Le prince nous guida à travers une série de couloirs étroits que je n'avais jamais empruntés auparavant. Le château, si vaste et labyrinthique, semblait toujours receler de nouveaux secrets, et je n'avais jamais imaginé qu'il puisse y avoir encore des recoins inconnus. Nous descendîmes un escalier étroit, faiblement éclairé par des torches vacillantes, et j'avais l'impression de m'enfoncer dans les entrailles mêmes de l'édifice.
Finalement, nous arrivâmes devant une petite porte en bois, discrète et usée par le temps. Le prince l'ouvrit et nous fit entrer dans une petite dépendance cachée que je n'avais jamais vue auparavant. Le contraste avec les somptueuses pièces du château était frappant. Ici, tout était modeste, presque spartiate. Le mobilier se résumait à quelques fauteuils anciens, un grand canapé d'angle, un tapis usé et une petite cheminée où crépitait un feu réconfortant. Les murs étaient ornés de simples tapisseries, délavées par le temps, et une unique fenêtre, étroite, laissait filtrer un mince rayon de lumière.
Et là, au milieu de cette pièce modeste, se tenait Erica. Son regard sombre se posa immédiatement sur nous, ou plutôt sur moi, avec une intensité qui me glaça le sang. Elle était assise, les mains posées sur ses genoux, droite et immobile comme une statue. Son expression froide et implacable ne laissait aucun doute sur ses sentiments.
L'atmosphère était lourde, presque suffocante. Erica ne dit rien, mais son silence était plus éloquent que n'importe quelle parole. Chaque détail de cette scène me semblait calculé, comme un piège invisible qui se refermait lentement sur moi.
Je sentis mon cœur se serrer, tandis que mes pensées se bousculaient. Pourquoi nous avait-il amenées ici, dans ce lieu si éloigné des regards indiscrets ? Quel rôle Erica allait-elle jouer dans tout cela ? Les questions se pressaient dans mon esprit, mais je n'osais pas les formuler à voix haute.
Le prince referma la porte derrière nous, son expression impassible. Je savais que ce qui se préparait ici n'était pas anodin, et que chaque instant comptait dans cette partie d'échecs où chaque coup pouvait s'avérer décisif.
Le prince s'avança dans la petite pièce, son regard balayant l'assemblée. Erica ne bougeait toujours pas, mais son expression devint encore plus dure, si cela était possible.
"Cette dépendance," commença-t-il d'une voix calme mais ferme, "comporte cinq chambres à l'étage. Chaque chambre accueillera trois des sélectionnées."
Il marqua une pause, laissant ses mots s'imprimer dans nos esprits. Je sentais déjà l'appréhension grandir en moi. L'idée de partager une chambre avec deux autres filles, dont peut-être Erica, me nouait l'estomac.
"Nous attendons les autres," poursuivit-il, "pour procéder à un tirage au sort. Cela déterminera qui dormira avec qui."
Son ton était neutre, comme s'il s'agissait d'une simple formalité. Mais je savais qu'il n'en était rien. Ce tirage allait définir bien plus que nos simples colocataires pour les semaines à venir. Dans ce contexte de compétition, chaque détail avait son importance, et les alliances ou inimitiés qui en découleraient pouvaient tout changer.
Erica esquissa un léger mouvement, croisant les bras sur sa poitrine. Ses yeux noirs me transperçaient, cherchant peut-être à lire en moi une quelconque faiblesse. Je soutins son regard aussi longtemps que je le pouvais, mais finalement, je dus détourner les yeux, sentant une sueur froide couler le long de ma colonne vertébrale.
Le prince s'avança vers la cheminée, posant une main sur le manteau de pierre. Le silence qui régnait dans la pièce n'était brisé que par le crépitement des flammes. Je jetai un coup d'œil furtif à Erica, tentant de deviner ses pensées, mais son visage restait impénétrable.
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Entre Ombre et Couronne
Fiksi RemajaHaydé, une jeune femme du peuple, se voit contrainte de remplacer son père au Palais Royal. En entrant dans l'univers fastueux mais impitoyable de la cour, elle rencontre le prince Ivan Leister, un homme connu pour sa dureté et son caractère glacial...