Chapitre 33

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La nuit s'était installée depuis longtemps lorsque je me réveillai à nouveau. Cette fois, l'obscurité de la chambre m'enveloppait, épaisse et silencieuse. Seul le faible tic-tac d'une horloge résonnait dans le silence, un rythme apaisant qui me rappelait que je n'étais plus dans ce froid glacial. J'étais en sécurité... pour l'instant.

Je tentai de bouger, mais mon corps protestait. Chaque mouvement réveillait une douleur sourde, comme si mes muscles s'étaient figés, refusant de se plier à ma volonté. Pourtant, quelque chose en moi refusait de rester immobile. Une inquiétude insidieuse s'insinuait dans mon esprit. Je pensais au prince, à ce qu'il avait dit avant de partir, à ce regard qu'il m'avait lancé, à la distance qu'il avait mise entre nous.

Je me demandais ce qui avait pu se passer après qu'il m'ait laissée. Que faisait-il en ce moment ? Pensait-il encore à moi ? Ou était-il déjà retourné à ses obligations princières, laissant cette soirée se fondre dans la routine des jours qui suivent ?

Les heures qui suivirent furent longues, ponctuées de réveils soudains et de rêves troublants. À chaque fois que je fermais les yeux, je revoyais ce jardin, cette neige glaciale, et cette silhouette qui m'avait attaquée. Mais au milieu de ces cauchemars, une autre image persistait : celle du prince, penché sur moi, sa voix douce et pleine d'inquiétude. Et à cette pensée, je trouvai enfin un peu de paix.

Le lendemain matin, une lumière douce perçait à travers les rideaux, filtrant les rayons du soleil qui venaient réchauffer la pièce. Je me réveillai doucement, les souvenirs de la veille encore flous dans mon esprit. La douleur était toujours là, lancinante, mais plus supportable que la veille. Le masque à oxygène était toujours fixé sur mon visage, me rappelant que je n'étais pas encore totalement remise.

Le médecin entra peu de temps après, son visage toujours aussi calme et professionnel. Cette fois, il s'approcha de moi avec un sourire rassurant, ses yeux clairs examinant attentivement mon visage.

« Bonjour, Haydé. Comment vous sentez-vous aujourd'hui ? » demanda-t-il en vérifiant les instruments à côté de mon lit.

« Un peu mieux, je crois, » répondis-je d'une voix légèrement étouffée par le masque. « Est-ce que je peux m'en passer maintenant ? »

Il hocha la tête et, avec des gestes délicats, détacha le masque de mon visage. L'air libre caressa ma peau, et je pris une profonde inspiration, savourant le simple plaisir de respirer sans entrave. Le médecin observa ma réaction avec attention avant de se redresser, visiblement satisfait.

« Vous n'en avez plus besoin. Votre saturation en oxygène est revenue à un niveau normal. Vous vous rétablissez bien, mais il faudra encore du temps pour guérir complètement. »

Je le remerciai d'un regard reconnaissant. Mais alors qu'il s'apprêtait à vérifier d'autres constantes, une question me brûlait les lèvres. J'avais besoin de parler, de détourner mon esprit de la douleur qui persistait dans tout mon corps.

« Je ne connais même pas votre nom, » dis-je doucement, espérant qu'il s'arrêterait un instant pour discuter.

Il leva les yeux de ses instruments, surpris par ma question. Puis, avec un léger sourire, il répondit :

« Je suis le docteur Adrien Valmont. Je suis ici sur ordre du prince pour veiller personnellement à votre rétablissement. »

« Merci, docteur Valmont, » dis-je avec une sincérité qui surprit même moi-même. « Vous semblez jeune pour être le médecin royal. »

Il esquissa un sourire, amusé.

« C'est ce que tout le monde me dit. Mais j'ai consacré de nombreuses années à mes études et à ma formation. J'ai été nommé à ce poste il y a peu, c'est vrai, mais je suis ici pour veiller sur vous, comme sur toutes les personnes sous la protection du prince. »

Entre Ombre et CouronneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant