Toutes les sélectionnées étaient à présent réunies dans le salon, et l'atmosphère était presque étouffante sous l'éclat de la beauté du prince. Sa présence imposante semblait absorber toute l'attention, comme une étoile solitaire dans une nuit sans lune. Je pouvais voir l'admiration, presque la vénération, briller dans les yeux des autres femmes. Elles étaient comme des cerfs pris dans les phares d'une voiture, pétrifiées par son charisme et sa prestance.
Lorsqu'il prit la parole, un silence solennel s'installa, comme si chacune des femmes retenait son souffle pour ne rien manquer de ce qu'il allait dire. Je ne pouvais m'empêcher de sourire intérieurement en les observant, fascinées, suspendues à ses lèvres. Pour une fois, ce n'était pas moi qui me sentais manipulée, vulnérable sous son regard. Ce pouvoir qu'il exerçait sur elles, je le connaissais trop bien, et aujourd'hui, j'en étais témoin avec un certain détachement, presque amusée de voir que je n'étais pas la seule à succomber à son charme redoutable.
Et ça l'amusait lui aussi beaucoup trop, son sourire narquois ne quittant pas ses lèvres. Il commença par expliquer les règles de la sélection, les énonçant une à une avec une clarté tranchante. Il était évident que le moindre écart ne serait pas toléré. "Si l'une d'entre vous ne respecte pas les règles," déclara-t-il avec une froideur calculée, "elle sera immédiatement éliminée."
Il poursuivit en détaillant le déroulement de la sélection : chaque semaine, deux d'entre nous seraient éliminées, peut-être plus si le prince le jugeait nécessaire. Celles qui ne démontreraient pas les capacités requises pour devenir princesse et pour se tenir à ses côtés seraient renvoyées sans autre forme de procès. Son ton ne laissait place à aucune ambiguïté : ce serait une compétition impitoyable, où seules les plus aptes survivraient.
Chaque jour, nous serions accompagnées par un expert en élégance, raffinement, et protocole royal, qui nous enseignerait tous les fondamentaux nécessaires pour incarner le rôle de princesse.
Je jetai un coup d'œil aux autres femmes dans la pièce. La tension était palpable, et je pouvais sentir leur nervosité, cachée sous des sourires polis et des regards qui tentaient de dissimuler leur anxiété. Le prince avait parfaitement orchestré ce moment, et il savourait visiblement chaque seconde de notre malaise.
Tandis que le prince énonçait les règles avec une précision implacable, je sentis un mélange étrange d'émotions m'envahir. Mon cœur battait plus vite, chaque mot qu'il prononçait faisant résonner en moi une tension sourde. C'était comme si un piège se refermait lentement, inéluctablement, autour de nous toutes, et je ne pouvais m'empêcher de penser que j'en étais la proie principale.
J'observais les autres femmes, et un sentiment d'isolement s'insinuait en moi. Je ne me reconnaissais pas dans leurs regards pleins de convoitise et d'admiration pour le prince. Moi, je ne voyais pas un homme à conquérir, mais un ennemi à déjouer. Pourtant, malgré cette conviction, une part de moi était troublée, déstabilisée par sa présence et par l'attention qu'il me portait. Ce jeu de pouvoir dans lequel il m'avait embarquée, je n'en connaissais toujours pas les règles, et cela me terrifiait autant que cela m'énervait.
Une colère sourde bouillonnait sous la surface, mêlée à une confusion que je n'arrivais pas à dissiper. Le prince jouait avec mes nerfs, avec mon esprit, et je détestais le fait que, malgré tout, il parvenait encore à me faire douter. Était-ce un test de plus, une ultime épreuve pour m'humilier devant ces autres femmes ? Et si je me trompais sur ses intentions ? Je me sentais comme un navire perdu en pleine tempête, sans ancre pour m'accrocher à la réalité.
En même temps, il y avait cette étrange excitation, un frisson d'anticipation que je n'avais pas ressenti depuis longtemps. Peut-être était-ce l'idée de se mesurer aux autres, de montrer que je valais plus que ce qu'elles pouvaient imaginer, ou peut-être était-ce simplement l'adrénaline du défi, l'envie de survivre, de gagner contre toutes les probabilités.
Mais cette excitation était teintée de peur, une peur viscérale qui se mêlait à ma solitude. Je savais que, malgré les apparences, j'étais seule dans cette lutte. Hernando et Élara, mes seuls soutiens, ne pouvaient pas m'aider ici. C'était à moi de naviguer dans ce labyrinthe de ruses et de manipulations, avec seulement mon instinct pour me guider.
Le prince finit par annoncer la répartition des chambres, et je me sentis aspirée par l'atmosphère pesante de la pièce. Les regards se tournaient déjà vers lui avec une attention fébrile, tandis que moi, je ne pouvais m'empêcher de le fixer, essayant de déchiffrer ses intentions cachées derrière ce masque de beauté et de pouvoir. L'angoisse continuait de grandir en moi, mais une détermination naissait également. Je savais que, quelle que soit l'issue, je ne devais pas céder. Pas maintenant. Pas ici.
La répartition des chambres fut annoncée, je partageais la mienne avec Charline et une autre fille, une petite brune aux cheveux bouclés. Cette dernière avait complètement perdu pied en apercevant le prince plus tôt dans la soirée, ses joues rougies par l'émotion, ses mains tremblantes.
Je ressentis un certain soulagement à l'idée de partager cet espace clos avec Charline, quelqu'un en qui j'avais une confiance relative. Sa présence apportait une note de réconfort dans ce jeu cruel et tordu où les alliances étaient aussi fragiles qu'éphémères. Cependant, cette autre fille, dont je ne connaissais même pas le nom, ajoutait une touche d'incertitude.
En entrant dans la chambre, je remarquai tout de suite l'austérité de l'endroit. Il n'y avait que trois lits, une petite armoire commune, et une fenêtre étroite qui laissait à peine entrer la lumière du jour. Les murs, d'un blanc froid, ne portaient aucune décoration, renforçant l'idée que nous étions ici en tant que concurrentes, pas en tant qu'invitées. C'était un contraste frappant avec le faste du reste du château, et cela me rappela brusquement que, même si nous étions au cœur de la royauté, nous n'en faisions toujours pas partie.
Charline déposa sa valise près du lit du fond et m'adressa un sourire réconfortant. Je répondis faiblement, essayant de calmer la tension qui montait en moi. La petite brune, quant à elle, s'était déjà assise sur son lit, regardant fixement ses mains, encore visiblement secouée par l'émotion de la soirée. Je me demandais ce qu'elle pensait de tout ça, si elle aussi voyait derrière le charme du prince un danger bien plus grand.
Je pris une profonde inspiration en m'asseyant sur mon propre lit, essayant de mettre de l'ordre dans mes pensées. Il allait falloir que je sois prudente, que je reste sur mes gardes. Je ne savais pas qui était vraiment cette fille aux cheveux bouclés, ni quelles étaient ses intentions. Charline, bien que proche, n'était pas non plus à l'abri des manipulations du prince. Ici, nous étions toutes des pions sur un échiquier, prêtes à être sacrifiées à tout moment.
Alors que la nuit tombait et que la chambre se plongeait peu à peu dans l'obscurité, je m'allongeai, tentant de trouver un peu de calme. Mais malgré mes efforts, l'anxiété ne cessait de croître, nourrie par l'incertitude et la peur de ce qui nous attendait dans les jours à venir. Je savais que le vrai jeu ne faisait que commencer, et qu'à tout moment, tout pouvait basculer.
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Entre Ombre et Couronne
Teen FictionHaydé, une jeune femme du peuple, se voit contrainte de remplacer son père au Palais Royal. En entrant dans l'univers fastueux mais impitoyable de la cour, elle rencontre le prince Ivan Leister, un homme connu pour sa dureté et son caractère glacial...