Entre Ambitions Et Désirs

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Song : Alien Blues - Vundabar

Gabriel:

La fatigue se fait de plus en plus ressentir, chaque muscle de mon corps me rappelle les heures de sommeil manquées, les jours sans répit. Mais je n'ai pas le luxe de me laisser aller ce soir. C'est l'un des derniers débats face à Jordan Bardella, et je compte bien le remporter. L'enjeu est de taille : assurer ma place de Premier ministre et montrer à tous que je suis le meilleur candidat pour mener le pays.

Dès les premières minutes, la tension est palpable. Les échanges sont vifs, les arguments fusent, se répètent, et nos voix se chevauchent. La politesse feutrée des débuts laisse place à une confrontation plus directe, plus rude. Pourtant, malgré cette rivalité, une autre forme d'énergie circule entre nous, quelque chose d'inattendu. Une sorte de complicité étrange, presque imperceptible, se développe au fil du débat.

Nos regards se croisent plus souvent que je ne le pensais, des sourires furtifs s'échappent, comme si, malgré la bataille, il y avait un jeu en cours, un défi implicite entre nous. Chaque coup porté, chaque interruption, semble nous rapprocher davantage de cette frontière floue entre adversité et fascination.

Jordan continue de marteler ses arguments, centrés, comme toujours, sur l'immigration. C'est son cheval de bataille, son thème de prédilection. Mais ce soir, cela commence à m'irriter. La répétition de ses propos me semble de plus en plus prévisible, presque mécanique.

« Bon, Monsieur Bardella, pourriez-vous arrêter, à chaque argument, de faire sujet-verbe-immigration ? Cela commence à être pénible, à croire que votre seul argument pour tous les thèmes est l'immigration. »

Ma remarque est sèche, mais elle exprime une frustration réelle. Je m'attends à une réaction tendue, à une riposte immédiate, mais ce qui suit me surprend. Jordan me lance un regard perçant, mais ce n'est pas seulement de l'agacement que j'y lis. Il y a quelque chose d'autre, une lueur de défi, mais aussi un éclat joueur. Ce regard, c'est comme un clin d'œil invisible, une reconnaissance tacite du jeu auquel nous sommes en train de participer.

Il laisse passer un instant, savourant sans doute l'effet de ma remarque, puis il esquisse un léger sourire, à peine perceptible pour le public, mais assez évident pour moi. Ce sourire me déstabilise plus que je ne voudrais l'admettre. Il y a dans ses yeux une intensité qui me perturbe, une connexion que je n'avais pas anticipée.

Il reprend la parole, son ton légèrement modifié, comme s'il acceptait le défi que je lui ai lancé. Le débat continue, mais cette fois, il y a une autre dimension, un autre niveau de compréhension entre nous. Les mots fusent, les idées s'entrechoquent, mais cette tension entre nous, cette étrange alchimie, ne fait que grandir.

À chaque échange, je sens cette dualité entre nous se renforcer : l'opposition politique et une attirance presque magnétique. Un tiraillement entre la volonté de gagner et une curiosité grandissante pour cet homme en face de moi, qui sait si bien manier les mots et les regards.

La fatigue s'évanouit peu à peu, remplacée par une adrénaline nouvelle, par cette étrange excitation qui monte. Ce soir, le débat ne se joue plus seulement sur les idées, mais aussi sur ce lien inattendu, cette tension qui pourrait tout chang