Entre Ombre et Couronne

Chapitre 7

Je quittai la salle à manger en silence, encore troublée par ce qui venait de se passer. Mon cœur battait la chamade, comme si je venais de courir des kilomètres, et chaque pas résonnait dans les longs couloirs sombres du château. L'obscurité, habituellement apaisante, me semblait cette fois plus oppressante, comme si les murs mêmes retenaient leur souffle après l'étrange rencontre avec le prince.

Pourquoi ce simple "Vous pouvez aller dormir" me hantait-il ainsi ? Pourquoi son regard perçant et la proximité suffocante de son corps éveillaient-ils en moi une telle confusion ? Je ne pouvais m'empêcher de repasser la scène en boucle dans mon esprit, tentant de comprendre ce qui s'était réellement passé entre nous. Avais-je imaginé cette tension ? Était-ce simplement de la peur, ou quelque chose de plus complexe, de plus profond ?

Je secouai la tête, tentant de me débarrasser de ces pensées qui ne faisaient qu'alourdir mon esprit déjà épuisé. Il était essentiel de rester concentrée, de garder à l'esprit pourquoi j'étais ici. Ce château n'était qu'une étape, un lieu où je devais apprendre à survivre, pas un endroit où je pouvais me permettre de me perdre dans des réflexions inutiles sur un prince qui se plaisait à me tourmenter.

En arrivant devant la porte de ma chambre, je pris une grande inspiration. La lumière filtrant sous la porte était faible, signe que mes colocataires dormaient déjà. Un soulagement immense m'envahit ; je n'avais aucune envie de croiser leurs regards ou de subir leurs remarques désobligeantes après cette nuit étrange.

J'entrai doucement dans la pièce, prenant soin de ne pas faire de bruit. Leurs respirations profondes me confirmèrent qu'elles dormaient profondément. Je me glissai sous les couvertures, retenant un soupir de fatigue. Pourtant, malgré l'épuisement, je savais que le sommeil mettrait du temps à venir.

Allongée dans l'obscurité, je me concentrai sur les bruits lointains du château, cherchant un apaisement dans leur constance. Mais l'image du prince restait ancrée dans mon esprit, son souffle presque perceptible près de mon oreille. Je fermai les yeux, tentant de chasser cette pensée une dernière fois avant de sombrer enfin dans un sommeil agité, peuplé de rêves confus où se mêlaient ombres et murmures.

Au matin, je me réveillai avec une sensation étrange, comme si quelque chose d'inexplicable avait changé en moi durant la nuit. Pourtant, je n'avais ni le temps ni l'envie de m'attarder sur ces émotions perturbantes. Il me fallait me lever, me préparer et faire face à une nouvelle journée de formation sous l'œil scrutateur de Hernando. Mon esprit n'était plus aussi clair, mais je devais me concentrer sur l'essentiel : rester à ma place, éviter les ennuis, et surtout, éviter le prince.

Dès le lendemain de la confrontation nocturne entre le prince et moi, Hernando m'informa que la famille royale avait quitté le palais pour un mois et que je devrais en profiter pour me perfectionner. Ses mots me frappèrent comme une bouffée d'air frais, une occasion inespérée de me concentrer sur mon apprentissage sans la pression constante de la présence du prince. Pourtant, une part de moi restait sur le qui-vive, consciente que ce répit n'était que temporaire.

Les jours qui suivirent furent intensifs. Hernando prit soin de m'enseigner avec minutie chaque aspect de mes futures responsabilités. Il était exigeant, et il ne laissait rien passer. Chaque jour, il m'avait poussée à mes limites, me forçant à maîtriser chaque détail que ce soit le service en salle, le dressage des tables ou les préparations en cuisine, il s'assura que je sois capable d'assumer n'importe quel poste avec compétence, et de respecter les protocoles royaux. Chaque geste, chaque détail avait son importance, et je me laissais absorber par ce nouvel apprentissage, repoussant les souvenirs troublants de ma rencontre avec le prince au plus profond de moi. Mais, malgré la difficulté, je sentais que j'avais grandi, que je m'étais endurcie.