus la même année. Ma mère lui avait promis que quand je serai grand, je me marierai avec Amanda. Mais lorsque j'avais neuf ans, elles ont quitté le pays. Et je crois que ma mère a profité de mon accident pour réaliser sa promesse.

- Amanda... c'est ta fiancée ?

- Elle ne l'est plus...

- D'accord. Tu pouvais simplement aider ta mère à réaliser sa promesse, si tu étais au courant.

- Je ne peux pas l'aimer. La seule personne que j'aime, c'est toi, et j'aimerais passer le reste de ma vie avec toi.

Ses mots résonnent en moi, réchauffant chaque recoin de mon cœur. Le temps semble suspendu, comme si tout l'univers attendait ma réponse.

- Et ta mère dans tout ça ?

- Elle devra t'accepter.

Je le regarde avec admiration, une vague de soulagement et de bonheur m'envahit. C’est comme si, après une longue tempête, je retrouvais enfin mon Charly, celui que j'avais tant aimé. Soudain, son téléphone sonne, brisant le moment.

- Maman ! ... Quoi ? Je ne rentrerai pas tant que tu ne seras pas chez toi... Très bien, je l'espère.

Il expire longuement, son visage se détend à nouveau.

- Et si on regardait un film ? propose-t-il, un léger sourire aux lèvres.

- Quoi ? Mais il est tard.

- Je m'en vais alors, dit-il en se levant.

- Non, ce n'est pas ce que je voulais dire. Attends, je vais mettre ça à la cuisine, j'arrive.

- D'accord !!

Je dépose les restes du repas sur le comptoir, mon esprit encore flottant entre l’échange que nous venons d'avoir et l'incroyable réalité que Charly est là, chez moi, ce soir. Quand je reviens dans le salon, il est déjà installé, la télécommande en main. Il me fait signe de m'asseoir près de lui et je m'exécute, un sourire naissant au coin des lèvres.

- Ma présence te gêne ? demande-t-il doucement, son regard cherchant une réponse dans le mien.

- Non, pourquoi ?

- Rien, juste pour savoir, dit-il, visiblement soulagé.

En vérité, sa présence me fait un bien fou. Toute la tristesse et la pression que j'ai portées durant toutes ces années semblent s'évanouir comme par magie. Il se tourne lentement vers moi, ses yeux capturant les miens.

- Je t'aime, Alia, murmure-t-il, sa voix remplie d'une tendresse qui fait battre mon cœur plus vite.

- Je t'aime aussi, dis-je dans un souffle, ma voix à peine audible.

Nos regards restent fixés l'un sur l'autre, comme si nous cherchions à nous imprégner de cet instant, à le graver à jamais dans nos mémoires. Puis, doucement, presque timidement, nos lèvres se rejoignent. Le baiser est doux, empreint d'une émotion si longtemps retenue qu'il en est presque douloureux. Ses lèvres contre les miennes, c’est comme si le monde entier disparaissait, ne laissant que nous deux, seuls, dans cette bulle de bonheur.

Lorsque nos lèvres se séparent enfin, il me caresse doucement la joue, son pouce effleurant ma peau avec une tendresse infinie.

- Ces moments m'ont tellement manqué, murmure-t-il, sa voix à peine un souffle.

- Et moi donc, dis-je avec un sourire, mes yeux brillant de larmes de bonheur.

Je m'appuie contre sa poitrine, sentant son cœur battre sous ma joue, régulier, apaisant. Son bras m'entoure, me protégeant, me berçant doucement. Nous restons ainsi, en silence, à regarder la télévision, mais je ne prête guère attention à ce qui se passe à l'écran. Tout ce qui m'importe, c'est lui, ici, avec moi. Je me sens enfin en paix. Peu à peu, le sommeil m'envahit, et je m'endors, blottie contre lui, un sourire aux lèvres.

À travers les âges...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant