Chapitre 11

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Le prince se tenait dans l'encadrement de la porte, un contraste saisissant avec l'enfer qui m'entourait. La lumière qui venait du couloir, douce et dorée, se répandit autour de lui, accentuant son allure royale. Il était là, debout, son regard perçant balayant la cellule, et chaque détail de sa présence semblait une insulte à la misère de ce lieu. Sa silhouette élancée, impeccablement vêtue, tranchait cruellement avec les murs suintants et l'odeur de pourriture qui m'entourait.

Ses vêtements, d'un bleu profond brodé d'or, semblaient capturer et renvoyer la lumière de manière presque surnaturelle. Le contraste était tel que, pendant un instant, je crus voir un mirage. Sa chevelure sombre et soyeuse tombait en vagues disciplinées autour de son visage, accentuant la froideur de ses yeux bleus, qui brillaient avec une intensité glaciale. Il était la quintessence de la beauté, de la grandeur, une vision spectaculaire dans cet endroit qui, par comparaison, semblait plus lugubre que jamais.

Autour de moi, les murs humides de la cellule semblaient encore plus étroits, plus sombres, plus répugnants en présence de cette figure de pouvoir et de majesté. Le sol couvert de paille sale, les chaînes rouillées accrochées aux murs, et le lit de fortune sur lequel j'avais passé des nuits interminables étaient un décor misérable face à l'opulence et à la prestance du prince. Il appartenait à un autre monde, un monde où les parfums délicats remplaçaient les relents de moisissure, où la lumière et le luxe régnaient en maîtres.

Il s'avança d'un pas, sa démarche lente et assurée, tandis que le bruit de ses bottes résonnait sinistrement contre les pierres froides du sol. À chaque mouvement, sa prestance effaçait un peu plus l'obscurité de ma cellule, me rappelant brutalement ma condition de captive. J'étais en lambeaux, affaiblie, sale, un contraste vivant à sa perfection étincelante. Mon regard, d'abord figé sur lui, descendit lentement jusqu'à mes mains sales et mes vêtements déchirés. La honte et la rage se disputaient en moi.

Quand il s'arrêta finalement à quelques pas de moi, le silence se fit plus oppressant encore. Il me fixait de ce regard perçant, chargé de l'assurance de quelqu'un qui sait que tout lui appartient, même la vie des autres. Je ne pouvais détourner les yeux, happée par cette présence écrasante, par cette aura qui semblait aspirer toute la lumière de cette pièce moribonde.

Le prince, dans toute sa splendeur, au milieu de cette cellule délabrée, incarnait tout ce que je détestais et désirais à la fois : la puissance, la liberté, le contrôle absolu. Et moi, je n'étais qu'une ombre à ses pieds, une prisonnière dont l'existence ne tenait plus qu'à un fil... le fil qu'il tenait entre ses doigts royaux.

Le silence pesait lourdement dans la cellule, seulement brisé par le bruit des gouttes d'eau s'écrasant sur le sol froid et humide. Mon cœur battait à tout rompre, mais je ne pouvais me résoudre à détourner le regard. Il était si proche, et pourtant si éloigné.

Je ne pus retenir la question qui brûlait mes lèvres, transperçant l'air avec une audace que je ne pensais plus avoir. "Que faites-vous là?" demandai-je, ma voix résonnant étrangement dans cet espace restreint.

Un sourire amusé, teinté de mépris, se dessina sur les lèvres du prince. Ses yeux, d'un bleu glacial, se fixèrent sur moi avec une intensité presque insupportable. "Vous persistez dans votre insolence," répondit-il d'une voix basse et contrôlée, chaque mot semblant peser comme une menace implicite.

Je sentis une vague de défi monter en moi, une lueur de rébellion qui ne s'était jamais totalement éteinte malgré les jours d'enfermement. "Ai-je quelque chose à perdre?" rétorquai-je, mon regard défiant accroché au sien.

Un silence pesant s'installa, et l'expression du prince se durcit légèrement. Ses yeux devinrent deux puits de froideur insondable, et il avança d'un pas, réduisant encore la distance entre nous. "Votre liberté," murmura-t-il enfin, ses mots tranchants comme la lame d'un couteau.

Entre Ombre et CouronneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant