Chapitre 29

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Je suivis le prince en silence, les pas feutrés sur le sol de la dépendance résonnant doucement dans le couloir. Derrière nous, la porte du salon se referma, coupant net les murmures étouffés des filles. Mon cœur battait encore à tout rompre, mais je m'efforçais de garder une allure calme et assurée. Ce que je venais de vivre, cette confrontation avec Erica et les autres, m'avait laissé un goût amer. Pourtant, je savais que ce n'était que le début. Le prince m'avait sortie de ce guêpier, mais je n'ignorais pas que son intervention avait probablement amplifié la haine que les autres ressentaient pour moi.

Nous arrivâmes dans une petite pièce attenante que je n'avais jamais remarquée. Le prince referma la porte derrière nous, créant une atmosphère presque intime, bien loin de la froideur habituelle du château. Il s'appuya contre le bureau qui trônait au centre de la pièce, croisant les bras, ses yeux d'un bleu perçant rivés sur moi. Je sentais son regard me scruter, essayer de percer mes pensées, de lire au-delà de mes apparences.

« Vous devez apprendre à vous défendre, Haydé, » dit-il finalement, sa voix douce mais ferme. « Vous êtes intelligente, mais ici, cela ne suffit pas. Ces filles ne vous laisseront pas de répit. Elles sont prêtes à tout pour vous écraser, pour prendre l'avantage. »

Je soutins son regard, refusant de montrer la moindre faiblesse. « Je n'ai jamais cherché à les provoquer, Votre Altesse. Mais je ne les laisserai pas me détruire pour autant. »

Un sourire effleura ses lèvres, amusé par ma détermination. « Je n'en attendais pas moins de vous. Mais sachez que chaque action ici a ses conséquences. En restant plus longtemps avec moi, vous avez éveillé leur jalousie. Et je crains que cela ne fasse qu'empirer. »

Il se redressa, faisant un pas vers moi, réduisant la distance qui nous séparait. Mon souffle se bloqua un instant, mais je ne bougeai pas. « Pourquoi m'avoir gardée si longtemps, alors ? » demandai-je doucement. « Pourquoi me mettre dans une telle situation ? »

Il y eut un bref silence, pendant lequel je crus déceler une lueur de malice dans ses yeux. « Parce que j'avais besoin de voir comment vous réagiriez, Haydé. Comment vous vous débrouilleriez face à elles, face à la pression. Vous êtes en compétition, ne l'oubliez pas. Chaque détail compte. »

Mon estomac se noua. Alors, tout cela n'était qu'un test ? Une manière pour lui de mesurer ma résistance, ma capacité à encaisser les coups ? Je serrai les poings discrètement, m'efforçant de contenir ma colère. « Vous jouez avec nous comme avec des pions, » murmurai-je, plus pour moi-même que pour lui.

Le prince esquissa un sourire, mais il n'y avait aucune chaleur dans ce dernier. « Peut-être. Mais c'est le jeu, Haydé. Un jeu auquel vous avez choisi de participer. »

Je le regardai droit dans les yeux, sentant une vague de défi monter en moi. « Je n'ai pas choisi de participer. J'ai été sélectionnée. Il y a une différence. »

Il resta silencieux, son sourire s'estompant légèrement. « Vous avez raison, » concéda-t-il enfin, son ton devenant plus sérieux. « Mais maintenant que vous êtes ici, vous devez jouer pour gagner. Sinon, vous serez balayée. »

Je déglutis difficilement, réalisant que, malgré tout, il avait raison. Je devais m'adapter, me battre pour ma place. C'était un jeu dangereux, et je ne pouvais me permettre de perdre. Mais je savais aussi que je ne laisserais personne, pas même le prince, décider de mon sort sans que je me batte.

Il fit un pas en arrière, rompant la tension qui s'était installée entre nous. « Retournez auprès des autres, » dit-il doucement. « Montrez-leur que vous êtes plus forte qu'elles ne le pensent. »

Je hochai la tête, puis me tournai pour partir. Avant de franchir la porte, je m'arrêtai, osant une dernière question : « Pourquoi moi, parmi tant d'autres, Votre Altesse ? Pourquoi m'avoir choisi, moi ? »

Entre Ombre et CouronneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant