Lorsque je repris lentement conscience, ce fut d'abord une sensation étrange, presque irréelle. Le monde autour de moi n'était qu'un vide sombre, un abîme d'obscurité où rien ne semblait exister, ni le temps ni l'espace. Mais, peu à peu, une réalité bien plus tangible me ramena brutalement à moi. Le froid. Un froid glacial, pénétrant, d'une cruauté insidieuse, commença à se faufiler à travers mon être. Il n'était pas seulement une absence de chaleur ; il était une présence vivante, malveillante, qui me saisissait, me mordait, m'envahissait de toutes parts.
Je ne pouvais pas bouger, pas encore. Mais je pouvais sentir. Et ce que je sentais, c'était ce froid impitoyable qui s'insinuait dans chaque pore de ma peau, chaque fibre de mon corps. Il semblait sournois, presque rusé, comme s'il cherchait à s'ancrer en moi, à éteindre ce qu'il restait de vie, à geler jusqu'à mes os. J'étais allongée sur quelque chose de mou, de légèrement humide, mais il me fallut un moment pour comprendre que c'était de la neige. De la neige froide, humide, qui fondait lentement sous la chaleur de mon corps, m'imprégnant de cette froideur insupportable. Je ne sentais plus mes doigts, mes orteils, et même mon visage semblait s'effacer sous l'assaut continu du gel.
Chaque souffle que je prenais était une torture, une lame glacée qui se glissait dans ma gorge, dans mes poumons, et ressortait en un souffle rauque. L'air était si glacial qu'il me brûlait, un contraste cruel entre ce froid mordant et cette sensation de brûlure qui n'apportait aucun réconfort. Je pouvais presque entendre le silence assourdissant de cet endroit, un silence si dense qu'il paraissait complice du froid, comme si les deux se liguaient pour m'écraser.
Je voulais ouvrir les yeux, bouger, m'arracher à cette emprise, mais mon corps était comme figé, engourdi par cette froidure qui s'insinuait toujours plus profondément. Même mes pensées semblaient ralentir, s'enliser dans ce néant glacé. C'était comme si le froid cherchait à m'anesthésier, à m'engloutir dans son emprise, à éteindre la moindre étincelle de vie en moi. J'étais là, quelque part dehors, perdue dans cette immensité glacée, seule avec ce froid implacable qui semblait être devenu l'unique réalité, la seule vérité.
Le froid me tenait toujours en son emprise quand, après ce qui sembla une éternité, une autre sensation émergea des profondeurs de ma conscience : la douleur. Un mal sourd, omniprésent, comme une marée montante qui engloutissait tout sur son passage. La première vague de douleur jaillit de mes yeux, enflés et pulsant, si gonflés que je ne pouvais les ouvrir. Chaque tentative de les entrouvrir m'envoyait un éclat de douleur si intense que je dus abandonner, les laisser scellés, emprisonnés dans leur propre souffrance.
Mais ce n'était qu'un début. Rapidement, cette douleur se propagea à travers mon corps, comme un incendie incontrôlable. Je sentais mes côtes, chaque respiration devenant un supplice, mes poumons se comprimant sous l'effort. Mes membres étaient engourdis, mais sous cet engourdissement se trouvait une souffrance plus profonde, lancinante, comme si mes os eux-mêmes avaient été brisés, fracassés sous des coups répétés. La peau de mon dos, de mes bras, semblait tendre, meurtrie, chaque centimètre une mosaïque de bleus et de contusions.
Quand je tentai de bouger, ne serait-ce que d'un millimètre, une nouvelle vague de douleur me submergea. C'était comme si une lame tranchante s'enfonçait dans mes muscles, se logeait dans mes articulations. Mais ce n'était pas tout. À cet instant, une décharge électrique traversa mon corps, fulgurante, brutale. Elle parcourut ma colonne vertébrale, irradia dans mes nerfs, me foudroyant sur place. C'était un choc implacable, une vague de souffrance électrique qui crispait mes muscles, arquait mon dos malgré moi, faisait trembler mes mains sans contrôle. Cette douleur était totale, une agonie brûlante qui se propageait dans mes veines, me laissant haletante, défaite, incapable de résister.
Chaque coup que j'avais reçu semblait avoir laissé une empreinte dans ma chair, un souvenir douloureux gravé dans mes os. Mes bras et mes jambes me paraissaient inutiles, transformés en masses de douleur vive, sans force, sans énergie. Même respirer me faisait mal, comme si chaque inspiration faisait craquer mes côtes, étirer ma peau meurtrie. Mon corps tout entier était devenu un champ de bataille, un amas de chair battue, un livre ouvert sur lequel chaque coup avait inscrit sa propre histoire de souffrance. Et au-dessus de tout cela, le froid continuait de me ronger, se mêlant à la douleur pour ne former qu'un tout, inextricable et implacable.
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Entre Ombre et Couronne
Ficção AdolescenteHaydé, une jeune femme du peuple, se voit contrainte de remplacer son père au Palais Royal. En entrant dans l'univers fastueux mais impitoyable de la cour, elle rencontre le prince Ivan Leister, un homme connu pour sa dureté et son caractère glacial...